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Wellington | Fabrique urbaine

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L'urbanisme en pratique

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URBS+ : Abréviation d’urbanisme, mais quand même un peu plus. Une revue hebdomadaire d’ouvrages et d’œuvres avec comme point commun un intérêt pour l’univers urbain, qui est aussi l’univers ultime de l’être humain.

L.A. et l'écologie des temps modernes

April 24, 2025 John Voisine
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Ecology of Fear—Los Angeles and the Imagination of Disaster. Mike Davis, Verso—New Left Books, 1998-2022, 541 pages. [E-book lu sur plateforme Apple Books]

Une chose est garantie en entreprenant la lecture d’un livre de Mike Davis : on va en avoir beaucoup plus que le client en réclamait ou que le titre pouvait laisser entendre. Dans Ecology of Fear, on n’échappe pas à ce constat, puisqu’on nous conduit dans un écosystème riche et diversifié, tant sur le plan naturel qu’humain. On pourrait même ici faire un rapprochement entre l’abondance de ce qu’il est possible de voir émerger dans cet écosystème fabuleux de la Californie du Sud, où il faut presque se demander parfois ce qui ne pourra pas y croitre et se multiplier et les extrêmes de ce milieu, qui rend toute cette abondance possible. Ce climat, qui, en apparence, est d’une stabilité telle qu’il invite, chez les gens qui le vivent, des rêves fous d’éternité, contient, comme nous le révèle magistralement et de long en large l’auteur, une part d’ombre apocalyptique. Celle-ci est presque, en parallèle et malgré la contradiction inhérente, un mécanisme d’autodestruction qui lui sert à la fois de purgation et de régénération. Et si cette stabilité climatique des dernières générations n’avait été qu’illusion, tel un songe d’une nuit d’été sur une plage de Malibu? Plusieurs signes laissent croire que la viabilité de maintenir une population aussi urbaine et étendue dans une cuve encerclée de montagnes, d’un océan et d’un désert juste au-delà ne pourra se faire qu’à un coût exorbitant. Davis écrivait cet ouvrage 25 ans avant notre époque des extrêmes, comme les feux poussés par des vents furieux, les Santa Anas [1], que Los Angeles a expérimenté cet automne et cet hiver. Mais ce qu’on doit savoir ici est que ce vent, tout comme la plupart des autres phénomènes naturels bien connus par les gens de LA, est récurrent. Il se produit chaque année et fait partie du cycle naturel qui permet l’existence climatique du bassin de Los Angeles, tel que les gens qui le vivent l’apprécient. Cet ensemble aux bénédictions mitigées se trouve aussi à être, ironiquement, un moteur de créativité pour ceux qui le recherchent. Mais c’est justement cette attractivité, son importance dans la balance des considérations pour la viabilité à long terme de l’économie de la ville et de la région, qui fait que les signes de détresse, sur le plan climatique et même géologique (sismique), ont pu si longtemps être ignorés ou étouffés.

SOYONS RASSURÉS, il ne s’agit pas d’une conspiration. Mais, comme l’argumente l’auteur, les élites locales et régionales impliquées dans la promotion (le boosterism) des activités économique et culturelle de la région ont eu beau jeu de baigner de soleil et d’envelopper d’une température idéale toute histoire qui pouvait contredire cette image idéalisée. On trouvait toujours moyen, jusqu’à récemment, de repousser plus loin le rêve, de vite-vite tourner le regarder vers un nouvel horizon à développer sous un ciel radieux. C’est de cette manière que les cycles naturels cataclysmiques pouvaient être balayés sous le tapis de la prospérité, généralisé, mais curieusement stratifié, selon le pedigree familial ou ethnique. Un corollaire de cette stratification se manifeste dans la façon d’occuper l’espace urbain. Plus spécifiquement, comment la règlementation sur l’occupation des bâtiments et les incendies est manipulée (ou simplement négligée) pour perpétuer un cycle de vétusté dans les zones abandonnées. En contrepartie, dans les zones envisagées comme potentiellement utiles au développement, comment cette même règlementation devient l’instrument pour faire table rase et repartir le développement dans le sens voulu par ces élites.

Personnellement, le chapitre que je ne pouvais lâcher portait plutôt sur les univers fictifs, pour la plupart dystopiques et futuristes, ayant comme point focal LA ou la Californie du Sud. Dans le chapitre The Literary Destruction of Los Angeles, Davis nous parle des plus de 138 romans et films qui, tous à leurs manières, voit Los Angeles comme une mégalopole mure pour un moment de righteous wrath. La capacité extraordinaire de Los Angeles d’attirée a elle ce mélange de gens de tous les horizons et de toutes les couches socioéconomique de la société, qui travail tous à leurs manières à la réalisation de leurs rêves, en fait un lieu de contraste. Ironiquement, cela semble inspirer les fantasmes les plus immondes, surtout chez qui le succès ne peut que se mesurer autrement que par l’aplanissement des différences. Mike Davis nous fait l’histoire de cette littérature et cinéma, à la fois dystopique, raciste, apocalyptique, écocatastrophique, néo-fasciste/nazi et survivaliste. Une anthologie, un witches brew de toxicités créatrices des fantasmes de l’homme blanc frustré devant un monde qu’il ne contrôle plus.

Le climat et les forces naturelles demeurent ce qu’elles sont en Californie du Sud. La lecture de cet ouvrage de Mike Davis nous donne abondamment de quoi réfléchir sur notre capacité à manipuler à notre avantage, mais pour encore combien de temps, cet environnement urbain et naturel.



[1] Comme je l’avais indiqué aussi il y a quelques semaines (Approche et pratique — 2025-01-10), il y a ce court texte de Joan Didion sur les Santa Anas (1969), qui parle justement de leurs côtés irrépressibles.

Tags Ecology of Fear, Mike Davis, Changements climatiques, Los Angeles, Southern California, Urban sociology, Série LA

Thermal Delight

January 18, 2021 John Voisine
Thermal Delight in Architecture Thermal Delight in Architecture Thermal Delight in Architecture

Thermal Delight in Architecture. Lisa Heschong, The MIT Press, 1979, 78 pages

Comment définir et caractériser les sensations thermiques de nos intérieurs ? La question confine pratiquement à l’absurde tellement ceux-ci sont de nos jours contrôlés. Ainsi, en neutralisant toute variation thermique et en imposant, par biais mécanique, des intérieurs passablement uniformes, avons-nous oublié comment laisser une place aux fluctuations naturelles d’un environnement régulé grâce à l’architecture ? Avons-nous même encore le goût et la tolérance pour des intérieurs qui pourraient s’avérer changeant sur le plan thermique ?

Dans cet opuscule d’à peine 78 pages (avec notes), Madame Heschong prend le temps de nous faire sentir et d’évoquer la richesse naturelle inhérente d’une architecture conçue et adaptée à son environnement. Le propos se situe aux niveaux allégoriques et symboliques, non au niveau constructif, et cela est pour le mieux. Comment ne pas prendre plaisir à lire un auteur du seizième siècle nous parler de la fraîcheur du microclimat généré par le jardin persan devant un bâtiment ou, à l’autre extrême, la sensation du contraste thermique offert par un sauna finlandais lorsque la température extérieure est de moins quarante degrés Celsius ? L’espace intérieur est envisagé ici autant comme milieu fermé (une pièce) ou même comme milieu extérieur (un jardin, un sauna). Le cœur du propos vise à nous reconnecter avec les plaisirs simples d’un environnement intérieur conçu et pensé en fonction de sa capacité à réagir avec souplesse aux conditions extérieures.

Le propos date d’avant l’imprégnation, dans notre conscience collective, des réalités implacables engendrées par les changements climatiques, juste avant l’apparition de ses effets dévastateurs. Il y a quelque chose d’attendrissant et de stupéfiant à lire la confiance en la capacité du solaire à transformer nos façons de vivre. Serons-nous même en mesure, avec l’avenir climatique extrême que nous devrons affronter dans les prochaines décennies, de contrôler les espaces intérieurs avec une nouvelle pensée basée sur le génie constructif passé ? Si la réponse à cette question est affirmative, la familiarité avec le large répertoire oublié des sensations thermiques que cette lecture nous redonne est certainement un des points forts de l’ouvrage. C’est aussi la raison qu’on devrait y revenir ; afin d’accepter nos espaces intérieurs avec une plus vaste palette thermique.

Sur les traces de Thermal Delight in Architecture

C’est probablement il y a longtemps, durant un de mes cours, que je suis tombé pour la première fois sur une référence à ce livre. À travers les années, c’est aussi un des rares livres d’une autre époque que j’ai souvent vue être mentionné dans des ouvrages contemporains. Comme on vient de le voir, ceci est parfaitement justifié ; l’on ne peut que s’attrister que dans notre monde d’aujourd’hui, il est devenu compliqué d’en appliquer les principes de façon constructif, dû à la mécanisation réglementaire de nos environnements intérieurs.

Comme on pouvait s’y attendre de ce livre qui date maintenant de plus de quarante ans, la vaste majorité des références sont périmées et font davantage partie du domaine des archives que des textes vivants et disponibles. Je vais toutefois prendre le temps ici de mentionner quelques ouvrages et auteurs-es qui semblent avoir maintenu leurs actualités.

Encore bien connu dans le monde du design pour son regard critique et ses observations désarmantes, Bernard Rudolsky (son Architecture Without Architects ouvre les yeux) est cité pour ses remarques sur le Japon, publié dans The Kimono Mind. Aussi pour un ouvrage qui est maintenant hors de portée (seconde main seulement), The Prodigious Builders.

Un autre auteur qui semble avoir connu son heure de gloire durant cette décennie du solaire qu’étaient les années 1970 est Ralph L. Knowles. Il est cité pour son livre (uniquement disponible seconde main), Energy and Form : An Ecological Approche to Urban Growth.

Le dernier ouvrage date de 1963, mais vient de faire l’objet d’un “new and expanded Edition” en 2015. Et si l’on se base sur le titre, il a même raison de penser qu’il s’agit d’un livre qui mériterait d’être maintenant sur nos tables de travail. De Victor Olgyay, Design with Climate : Bioclimatic Approach to Architectural Regionalism. Pourquoi ne pas faire bénéficier les générations futures de cet enseignement ?

Tags Thermal Delight in Architecture, Lisa Heschong, Espaces intérieurs, Changements climatiques, Contraste thermique

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