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Wellington | Fabrique urbaine

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L'urbanisme en pratique

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URBS+ : Abréviation d’urbanisme, mais quand même un peu plus. Une revue hebdomadaire d’ouvrages et d’œuvres avec comme point commun un intérêt pour l’univers urbain, qui est aussi l’univers ultime de l’être humain.

Les règles font la ville

February 15, 2021 John Voisine
City Rules City Rules City Rules City Rules

City Rules—How Regulations Affect Urban Form. Emily Talen (Foreword by Andrés Duany), Island Press, 2012, 256 p. [lu en format e-book sur Kindle]

Il est toujours troublant de constater à quel point le meilleur de nos milieux urbains date d’avant l’époque du zonage basé sur l’usage et des aménagements conçus avec la fluidité de l’automobile comme seule priorité. Mais pour mieux comprendre, il faut se replacer aux origines de la codification de cette nouvelle armature réglementaire. Ainsi, de bons principes en bonnes actions de bonne foi, on en est arrivé à introduire des exigences d’aménagements, de séparation des usages, de densité et d’occupation du sol qui ont fini par laisser de vastes vides dans la ville. Avec le temps, l’idée même qu’il était possible et souhaitable d’encadrer l’espace urbain selon différentes échelles s’est perdue.

L’historique et la dynamique de cette lente et inextricable perte de définition attribuable aux différents niveaux et types de réglementation urbaine nous est magnifiquement racontés dans cet ouvrage d’Emily Talen. Il est maintenant généralement accepté que la meilleure morphologie urbaine pour offrir des environnements propices à un développement durable est celle ayant évolué avant 1945, donc avant nos décisions de subventionner l’économie et les entreprise axée autour de la logique automobile. Comme pour tout mouvement lent et quasi imperceptible, il faut aller chercher avant cela, dans l’Allemagne post-industrielle, et dans nos propres villes, où l’entassement, l’insalubrité et la pauvreté étaient autant de causes légitimes pour réglementer et ainsi, espérions-nous, progressivement améliorer la condition humaine. La réglementation municipale allait donc être calibrée pour assurer que ces fléaux ne puissent plus se manifester au grand jour ; le tout dégagé par de larges et fluides voies de circulation, autant que faire se peut.

Déjà au début des années 1960, l’impossibilité de faire évoluer l’espace urbain de façon à maintenir un cadre bâti défini était constatée, et le rôle pervers de la nouvelle logique réglementaire bien noté. Nous en sommes rendus à une période charnière, où le régime réglementaire existant a pleinement mûri ses fruits amers et nous nous devons maintenant de recentrer nos priorités. L’auteure fait quelques propositions à cette fin, comme les codes de performance (plus de flexibilité) ou basés sur la forme (plus de prévisibilité). On y revient la semaine prochaine.

Sur les traces de City Rules

C’est difficile de dire où je suis pour la première fois rentré en contact avec ce livre d’Emily Talen, puisque je suis un admirateur de ses travaux depuis avant mon entrée dans la profession. Son œuvre, la portée de sa recherche, de ses écrits, et son implication dans l’APA font d’elle un des noms auxquels qu’on revisite toujours quand vient le temps de faire progresser nos conceptions de l’urbanisme contemporain. Son dernier ouvrage est une exploration de la notion de quartier.

Comme on pouvait s’y attendre d’une auteure de son calibre, la bibliographie ne déçoit pas. Je vais mentionner ici quelques incontournables et des découvertes pour suivre le cheminement intellectuel et conceptuel proposé par Madame Talen. Un ouvrage que j’ai dévoré dès sa sortie, il y a plus de 10 ans, et qui demeure plus que jamais d’actualité, The Option of Urbanism—Investing in a New American Dream; ou comment investir franchement dans un avenir urbain.

Pour poursuivre la réflexion sur l’impact de la régulation et du zonage sur notre environnement urbain, on ira lire The Code of the City—Standards and the Hidden Language of Place Making. Un autre ouvrage qui aborde franchement la question, mais cette fois avec, semble-t-il, une emphase sur les solutions à l’intérieur du système, A Better Way to Zone—Ten Principles to Create More Livable Cities. Deux titres qui sont maintenant sur ma liste. Pour illustrer qu’il est extrêmement difficile de se sortir de la logique réglementaire, même dans les zones urbaines qui s’en proclament exclues et qui prétendent laisser libre cours au marché (Houston, looking at you), How Overregulation Creates Sprawl (Even in a City Without Zoning). Un article classique, « oldie, but goodie », pour mettre fin, une fois pour toutes, à la croyance que le « marché » préfère et conduit à l’étalement urbain. Non, nous en sommes responsables.

Pour ceux qui aimerait explorer les questions de formes urbaines, leurs transformations et comment régénérer le meilleur, du bien connu Christopher Alexander, A New Theory of Urban Design et de Brenda Case Sheer, The Evolution of Urban Form—Typology for Planners and Architects. Un jour, les lire.

Je m’en voudrais de finir sans aborder mon « pet peeve » : le stationnement minimum requis pour toutes formes de construction. Si, du jour au lendemain, on faisait l’inversion suivante : stationnement minimum requis pour stationnement maximum permis, nos villes seraient radicalement transformées, pour le mieux. Cette idée, si simple, mais si radicale, nous la devons à Donald Shoup et son ouvrage fondamental, The High Cost of Free Parking—Updated Edition (!) J’avais manqué qu’il y avait un « updated edition ». On y reviendra alors.

Tags City Rules, Emily Talen, Zonage, Urban Form, Urban Planning

Zoned Out

February 8, 2021 John Voisine
Zoned Out Zoned Out Zoned Out Zoned Out

Zoned Out—Regulation, Markets, and Choises in Transportation and Metropolitan Land-Use. Jonathan Levine, RFP Press [Routledge, Taylor & Francis Group], 2006, 224 pages [lu sur Kindle]

Tout le monde sait que le développement courant, celui responsable de l’étalement urbain, de la congestion, de la pollution de l’air et de l’eau, des îlots de chaleur, ultimement un contributeur majeur au changement climatique, est la résultante des lois du marché ayant laissé libre cours aux préférences des citoyens. Tout le monde sait que les gens favorisent la vie en grosse unifamiliale, le plus loin possible de la ville, et relier à celle-ci par le plus vaste réseau d’autoroutes possibles. Et c’est justement ce que le libre marché immobilier fournit, point à la ligne et fin du débat.

Non ! Ce marché qui ne fait que répondre aux préférences en logement (la maison unifamiliale avec 1-2-3 gros garages situés dans un champ bucolique avec la répliques de quelques centaines de ses semblables) et en étalement sur toute la métropole (et au-delà) est en réalité un mythe, structuré et entretenu par un lourd échafaudage réglementaire et législatif. Ce marché, si fortement réglementé (zonage limitatif et restrictif, transport orienté auto-solo et subventionné, etc.) fait tellement partie de notre ordinaire urbain qu’il est rendu invisible, la norme. Toute tentative d’amoindrir les effets perverts de cette caricature de libre marché, comme le seraient les alternatives tel que le nouvel urbanisme, le développement orienté vers les centres urbains et le transport en commun, ou plus généralement toute forme de « Smart Growth », doit s’appuyer sur des « preuves » de leurs contributions positives à l’espace urbain. Ceci est parce que nous nous croyons déjà être en marché immobilier libre, répondant « naturellement » aux besoins de tous. Ceci n’est clairement pas le cas, et le fardeau de cette preuve devrait être renversé.

En réalité, comme l’illustre magistralement Jonathan Levine dans cet ouvrage, notre réalité urbaine est très lourdement déformée et rendue dysfonctionnelle par le zonage traditionnel, mais cette condition absurde a fini par tenir lieu de marché libre et raisonné. L’ironie est donc que l’urbanité actuelle s’avérera très difficile à modifier ; la majorité des acteurs prétendent agir comme si nous avions un authentique marché immobilier libre et flexible, offrant de véritables choix, disposés et ayant la capacité de répondre à la diversité des besoins urbains. Ce livre met un terme à cette illusion.

Sur les traces de Zoned Out

Le livre de M. Levine est paru il y a quinze ans, et je trouve surprenant parfois que ses arguments ne sont pas plus cités ou utilisés (même si cela commence à changer). Plusieurs des situations de non-viabilité économique et de difficulté de desserte en transport collectif et actif pourraient être amoindries si seulement la réglementation de zonage permettait un véritable marché immobilier libre. Mais comme cette réglementation est assimilée à la normalité du marché, rares sont les groupes corporatifs ou citoyens avec la clairvoyance ou la capacité de faire pression pour l’élimination ou l’allégement de ce fardeau capricieux et vexatoire. Pour ma part, je garde espoir et recommande cette lecture pour mieux comprendre comment nous en sommes arrivés à cette situation urbaine inutilement contraignante et restrictive.

Comme on peut s’y attendre d’un livre de 2006, plusieurs références datent déjà, mais je vais m’attarder ici à quelques ouvrages qui sont depuis devenus des classiques dans leurs genres. Je commence par l’article de 2002 ayant lancé le phénomène des smart codes, soit d’Andres Duany et Emily Talen, Making the Good Easy : The Smart Code Alternative. On notera le chemin parcouru en consultant le SmartCode Central. Ce dernier est maintenant intégré dans la notion de « transect urbain », que l’on pourra approfondir au Center for Applied Transect Studies, qui est aussi connu sous le sympathique acronyme de CATS. On y reviendra inévitablement, mais l’on peut déjà remarquer que le projet ne semble jamais avoir atteint son plein potentiel, et cela ne fait qu’illustrer le côté endémique, inextricable et pourtant invisible du zonage traditionnel.

Je termine par trois ouvrages qui se trouvent maintenant sur ma liste de lecture. Le premier est de Paul G. Lewis, Shaping Suburbia—How Political Institutions Organize Urban Development. Pour maintenant changer de focus légèrement, Our Town—Race, Housing, and the Soul of Suburbia. Il n’est jamais inintéressant de creuser toutes ces relations. Finalement, d’un auteur (Alexander Garvin) qui semble s’être fait une spécialité des façons et possibilités de redynamiser les espaces publics et les villes en général, What Makes a City Great. On y reviendra au cours de l’année.

Tags Zoned Out, Jonathan Levine, Urban Sprawl, Transportation, Land-Use

In the USA [and Canada]

February 1, 2021 John Voisine
Zoned in the USA Zoned in the USA Zoned in the USA Zoned in the USA

Zoned in the USA — The Origines and Implications of American Land-Use Regulations. Sonia A. Hirt, Cornell University Press, 256 p. [version Kindle]

Il est parfaitement ordinaire de penser que les structures légales et réglementaires qui régissent nos usages et formes urbaines sont courantes et généralement assez communes, ne serait-ce que dans l’ensemble des systèmes démocratiques occidentaux. C’est pourquoi un livre comme celui de Sonia A. Hirt peut se révéler si essentiel ; il vient nous dépouiller de nos illusions de régularité et de normalité afin d’exposer l’aberration de notre condition urbaine. Au minimum, en ce qui concerne la réalité de leurs applications sur le plan du zonage. Cela n’est pas pour dire que nous serons par la suite aisément en mesure d’apporter les changements qui s’imposent. Mais cela nous enlève un argument de poids, soit celui de la normalité de notre façon de zoner nos espaces urbains, tels qu’ils sont.

En effet, ce livre est autant un historique de la notion de zonage tel qu’inventé et appliqué en Europe (surtout par l’Allemagne et l’Angleterre) qu’une épistémologie de cette notion reprise et adaptée par les réformistes américains de l’époque progressiste. Ce que l’auteure s’attarde longuement à démontrer est justement les mutations assez radicales que les réformistes ont fait subir aux idées véritablement novatrices contenues dans la notion de zonage à l’européenne. Ces mutations se sont révélé si radicales qu’un outil comme le zonage, qui visait avant tout la cohabitation harmonieuse de la diversité des usages urbains, s’est transformé en cet outil ségrégationniste qui a fait de nos villes des agglomérations d’îlots isolés, accessibles principalement par « ponts » autoroutiers. L’auteure démontre aussi que l’Amérique du Nord est unique dans l’application d’un zonage qui codifie l’exclusivité résidentielle, mais surtout unifamiliale. Cette dernière est l’assise sur laquelle reposent les dérives toxiques de l’étalement urbain sur notre continent.

Le zonage tel qu’utilisé ici est donc unique, et ne représente en rien une compréhension raisonnée et généralisée des meilleures pratiques de zonage. Le plus rapidement nous pourrons assimiler cette découverte magistralement exposée dans l’ouvrage de Sonia A. Hirt, le plus vite nous pourrons codifier les possibilités d’un zonage qui intègre autant la pluralité des usages, des formes et de leurs localisations pour en faire de meilleurs ensembles urbains.

Sur les traces de Zoned in the USA

Ce livre fait partie d’une série d’ouvrages que je m’étais acheté afin de mieux comprendre l’histoire et les origines de notre système de zonage. Il est pratiquement impossible d’exercer cette profession sans se questionner sérieusement sur la multitude des effets pervers engendrée par le zonage ; la difficulté systémique d’un exit prochain est dramatique et en contexte de changement climatique, aura un coût économique et humain des plus tragique. En ce domaine, nous avons construit notre propre prison et la clé est depuis longtemps perdue. Dans les semaines suivantes, il sera question de 3-4 ouvrages qui mettent en lumière les limites du zonage basé exclusivement sur l’usage. Nous allons toutefois conclure sur une piste de solution possible.

L’ouvrage de Madame Hirt contient une bonne bibliographie qui m’aura permis de redécouvrir quelques classiques et de faire certaines découvertes. Dans la catégorie des classiques, il faisait plaisir de voir les livres de Spiro Kostof, mais triste qu’il n’en reste qu’un sur le marché, soit l’indispensable The City Shaped. J’avais à l’époque lu ce livre avec son compagnon, The City Assembled. Plus généralement, Kostof était connu pour A History of Architecture—Settings and Rituals, mais lui aussi semble rendu à ses derniers exemplaires. J’ai découvert un livre de Kostof grâce à la bibliographie : America by Design, mais la seule chance de se le procurer maintenant sera probablement dans un marché aux puces au Vermont.

Dans la catégorie des découvertes qui vont probablement mériter une exploration plus poussée, on trouve Bourgeois Nightmares—Suburbia 1870–1912 ; qui offre probablement d’autres pistes sur les origines du zonage exclusif. Les deux prochains livres sont mentionnés pour se rappeler que tout projet urbain est pavé de bonnes intentions. Urban Utopias in the Twentieth Century—Ebenezer Howard, Frank Lloyd Wright, Le Corbusier et Dreaming the Rational City—The Myth of American City Planning. Tout compte fait, il n’est jamais facile d’envisager et de comprendre les effets réels et à long terme des meilleurs plans.

Le dernier livre est mentionné pour son titre, simplement délicieux : Sprawl—A Compact History. Malheureusement, il est de l’école de Chicago, donc l’étalement urbain y est présenté comme naturel et inévitable. Pour ceux et celles qui veulent se confronter aux arguments improbables de cette façon de penser.

Tags Zoned in the USA, Sonia A Hirt, Land-Use, Zonage, Histoire urbaine

Le pouvoir de la couleur

January 25, 2021 John Voisine
The Color of Law The Color of Law The Color of Law

The Colors of Law - A Forgotten History of How Our Government Segregated America. Richard Rothstein, Liveright Publishing (W.W. Norton), 2017, 342 pages.

Il y a de ces livres qui ouvrent les yeux sur une situation de manière qu’on ne croyait jamais vraiment les avoir ouvert. Avant cet ouvrage de monsieur Richard Rothstein, il aurait été facile pour certains de se convaincre que la ségrégation de facto des espaces urbains était l’œuvre d’une série de gestes malheureux et piètrement considérés. On ne veut pas imaginer que ces réalités soient la résultante de lois, d’un système réglementaire ou de l’implantation de politiques planifiée. Du moins, on aurait espéré que cette armature ségrégationniste de jure se soit éteinte aux États-Unis dès 1917, avec la décision de la Cour suprême dans Buchanan v. Warley, explicitement contre le zonage discriminatoire basé sur la « race ». Ce qui est resté par la suite n’était que de la discrimination de facto, perpétué par cette frange irréductible de racistes qui est le lot de toute population, non ?

Le cumul de la recherche historique, de l’analyse factuelle et des études de cas présenté dans ce livre vient mettre un terme définitif à ce mythe de la ségrégation de facto, œuvre de quelques individus marginaux prêts à enfreindre la loi. L’auteur démontre au contraire la survivance dans le temps d’une discrimination de jure, institutionnalisée, inscrite jusque dans les lois, la réglementation administrative et municipale, dans toutes les formes de politiques d’assistances. Qu’elles soient publiques ou implantées par des institutions privées (banques, assureurs) avec l’appui d’organismes publics. La quasi-totalité des conventions de propriétaires résidentielles comportaient des clauses particulières d’exclusion de toute personne non blanche, autant pour la vente que la location. Oui, tout ceci malgré la décision Buchanan v. Warley de 1917, le plus souvent même de façon explicite, sans rien occulter, ni dans les textes, ni dans les outils. Tout ceci est la définition même du racisme institutionnalisé, et ces pratiques poursuivent leurs œuvres macabres, aujourd’hui.

Notre profession (les urbanistes) est explicitement mise en cause ; il est choquant de lire à quel point des géants aux origines de la profession (comme Hartland Bartholomew ou Frederick Law Olmsted, Jr.) sont impliqués. On vit dans un monde réglementaire qui en est l’héritier, et chacun de nos gestes devrait maintenant viser consciemment à démanteler ce système discriminatoire.

Sur les traces The Colors of Law

Dès sa sortie, en 2017, ce livre a marqué un tournant dans le domaine. Il était un de livres de l’année sur Planetizen. Je crois en avoir entendu parler pour la première fois grâce à une entrevue avec l’auteur sur Fresh Air. Une recherche sur NPR permet aussi de découvrir un vaste matériel produit autour du livre et son auteur.

Comme l’admet l’auteur dans un commentaire sur son matériel bibliographique (p. 293-94), son ouvrage repose sur les épaules de bien d’autres chercheurs ayant chacun, à sa façon, contribué un morceau de la matière sur laquelle la thèse de son ouvrage repose. M. Rothstein cite deux œuvres principales, maintenant difficiles d’accès. Dans un premier temps, de Robert Weaver (premier secrétaire de HUD), The Negro Ghetto (1948) et de James A. Kushner, Apartheid in America, un « book-length » article dans le Howard Law Journal en 1980 (numéro 22). Troisièmement, l’auteur cite un ouvrage qui a déjà été mentionné ici, Crabgrass Frontier, de Kenneth T. Jackson ; j’avais aussi été surpris du traitement exhaustif et quasi pionnier, pour l’époque (1985), réservé à cette question de la discrimination de jure dans l’espace urbain résidentiel.

Toujours d’après monsieur Rothstein, un autre ouvrage fondateur est American Apartheid—Segregation and the Making of the Underclass (1993). Maintenant pour l’histoire de la ségrégation urbaine spécifiquement dans deux villes américaines majeures, on se référera à Making the Second Ghetto—Race and Housing in Chicago, 1940–1960 (1998) et The Origins of the Urban Crisis—Race and Inequality in Postwar Detroit (1996). Un livre que l’auteur recommande maintenant pour mieux assimiler la globalité et le côté quelque peu intraitable de la discrimination de jure, de Michelle Alexander, The New Jim Crow—Mass Incarceration in the Age of Colorblindness.

En dernier lieu, deux livres qui ont piqué ma curiosité dans la bibliographie. Si l’on veut comprendre comment les programmes du New Deal américain ont été créés avec des mécanismes explicitement discriminatoires, on peut lire When Affirmative Action was White—An Untold Story of Racial Inequality in Twentieth Century America. Si l’on pensait s’en sortir moralement en blâmant exclusivement les agglomérations du sud des États-Unis, Sundown Towns—A Hidden Dimension of American Racism semble exister pour nous laver de ces illusions.

Tags The Color of Law, Richard Rothstein, Zonage, Ségrégation, de jure

Thermal Delight

January 18, 2021 John Voisine
Thermal Delight in Architecture Thermal Delight in Architecture Thermal Delight in Architecture

Thermal Delight in Architecture. Lisa Heschong, The MIT Press, 1979, 78 pages

Comment définir et caractériser les sensations thermiques de nos intérieurs ? La question confine pratiquement à l’absurde tellement ceux-ci sont de nos jours contrôlés. Ainsi, en neutralisant toute variation thermique et en imposant, par biais mécanique, des intérieurs passablement uniformes, avons-nous oublié comment laisser une place aux fluctuations naturelles d’un environnement régulé grâce à l’architecture ? Avons-nous même encore le goût et la tolérance pour des intérieurs qui pourraient s’avérer changeant sur le plan thermique ?

Dans cet opuscule d’à peine 78 pages (avec notes), Madame Heschong prend le temps de nous faire sentir et d’évoquer la richesse naturelle inhérente d’une architecture conçue et adaptée à son environnement. Le propos se situe aux niveaux allégoriques et symboliques, non au niveau constructif, et cela est pour le mieux. Comment ne pas prendre plaisir à lire un auteur du seizième siècle nous parler de la fraîcheur du microclimat généré par le jardin persan devant un bâtiment ou, à l’autre extrême, la sensation du contraste thermique offert par un sauna finlandais lorsque la température extérieure est de moins quarante degrés Celsius ? L’espace intérieur est envisagé ici autant comme milieu fermé (une pièce) ou même comme milieu extérieur (un jardin, un sauna). Le cœur du propos vise à nous reconnecter avec les plaisirs simples d’un environnement intérieur conçu et pensé en fonction de sa capacité à réagir avec souplesse aux conditions extérieures.

Le propos date d’avant l’imprégnation, dans notre conscience collective, des réalités implacables engendrées par les changements climatiques, juste avant l’apparition de ses effets dévastateurs. Il y a quelque chose d’attendrissant et de stupéfiant à lire la confiance en la capacité du solaire à transformer nos façons de vivre. Serons-nous même en mesure, avec l’avenir climatique extrême que nous devrons affronter dans les prochaines décennies, de contrôler les espaces intérieurs avec une nouvelle pensée basée sur le génie constructif passé ? Si la réponse à cette question est affirmative, la familiarité avec le large répertoire oublié des sensations thermiques que cette lecture nous redonne est certainement un des points forts de l’ouvrage. C’est aussi la raison qu’on devrait y revenir ; afin d’accepter nos espaces intérieurs avec une plus vaste palette thermique.

Sur les traces de Thermal Delight in Architecture

C’est probablement il y a longtemps, durant un de mes cours, que je suis tombé pour la première fois sur une référence à ce livre. À travers les années, c’est aussi un des rares livres d’une autre époque que j’ai souvent vue être mentionné dans des ouvrages contemporains. Comme on vient de le voir, ceci est parfaitement justifié ; l’on ne peut que s’attrister que dans notre monde d’aujourd’hui, il est devenu compliqué d’en appliquer les principes de façon constructif, dû à la mécanisation réglementaire de nos environnements intérieurs.

Comme on pouvait s’y attendre de ce livre qui date maintenant de plus de quarante ans, la vaste majorité des références sont périmées et font davantage partie du domaine des archives que des textes vivants et disponibles. Je vais toutefois prendre le temps ici de mentionner quelques ouvrages et auteurs-es qui semblent avoir maintenu leurs actualités.

Encore bien connu dans le monde du design pour son regard critique et ses observations désarmantes, Bernard Rudolsky (son Architecture Without Architects ouvre les yeux) est cité pour ses remarques sur le Japon, publié dans The Kimono Mind. Aussi pour un ouvrage qui est maintenant hors de portée (seconde main seulement), The Prodigious Builders.

Un autre auteur qui semble avoir connu son heure de gloire durant cette décennie du solaire qu’étaient les années 1970 est Ralph L. Knowles. Il est cité pour son livre (uniquement disponible seconde main), Energy and Form : An Ecological Approche to Urban Growth.

Le dernier ouvrage date de 1963, mais vient de faire l’objet d’un “new and expanded Edition” en 2015. Et si l’on se base sur le titre, il a même raison de penser qu’il s’agit d’un livre qui mériterait d’être maintenant sur nos tables de travail. De Victor Olgyay, Design with Climate : Bioclimatic Approach to Architectural Regionalism. Pourquoi ne pas faire bénéficier les générations futures de cet enseignement ?

Tags Thermal Delight in Architecture, Lisa Heschong, Espaces intérieurs, Changements climatiques, Contraste thermique

It is always darkest before the dawn*

January 11, 2021 John Voisine
Dark Age Ahead Dark Age Ahead Dark Age Ahead

Dark Age Ahead. Jane Jacobs, Vintage Canada, 2004, 241 p.

S’il y a jamais eu une semaine où je me devais d’enfin lire ce livre, je pense que nous venons essentiellement de la vivre. Et comme on pouvait s’y attendre de ce qui fut le dernier ouvrage de la fameuse auteure, ses arguments pour un « dark age ahead » sont amenés de la façon la plus inattendue. Qui eût cru que des éléments aussi disparates (mais interreliés) qu’un environnement urbain et social hostile à la famille, des institutions d’enseignements supérieurs détournés de leurs missions premières (enseignement vs « credentialing »), une exploration scientifique et technologie abandonnée et ossifiée, une taxation qui ne respecte pas le principe de subsidiarité et l’échec éthique de la gouvernance interne des professions puissent être à la base d’une déchéance civilisationnelle ? C’est pourtant les points avancés avec conviction par Jane Jacobs, avec des tournures et une approche des plus originale.

On lit Jane Jacobs pour découvrir et redécouvrir, si on se permettait même de l’oublier, l’influence extraordinaire des espaces urbains sur nos existences. C’est en ce sens que Jacobs parle d’une dégradation des conditions pour les familles, et elle le fait justement en illustrant comment les aménagements que l’on dit les plus favorables à l’entité familiale (les banlieues) sont en réalité les plus destructeurs. Les stress (entretien, dévaluation) de la propriété unifamiliale, les stress (coûts, temps, infrastructures, blessures et mortalité) corollaires au moindre déplacement et la vacuité des aménagements centrés sur l’automobile, sont autant de facteurs aux effets dévastateurs sur la cellule familiale. Si cette situation nous semble inextricable, c’est que nous sommes dans une phase « d’amnésie massive », où nous avons oublié ce que nous avons oublié (par exemple, comment faire dans la ville des communautés sensibles à tous).

Ce livre est trop court et aussi paradoxalement un peu trop vaste pour que j’arrive à en transmettre toutes les nuances, ce qui est souvent une caractéristique de ses écrits. Cette lecture ne convaincra pas vraiment que nous sommes devant un « dark age ahead », mais il est certain que nous en serons plus éveillés pour avoir considéré ces facteurs à travers le regard intelligent de Jane Jacobs.

Sur les traces de Dark Age Ahead

J’avais acheté ce livre il y a des années, mais j’avais jamais trouvé une occasion pour craquer sa couverture et en découvrir le contenu. Après sa lecture, je pense bien qu’il ne m’en reste que deux à lire (The Question of Separatism—oui, le séparatisme québécois—et The Nature of Economies), un jour. Je suis en train de lire une anthologie de ses écrits courts (Vital Little Plans) dont je rendrai compte ici dans quelques semaines.

Dans Dark Age Ahead, Jacobs fait usage d’un procédé qui gagnerait à se répandre, c’est-à-dire un véritable commentaire, chapitre par chapitre, du matériel et des volumes ayant contribué à construire son argumentaire. Il n’est pas évident pourquoi cela n’est pas plus courant, puisque la transparence, la solidité et la crédibilité intellectuelle que cela infuse à la démarche semblent plaider fortement en sa faveur. Malheureusement, une bibliographie formelle est omise, même si l’on y trouve un index.

Dans les ouvrages qui se sont ajoutés à ma liste, on trouve, de Steward Brand, The Clock of the Long Now, sur comment avoir sur toute chose et par tous les moyens une perspective à long terme (Brand est aussi l’auteur de l’indispensable How Buildings Learn). Pour une perspective économique sur le développement des villes dans l’Europe médiéval, Jacobs suggère Mediaval Cities, d’Henri Pirenne. Un ouvrage que j’ai lu avec plaisir il y a plusieurs années, Guns, Germs and Steel : The Face of Human Societies, de Jared Diamond; il aurait été difficile d’argumenter les possibilités d’un nouveau « dark age » sans mentionner ce livre. Pour illustrer vraiment les probabilités d’une amnésie massive et totale à l’échelle d’une civilisation, Jacobs mentionne aussi la fameuse flotte commerciale et militaire chinoise.

Deux derniers, dont un classique. D’Allan B. Jacobs (aucun lien avec Jane), The Boulevard Book : History, Evolution, Design of Multiway Boulevards, un classique qui ne semble pas assez utilisé sur notre continent. Et d’un auteur, Eric Klinenberg, dont j’ai bien hâte de parcourir l’œuvre, Heat Wave : A Social Autopsy of Disaster in Chicago. Une illustration frappante comment de simples conditions communautaires peuvent faire toute la différence (littéralement entre la vie et la mort) dans un quartier urbain.

* Variante contemporaine d’un dicton souvent attribué à Thomas Fuller

Tags Dark Age Ahead, Jane Jacobs, Civilisation, Déclin, Communautés

À nous la ville!

January 4, 2021 John Voisine
À nous la ville! À nous la ville! À nous la ville!

À nous la ville! Traité de municipalisme. Jonathan Durand Folco, Écosociété, 2017, 200 p. (lu en version epub)

Il y a de ces idées qui sont le reflet de leurs époques. Ainsi, je n’ai aucune raison de douter que le portrait de la condition ouvrière dans l’Angleterre victorienne fait par Friedrich Engels fût autre chose que la réalité des gens à cette époque. On pourrait même concéder que les remèdes proposés (avec Karl Marx) dans son Manifeste du Parti communiste pouvaient se tenir. Plusieurs ont été inspirés par ces idéaux de solidarité et ont implanté ce socialisme, du moins dans nos démocraties avancées. Mais avec l’économie financiarisée qui prend racine au début des années 1980, force est aussi d’admettre que cette lutte n’est jamais vraiment finie.

Il est donc normal de voir l’émergence de nouvelles propositions pour une solidarité contemporaine, calibrées pour faire face aux défis polycentriques (l’émergence des nouvelles ploutocraties, des instances gouvernementales capturées aux profits des industries, les changements climatiques, etc.) qui marquent notre époque. Entre en scène cet opuscule-traité-manifeste de M. Durand Folco qui y va du « municipalisme » comme planche de salut politique. On y propose de dépasser l’abstraction du développement durable pour « un concept plus concret et multidimensionnel de soutenabilité politique, sociale, économique, environnementale et territoriale » (p. 68). Au lieu de parler de décroissance, on proposera l’émergence d’une économie « post-croissance » (p. 71), qui pourrait inclure « la municipalisation partielle de l’économie […] mélange d’institutions publiques locales, de coopératives et de petites entreprises sociales ancrées dans la communauté » (p. 73). Le municipalisme s’incarnerait ainsi comme « une lutte démocratique orientée vers l’émancipation, l’autogouvernement, l’égalité sociale et la création de nouvelles communautés politiques (et non seulement culturelles)» (p. 173). Selon le manifeste À nous la ville !, les six grands principes du municipalisme sont la participation citoyenne directe, la démocratisation, la décentralisation, la solidarité intermunicipale, la justice sociale et la transition écologique (p. 224-25).

Ce livre est paru en mars 2017, avant les élections municipales à l’automne de cette même année. C’était aussi, juste après les élections américaine de 2016, de la période de prise de conscience collective des dérapages qui peuvent survenir lorsque nos démocraties avancées basculent dans une logique populiste. Avec cette réalité en tête, on est porté à se demander si, rétrospectivement, les trois premiers principes du municipalisme sont compatibles avec ses trois derniers.

Sur les traces de À nous la ville !

C’est en feuilletant L’État du Québec 2021 : La relance du Québec en 25 thèmes, que j’y ai découvert un texte de Jonathan Durand Folco qui abordait la question de l’après covid du point de vue des municipalités (22. Les municipalités comme tremplin de l’après ?). Je ne sais pas si c’est le format spécifique de la publication, le public cible du texte ou la réalité des dernières années qui a sablé les angles, mais sans pour autant renier l’orientation solidaire, le texte y va nettement moins fort sur les alternatives de gouvernance à tendance « municipaliste » que dans son livre.

À nous la ville! est un de ces ouvrages sans bibliographie et sans index. Mais il y a des notes, et elles sont assez informatives, alors je vais prendre la peine de souligner quelques ouvrages qui se sont ajoutés à ma liste après la lecture du livre de M. Durand Folco. (Correction : il n’y a pas d’index, mais avec la version ePub, il est évidemment possible de faire une cherche du texte par mot-clé ou passage de texte. Je crois toutefois que cette fonction ne remplace pas un index raisonné, compilé et travaillé par l’auteur.e, implanté par l’éditeur).

J’ai toujours eu une fascination morbide pour l’implosion du parti de l’ancien maire de Montréal, Jean Doré. Bien hâte alors de lire Trente ans de politique municipale. Sur la question purement politique du « Que faire ? » en temps moderne, Politique de l’extrême centre semble être une ressource à explorer.

Sur les fiducies foncières communautaires et les moyens alternatifs de profiter de la propriété pour tous sur le long terme, le Manuel d’antispéculation immobilière semble tout indiqué.

Les deux prochains titres seront mentionnés dans leur version originale anglaise, même si elles sont citées en traduction française dans le livre. De David Harvey (mentionné la semaine dernière), From the Right to the City to the Urban Revolution. D’un auteur, John Holloway, dont j’ai découvert l’existence dans ce livre, Change the World Without Taking Power : The Meaning of Revolution Today. Le premier fera sûrement l’objet d’une chronique au cours de l’année.

Finalement, deux documents qui semblent difficiles à obtenir de façon courante. De Michel Castells, La question urbaine (1972) et d’Alberto Magnaghi, Le projet local (traduction de l’italien). Je vais probablement tenter d’obtenir ce dernier et en faire part ici.

Tags À nous la ville!, Jonathan Durand Folco, Municipalisme, post-croissance, manifeste

Dans la lutte

December 28, 2020 John Voisine
La lutte pour le territoire québécois La lutte pour le territoire québécois La lutte pour le territoire québécois La lutte pour le territoire québécois

La lutte pour le territoire québécois. Entre extractivisme et écocitoyenneté. Bruno Massé, les Éditions XYZ, 2020, 336 p.

La ligne est parfois mince entre la critique constructive et le lavage de linge sale (produit naturellement lors de toute interaction humaine) en public. À plusieurs moments durant la lecture du livre de M. Bruno Massé, j’étais incertain à savoir si cette frontière n’était pas dépassée et si l’on ne se trouvait pas en territoire des luttes internes les plus viles et des plus âpres, caractéristique de toute coalition engagée pour une cause. Non pas qu’il n’y a pas de place pour ce type de discours, mais l’on peut comprendre qu’en entreprenant la lecture de cet ouvrage, mes espoirs étaient ailleurs.

Car certainement, si rien d’autre, le lecteur finira ce livre avec un excellent portrait des luttes intestines et du classement typologique sur une échelle gauche-droite et de l’organisation horizontale-verticale de la mouvance des groupes « écocitoyens », « écologistes » et des tenants du « développement durable » au Québec. Dit autrement, c’est un continuum qui va des soldats pour « un nouveau rapport au territoire québécois » (p. 225), plus ouvert, plus solidaire, plus local et démocratique dans ses prises de décision (qui peut être contre la vertu ?) et de l’autre côté du spectre, les « vendus », c’est-à-dire les tenants du développement durable (chapitre 3. Le développement durable contre l’environnement) ; des gens qui, dans leurs actions pour la cause, trouvent moyen d’accommoder et de s’accommoder du capitalisme avancé. Rien de moins que nos « collabo » des temps modernes.

Je m’en voudrais toutefois de porter ombrage sur la globalité de l’analyse développée par M. Massé. En situant notre regard dans la perspective construite par l’auteur, la situation apparaît telle que décrite dans son ouvrage, et il n’y a pas raisons de penser qu’elle ne correspond pas à une réalité effective. Au dernier chapitre, les huit propositions avancées avec courage par l’auteur sont congrues avec l’argumentaire développé dans le reste de l’ouvrage.  

Je ne suis pas le premier à la faire remarquer, mais notre belle province peut être, pour tout mouvement qui tente de faire avancer une cause, comme un horrible petit village fait de mesquineries et de luttes misérables à propos de distinctions triviales. Cet ouvrage nous le rappel douloureusement, dans chacun de ses chapitres.

Sur les traces de La lutte pour le territoire québécois

C’est probablement en feuilletant les rayons de notre librairie de quartier, ici à Verdun, que j’ai découvert ce livre. Je suis toujours à la recherche de perspectives nouvelles sur les questions de territoire et son exploitation de façon raisonnée et oui, durable (la semaine prochaine, je vais commenter sur un ouvrage qui introduit la notion de « soutenabilité », alors nous pourrons utiliser ce terme dans l’avenir).

Le livre de M. Massé s’est construit sur une documentation très courante, en ce sens qu’il serait presque possible de faire une revue de presse des dix dernières années des sujets abordés avec ses notes (il n’y a pas de bibliographie ni d’index, malheureusement). J’ai quand même relevé quelques ouvrages qui permettraient d’aller plus loin dans un des thèmes nominaux du livre, soit l’extractivisme.

Selon l’auteur lui-même, « [p]our un récit détaillé de l’extractivisme au Québec » (p.306), on pourra consulter Dépossession : Une histoire économique du Québec contemporain. Toujours sur ce thème, Creuser jusqu’où ? Extractivisme et limites à la croissance. Dans une perspective plus historique, il y aurait Pouvoir et territoire au Québec depuis 1850. Nous vivons dans une société de droit, alors il est toujours intéressant de se familiariser avec ces outils. Un ouvrage référé ici qui semble combler ce besoin est Guide citoyen du droit québécois de l’environnement.

En dernier lieu, un nom qui revient souvent dans les ouvrages qui appliquent une grille d’analyse « de gauche » sur les espaces territoriaux et géographiques urbains est celui de l’économiste et géographe marxiste David Harvey. Le livre de Bruno Massé n’y fait pas exception et cite A Brief History of Neoliberalism. Au cours de la prochaine année, je souhaite découvrir certains ouvrages de David Harvey et en faire part ici.

Tags La lutte pour le territoire québécois, Bruno Massé, extractivisme, écocitoyenneté, développement durable

Los tre amigos

December 21, 2020 John Voisine
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Le promoteur, la banque et le rentier : Fondements et évolution du logement capitaliste. Louis Gaudreau (avec une préface de Christian Topalov), Lux Éditeur, 2020, 448 p.

Nous voici donc arrivés à la troisième et dernière chronique reliés à la promotion immobilière. Mais cette fois, avec Fondements et évolution du logement capitaliste comme sous-titre, on est bien loin de l’autobiographie ou du manuel du promoteur en devenir. Avec Le promoteur… nous sommes bien servis par l’écriture à la fois dense, mais fluide de Louis Gaudreau, qui nous présente bien plus qu’une simple histoire du logement en Amérique du Nord. C’est le récit de sa lente mutation, de son évolution et finalement de son intégration au système capitaliste contemporain. 

La force du tableau brossé par l’auteur réside en fait dans cette illustration des mutations ayant traversé la notion (l’approche métaphorique) et la matérialité (évolution constructive et promotionnelle) du logement. De ses origines dans la féodalité européenne continentale et britannique, qui se permettaient une vision plus fluide de l’appropriation du sol (et des gens qui se le partageaient), jusqu’à devenir le domaine quasi exclusif du propriétaire en titre. À travers trois périodes distinctes (industrialisation, fordisme et financiarisation) dans la manière de produire le logement, l’auteur bâtit un argument solide autour de l’intégration de plus en plus sophistiqué, de la subordination (« soumission ») du logement au capital. Ainsi, même si le logement demeure, pour la plupart d’entre nous, plus que la somme matérielle de ses composantes, il est maintenant incontestablement intégré dans l’ensemble « financiarisé » du capitalisme avancé. De plus, puisque l’État semble avoir décidé de jeter son dévolu derrière des mesures d’aides individuelles, il devient maintenant difficile de trouver les ressources nécessaires à une réponse collective au problème du logement. 

Les limites de ce qu’est devenu ce système financiarisé de production du logement sont manifestes. Pour l’urbaniste, comme facteur aggravant, il faut aussi reconnaître le rôle non négligeable de la réglementation de zonage restrictive (usages, densité et stationnement minimum). Mais les solutions existent, et l’auteur en expose quelques-unes en conclusion, comme un changement aux formes légales privilégiées par l’État (et les municipalités) dans l’aide apporté, c’est-à-dire un usage plus stratégique des coopératives, des logements publics ou des fiducies foncières communautaires, qui pourraient tous, à leurs façons, s’avérer des pistes fructueuses à long terme. 

Sur les traces de : Le promoteur, la banque et le rentier

Comme c’est souvent le cas pour ce type de livre, quelque peu à gauche du réel, mais fermement ancré dedans, c’est un article du journal Le Devoir qui me l’a fait découvrir. Rarement un volume qualifié de « dense exposé historique et sociologique » afin « d’ouvrir les yeux du lecteur sur sa propre attitude […] face au marché de l’immobilier » aura aussi sympathiquement livré sa marchandise. Un des seuls reproches que je lui fais : le lecteur aurait terriblement bénéficié d’un index.

La « bibliographie sélective » est toutefois bien garnie et inspirante. Dans la catégorie des ouvrages qu’il faisait bon voir mentionner, on a de Gaston Bachelard, La poétique de l’espace. Toujours essentiel. Dans la catégorie des textes qu’il faudrait bien parcourir un jour, il y a La production de l’espace, d’Henri Lefebvre. Le livre est difficile à trouver, mais une recherche internet nous conduit facilement au texte d’origine.

Quatre ouvrages sur l’histoire de l’habitation et du logement au pays sont maintenant sur ma liste. Dans un premier temps, Housing the North American City et Homeplace : The Making of the Canadian Dwelling over Three Centuries. Pour se rapprocher des réalités montréalaises, de l’historien Paul-André Linteau, Maisonneuve ou comment des promoteurs fabriquent une ville. Le prochain demeure sous forme de thèse de doctorat (David B. Hanna, McGill University, 1986), mais une simple recherche internet permet d’y accéder : Montreal, a City Build by Small Builders, 1867–1880.

En dernier lieu, je vais citer le remède qui conviendrait « idéalement », selon l’auteur, à neutraliser le problème « de la centralité de la rente foncière comme mécanisme de régulation et comme intermédiaire incontournable du financement, de la production et de l’usage du logement. » Ce remède s’avérerait être « […] la suppression de la propriété et du crédit lucratifs pour les remplacer par l’investissement collectif et la propriété d’usage » (p. 425). L’auteur reprend à son compte un fragment de la proposition fait par Bernard Friot dans son ouvrage, L’enjeu du salaire. Louis Gaudreau recommande cette lecture afin d’en « apprécier le caractère tout à fait réaliste, quoique très ambitieux ». En effet, c’est peu dire.

Tags Le promoteur la banque et le rentier, Louis Gaudreau, Le logement, l'habitat, Le capitalisme

Table 45

December 14, 2020 John Voisine
Bâtir Montréal à la table 45 Bâtir Montréal à la table 45 Bâtir Montréal à la table 45

Bâtir Montréal à la table 45. Laurence Vincent, Septentrion, 2018, 168 p.

On continue sur notre lancée, commencée la semaine dernière, à propos de la promotion immobilière. Mais cette fois, en empruntant le chemin bien particulier de la voix autobiographique, par filiation interposée. À défaut de lire le récit de la croissance d’un des grands de la promotion immobilière à Montréal, c’est par la voix d’une de ses filles, Laurence Vincent (maintenant co-présidente du groupe Prével) que l’on en découvre un peu plus sur ce groupe, mais surtout sur son fondateur, Jacques Vincent, le père en question. 

Parce qu’avant toute chose, ce livre est une très sympathique lettre d’amour d’une fille à son père. C’est à travers le regard de cette fille qui grandit naturellement dans ce milieu, et s’approprie presque malgré elle des rouages de l’entreprise de son père que nous découvrons les risques considérables des premières années, jusqu’au développement de la philosophie urbaine « gagnante » pour le groupe. 

Contrairement au livre de la semaine dernière, il n’y a personne qui pourra affiner ses talents ou se lancer dans le monde de l’immobilier urbain en parcourant ces pages, et c’est très bien ainsi. Et même si la « mécanique » et les différents « montages » nécessaires dans la réussite de la vente des logements résidentiels ne sont pas son propos, l’auteure ne pouvait faire autrement que d’évoquer quelques-uns de ses apprentissages. On y trouvera ainsi l’exposition de la « sauce spéciale à la Prével » qui serait, selon l’auteure, au cœur de la formule qui a fait ses preuves pour le groupe. Elle se résume en la création, dans chacun de leurs immeubles (souvent des reconversions de bâtiments industriels existants), de généreux espaces de vie en commun pour les acheteurs des unités résidentielles. C’était avant la pandémie actuelle.

L’ensemble du récit reflète une simultanéité de point de vue et de repère qui sont eux-mêmes riches en observation nouvelle. Pour le lecteur neutre ou bienveillant de sa narration autobiographique, il n’est pas toujours certain que l’auteure elle-même maîtrise tout à fait les tonalités disparates qui ressortent, mais il faut bien admettre que cela est tout à fait congru avec la formulation « lettre d’amour paternelle » qui imprègne dignement son récit.

Sur les traces de Bâtir Montréal à la table 45

C’est en parcourant les pages d’un numéro de la revue de notre ordre professionnel, Urbanité, que je suis tombé pour la première fois sur une mention de ce livre ; acheté le week-end même à La librairie de Verdun, celle de notre quartier (s’était avant la pandémie).

Par la nature essentiellement autobiographie du récit, on pourra comprendre qu’il n’y a pas une longue épistémologie à suivre. Un auteur toutefois, Edward Glaeser, a laissé sa marque de manière assez vive sur Madame Vincent pour qu’elle cite à deux reprises des passages de son fameux Triumph of the City. Je vais simplement reprendre le premier passage cité, puisqu’il condense assez bien les aspirations et la philosophie que le groupe Prével tente d’insuffler dans son produit immobilier résidentiel (p. 25) : « Greater density is the goal: more people, means more interaction, which means more possibility. We are a social species that gets smarter by being around other smart people, and that’s why cities thrive. » Hear, hear!

En dernier lieu, je tiens à souligner qu’à la dernière page du livre, il y a la mention que « [L]es droits d’auteur issus de la vente de ce livre seront remis à Moisson Montréal. » 

Tags Bâtir Montréal à la table 45., Laurence Vincent, Prével, Promotion immobilière, Autobiographie

« Every Building is a StartUp »

December 7, 2020 John Voisine
The Birth of a Building The Birth of a Building The Birth of a Building

The Birth of a Building: From Conception to Delivery. Ben Stevens, 306 p.

Le milieu du développement immobilier est, en raison de sa culture interne, relativement opaque sur la nature du processus de fabrication de son produit ultime, l’immeuble urbain ou suburbain. Parfois, c’est pour des motifs compétitifs, comme protéger un segment de marché (géographique ou esthétique) particulièrement profitable, ou des techniques de montage (financier ou constructif) qui font corps avec la philosophie de développement immobilier; cela lui confère un avantage, de meilleures chances dans le domaine. Peu importe le motif, comprendre ce milieu n’est pas donné à tous. Le plus souvent même, on utilisera l’existence de cette culture de l’opacité pour imputer de sinistres motifs à qui pratique le métier.

 Dans ce contexte, c’est une vraie chance de tomber sur un livre à la fois pédagogiquement instructif et maintenant un rythme narratif aussi stimulant que celui de Ben Stevens. En fait, son ouvrage nous propose une initiation ouverte et inclusive sur le chemin qui mène parfois, mais vraiment pas toujours, à l’inauguration d’un immeuble. M. Stevens conduit le lecteur, avec dextérité et humour, à se familiariser au délicat montage financier, spatial, urbain, légal, constructif et promotionnel nécessaire à la production immobilière dans la ville nord-américaine typique. Cette approche pluridisciplinaire est essentielle à la réussite de la nouvelle « StartUp » immobilière, c’est-à-dire le bâtiment urbain contemporain.

Pour le lecteur, il est notable et heureux que l’auteur ne soit pas « né » dans le métier, mais s’y soit plutôt orienté « par des chemins de travers », plus tard dans la vie. Sur le chemin parfois tortueux du processus immobilier, la perspective de celui qui a eu à s’imprégner de cette pratique apporte indéniablement un éclairage novateur. Cela se manifeste surtout quand vient le temps de déconstruire le processus, pour le plus grand bénéfice du lecteur.     

 M. Stevens a réussi ce rare exploit de produire une synthèse didactique qui étend et approfondit notre compréhension du développement immobilier combiné à une narration qui retient notre attention, le temps de mieux assimiler cette base. L’auteur nous offre ainsi un ouvrage concis, mais complet, un excellent premier regard qui lève le voile sur le travail rigoureux qu’implique la promotion immobilière. 

Sur les traces de The Birth of a Building

C’est en écoutant une entrevue avec l’auteur sur le balado Strong Towns que j’ai eu connaissance de ce livre; elle y était engageante et laissait la place à l’auteur, tout en l’encadrant dans la mouvance Strong Towns. Ben Stevens a aussi un site Web où l’on découvre une vingtaine d’entrevues-vidéo avec des gens impliqués à toutes les étapes du développement immobilier. La dernière date d’environ deux ans, mais ces archives valent la peine d’être parcourues.

En lieu de bibliographie, The Birth of a Building offre deux pages de Reading Suggestions, légèrement éclectique. L’auteur entretient aussi sur son site une liste médiagraphique de ressources intéressantes. Je vais maintenant puiser parmi ces Suggestions, pour le plaisir du partage.

On commence avec un film, The Big Short (2015), basé sur le livre du même nom. Difficile de faire mieux pour comprendre la bulle immobilière de 2007-08. Pour un Michael Pollen inusité, A Place of My Own : the Architecture of Daydreams (2008) est une charmante surprise. Pour rappeler de bons souvenirs et faire revivre quelques cauchemars, 101 Things I Learned in Architecture School (2007). Cette formule a depuis fait des petits, comme 101 Things I Learned Urban Design School (2018), pour ne mentionner que lui.

Deux grands classiques de l’urbanisme et de l’architecture maintenant, de Christopher Alexander, A Pattern Language : Towns, Buildings, Construction (1977) et de Peter Hall, Cities of Tomorrow: An Intellectuel History of Urban Planning and Design Since 1880 (2014, 4e édition). Seulement dans ces deux livres, on trouve facilement de la matière pour passer l’hiver. 

En dernier lieu, je m’en voudrais de ne pas mentionner les deux ouvrages de celui qui a presque inventé un genre (en architecture et design), Witold Rybczynski. How Architecture Works: A Humanist’s Toolkit (2014) et Last Harvest: […] Real Estate Development in America […] (2008) sont maintenant sur ma liste. Dans sa série d’entrevues-vidéo, Ben Stevens en a fait une avec M. Rybczynski, qui en vaut le détour. 

Tags The Birth of a Building, Ben Stevens, Développement immobilier, StartUp, Promotion immobilière

Les radicaux de banlieue

November 30, 2020 John Voisine
Radical Suburbs Concord Park, February 1957 Chapter 5

Radical Suburbs - Experimental Living on the Fringes of the American City. Amanda Kolson Hurley, 2019.

On aime toujours s’imaginer que notre réalité va bien au-delà de ce qui est aisément perceptible. Dans un sens, des livres comme ceux de Ms Hurley sont exactement dans cette catégorie : sous l’ordinaire du genre (ici, la banlieue) se cache une complexité, des niveaux de nuances impossible d’imaginer sans une connaissance approfondie du lieu. Mais encore, cette volonté de faire différemment et mieux peut-elle survivre à l’érosion du temps et la marche implacable des systèmes dominants?

Chose certaine, dans Radical Suburbs, l’auteure démontre clairement que des gens ont, à plusieurs moments du 20e siècle et pour des raisons qui se voulaient à la fois universelles et spécifiques, tenté de s’approprier des banlieues comme modèle radical. Des enclaves aux principes qui semblaient irréconciliables (même utopique), dans le sens qu’ils confrontaient les préjudices (« vérités ») de leurs époques, ces communautés avaient choisi l’isolement par rapport à la cité, non pour mieux vivre l’ordinaire, mais plutôt pour incarner pleinement, dans leurs quotidiens, ces visions radicales. En ce sens, ils renversaient la formule « banlieusarde » de l’isolement dans l’exclusivité unifamiliale afin de collectivement habiter une convention d’idées, de philosophie et parfois même un idéal constructif qui leurs étaient propres.

L’auteure nous dépeint essentiellement six (6) de ces « intentional communities » (p. 48), qui vont de la commune développée autour d’une foi qui interdit le renouvellement (Ambridge, PA), aux anarchistes « pendulaires » (Stelton Colony, Piscataway, NJ), en passant par les esthètes des Garden City (Greenbelt, MD), du modernisme (Six Moon Hill and Five Fields, Lexington, MA), des constructeurs d’intégration (Concord Park, Trevose, PA) et finalement ceux qui pensaient pouvoir faire une nation de modèles New Towns (Reston, VA), une version plus complète, diversifiée (fonctionnellement) et moins parasitaire de la banlieue. 

L’histoire de ces expériences « radicales » en est une du triomphe momentané des idéaux sur la matière. Quelques idéaux éthiques ou esthétiques qui se sont matérialisés, l’espace de quelques décennies fructueuses. Mais il est difficile, comme le souligne l’auteure, de ne pas s’imaginer que la majorité de ces expériences ont probablement été affaiblies par ce qui est la caractéristique première de l’enclave exclusive de banlieue, soit son isolement.

Sur les traces de Radical Suburbs

J’ai pour la première fois entendu parler de l’œuvre grâce à l’épisode 3 d’un podcast maintenant en pause, Nice Try! (Utopian), qui portait sur le contraste entre Levittown, l’archétype de la banlieue, et Concord Park, qui est une des « Radical Suburbs » décrit dans l’ouvrage. Le « radical » ici étant la volonté de vivre dans une communauté intégrée sur le plan de la couleur de la peau des résidents. Cet épisode est essentiel, mais il faut se gâter pour vrai et s’écouter la totalité des huit (8) épisodes de la première saison de Nice Try!

L’auteure a eu la bonne idée de classer ses sources documentaires en fonction des chapitres. Je commence toutefois par un livre qui fera bientôt l’objet d’une chronique dans cet espace, soit l’ouvrage de Richard Rothstein, The Color of Law : A Forgotten History of How Our Government Segregated America (2017) —mentionné comme source du chapitre 5, qui porte sur la banlieue de Concord Park. Suffis pour le moment de s’en faire une priorité de lecture. Un autre livre qui fera bientôt la chronique sur ces pages est le classique du genre, Crabgrass Frontier — The Suburbanization of the United States (1984), de Kenneth T. Jackson —mentionné pour l’introduction.

Il y a enfin quatre (4) ouvrages qui sont maintenant intégrés à ma liste, suite à la lecture de Radical Suburbs. Dans l’ordre utilisé par l’ouvrage, dans l’introduction on notera Bourgeois Utopias : The Rise and Fall of Suburbia (Robert Fishman, 1989), Building Suburbia: Green Fields and Urban Growth, 1820-2000 (Dolores Hayden, 2004) et Crabgrass Cruciale: Suburban Nature and the Rise of Environmentalism in Twentieth-Century America (Christopher C. Seller, 2012). Finalement au premier chapitre, comme ne pas remarquer un livre avec comme titre City of Refuge : Separatists and Utopian Town Planning (Michael J. Lewis, 2016).

Tags Radical Suburbs, Amanda Kolson Hurley, Suburbs, Utopia, Housing
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