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Wellington | Fabrique urbaine

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L'urbanisme en pratique

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URBS+ : Abréviation d’urbanisme, mais quand même un peu plus. Une revue hebdomadaire d’ouvrages et d’œuvres avec comme point commun un intérêt pour l’univers urbain, qui est aussi l’univers ultime de l’être humain.

La politique de la porte fermée

March 1, 2021 John Voisine
Neighborhood Defenders Neighborhood Defenders Neighborhood Defenders Neighborhood Defenders

Neighborhood Defenders—Paticipatory Politics and America’s Housing Crisis. Katherine Levine Einstein, David M. Glick & Maxwell Palmer, Cambridge University Press, 2020, 218 pages [ebook lu sur Kindle].

Le titre de cet ouvrage fait référence aux citoyens, souvent les propriétaires voisins d’un projet immobilier proposé, qui assistent et interviennent lors des séances publiques municipales. Elles sont enclenchées par le besoin de faire adopter les dérogations au zonage, presque toujours nécessaire dans de telles circonstances. C’est aussi la façon que ces gens aiment à se percevoir (jamais personne ne s’identifie comme nimby!). Mais comme le démontrent bien les auteurs, le résultat de cette participation hyperlocale est toujours l’opposition à toute nouvelle construction de logements, de multilogement surtout, mais aussi à toute forme d’accommodements (dérogations) mineurs. La conséquence est une diminution substantielle du nombre de logements par projet (lorsqu’il réussit même à survivre) et des projets qui n’offrent plus ce que le marché envisageait de pouvoir offrir.

Pour arriver à leurs conclusions, les chercheurs ont épluché et statistiquement analysé les transcriptions de toutes les séances publiques sur les questions de dérogations ou de changement au zonage des municipalités dans l’état du Massachusetts. Chaque fois qu’un projet de développement immobilier est présenté et qu’il ne peut être réalisé de plein droit (sans modification à la réglementation municipale), il doit y avoir un examen public par l’autorité locale mandatée. Ces séances sont ouvertes et publicisées à tous, mais les propriétaires voisins sont invités, spécifiquement. Comme le démontrent les auteurs, la participation est extrêmement concentrée à l’intérieur des groupes les plus privilégiés et ne forme jamais vraiment une tranche représentative de la communauté. C’est ainsi qu’un processus légitime de contrôle s’est transformé en outils d’opposition systémique au changement (étroitement et capricieusement défini) d’un environnement urbain donné.

Puisque ce livre aborde la question des difficultés dans la production de logements sous l’angle de la science politique, les solutions proposées sont dans cette veine ; comme d’accroître la représentativité des participants, réformer le processus et la raison des séances elles-mêmes, mieux impliquer les groupes d’intérêts ou faire de la question du logement une responsabilité régionale. Maintenant, un bon point de départ urbanistique serait d’autoriser, de droit, le long et autour des axes de transport en commun, une plus grande variété et densité de projets immobiliers.

Sur les traces de Neighborhood Defenders

Au cours de la dernière année, l’auteure principale, Katherine Levine Einstein, a participé à plusieurs podcasts pour exposer les enjeux soulevés et les conclusions de l’ouvrage. J’en retiens deux, soit en début d’année dans le cadre du podcast The Weeds, avec Matt Yglesias et en fin d’année dans Densely Speaking. Monsieur Yglesias s’intéresse depuis longtemps aux questions de logement et il est cité dans l’ouvrage ; sa solution se résume en un mot (upzone), qui est la façon condensée de dire plus de variété urbaine, partout. Je compte bien revenir sur son dernier livre avant la fin de l’année.

La bibliographie de Neighborhood Defenders est un bon rappel que l’expérience urbaine est toujours éclaircie (ou concentrée) à travers le filtre de la politique municipale. Les différents degrés de participation citoyenne et leurs significations sont exposés dans un article fondamental, A Ladder of Citizen Participation (1969). Un autre article qui en vaut le détour est City Unplanning. L’auteur décortique les répercussions de la capture, au niveau local, d’enjeux métropolitains (comme le logement). Tout le monde y perd au change.

Les questions de participation et de représentativité de cette participation citoyenne se posent partout, mais semblent particulièrement saillantes en contexte suburbain ; Democracy in Suburbia apparaît comme l’ouvrage qui pourrait faire mûrir cette réflexion. Pour un retour en ville et un examen de l’arène politique plus « musclé » qui la caractérise, de Jessica Trounstine, Political Monopolies in American Cities—The Rise and Fall of Bosses and Reformers et du même auteure, Segregation by Design—Local Politics and Inequality in American Cities. J’ai bien hâte de les lire et d’en parler ici.

Une dernière perspective sur la question du logement, cette fois sur la responsabilité et la prise en charge que devrait faire le palier fédéral (américain) : New Deal Ruins—Race, Economic Justice & Public Housing Policy. Après la lecture de Neighborhood Defenders, il est difficile de penser que cette situation, même ici, puis s’améliorer franchement sans une participation matérielle et récurrente plus active du fédéral.

Tags Neighborhood Defenders, Katherine Levine Einstein, Logements, Zonage, Participation publique

La forme du code

February 22, 2021 John Voisine
Form-Based Codes Form-Based Codes Form-Based Codes Form-Based Codes

Form-Based Codes—A Guide for Planners, Urban Designers, Municipalities, and Developers. Daniel G. Parolek, Karen Parolek & Paul C. Crawford, Forewords by Elizabeth Plater-Zyberk and Stefanos Polyzoides, Wiley, 2008, 332 pages

La façon de faire sens de la lecture de ce volume est dans le contexte d’une décision de changement radical. Dans ce cas spécifique, on en sera arrivé à la conclusion avérée que le zonage euclidien est à la racine de l’effondrement de la forme et du cadre bâti urbain ; seul un coup de barre ferme et opposé apportera des changements urbains viables. Si cette décision est prise, que ce soit à l’échelle municipale ou des arrondissements, d’une municipalité régionale de comté ou, pourquoi pas, des communautés métropolitaines, ce manuel constitue alors l’outil de référence par excellence pour se bâtir une feuille de route offrant une sortie prometteuse à la manière toxique d’aborder l’espace urbain dans la réglementation actuelle.

Mais si on regarde notre réalité sans fard, force est de constater que l’environnement politique ne semble pas propice à ce changement de paradigme. À ma connaissance, une seule municipalité à complété le processus et aboutie d’un code basé sur la forme. Je ne suis au courant d’aucun autre processus et la lecture de ce volume donne une idée du motif. Pour faire aboutir un tel projet, non seulement faut-il mobiliser une bonne partie des acteurs impliqués dans cette nouvelle « forme » urbaine, mais aussi faut-il vouloir contempler l’environnement urbain à travers un nouveau cadre organisateur, soit celui du transect urbain. C’est la grille d’analyse qui est privilégié pour réaliser un code basé sur la forme et qui s’applique de la ruralité à la banlieue et jusqu’au cœur de la ville, mais qui demande de s’ouvrir à une diversité urbaine qui peut être source de nervosité pour certains. L’ironie est pourtant qu’en contexte de code basé sur la forme, cette diversité est signe d’adaptabilité et de flexibilité, offrant ainsi potentiellement plus de ce qui est apprécié par la communauté.

Le guide est équilibré entre les notions formelles nécessaire à la construction du code et des exemples de projets, analysé et présenté avec les leçons apprises. On n’oubliera jamais que le but ultime de cet exercice est de permettre, en toute confiance, la réalisation et la transformation de la ville, de plein droit. Un autre ouvrage nous fera aborder cette question cruciale la semaine prochaine.

Sur les traces de Form-Based Codes

Lors de la publication de ce manuel, il y a environ une douzaine d’années, celui-ci représentait la somme des connaissances et des enseignements sur les codes urbains basés sur la forme. Les deux premiers auteurs, le couple Daniel G. et Karen Parolek sont encore à la tête d’une des firmes (Opticos) les plus actives dans le domaine de la création de tels codes. Les auteurs des « forewords » au manuel, Elizabeth Plater-Zyberk et Stefanos Polyzoides, sont aussi des figures de premier ordre dans le mouvement « new urbanisme ». La première en tant que partenaire (avec Andrés Duany) dans leur firme, DPZ CoDesign et le second dans Moule & Polyzoides.

Depuis ce temps, il faut se tourner vers le Web pour trouver des ressources qui tiennent compte de l’évolution dans le domaine. Plusieurs ont d’ailleurs été mentionnés dans le contexte du livre de la semaine dernière, mais une qui manquait est la Form-Based Codes Institute (FBCI). Même si seulement tangentiellement relié, le Congress for New Urbanism (CNU) est un bon point de départ. Une autre ressource tangentielle qui laisse sa marque est le Lean Urbanism—Making Small Possible. À défaut de pouvoir faire une refonte de type « form-based », leur proposition de Lean Code Tool—Incremental Zoning Repair vaut la peine d’être considérée.

La notion de transect urbain mentionné plus haut prend en fait racine en biologie et dans l’étude des milieux naturels. Celui qui a vraiment transplanté cette notion dans le domaine moderne de l’urbanisme est Ian L. McHarg dans Design With Nature. Je pense l’aborder d’ici la fin de l’année.

Deux derniers ouvrages, mentionnés dans la bibliographie du manuel et que je tiens à souligner ici : sur le montage de charrettes, incontournable en processus de composition d’un code basé sur la forme, The Charrette Handbook. Un ouvrage malheureusement maintenant inaccessible, Zoned American. L’histoire autour de l’époque de sa publication (1969) est vraiment fascinante ; nous semblons traverser une époque similaire, et il faut espérer que nous saurons saisir le moment.

Tags Form-Based Codes, Parolek & Crawford, Zonage, Code basé sur la forme urbaine, développement durable

Les règles font la ville

February 15, 2021 John Voisine
City Rules City Rules City Rules City Rules

City Rules—How Regulations Affect Urban Form. Emily Talen (Foreword by Andrés Duany), Island Press, 2012, 256 p. [lu en format e-book sur Kindle]

Il est toujours troublant de constater à quel point le meilleur de nos milieux urbains date d’avant l’époque du zonage basé sur l’usage et des aménagements conçus avec la fluidité de l’automobile comme seule priorité. Mais pour mieux comprendre, il faut se replacer aux origines de la codification de cette nouvelle armature réglementaire. Ainsi, de bons principes en bonnes actions de bonne foi, on en est arrivé à introduire des exigences d’aménagements, de séparation des usages, de densité et d’occupation du sol qui ont fini par laisser de vastes vides dans la ville. Avec le temps, l’idée même qu’il était possible et souhaitable d’encadrer l’espace urbain selon différentes échelles s’est perdue.

L’historique et la dynamique de cette lente et inextricable perte de définition attribuable aux différents niveaux et types de réglementation urbaine nous est magnifiquement racontés dans cet ouvrage d’Emily Talen. Il est maintenant généralement accepté que la meilleure morphologie urbaine pour offrir des environnements propices à un développement durable est celle ayant évolué avant 1945, donc avant nos décisions de subventionner l’économie et les entreprise axée autour de la logique automobile. Comme pour tout mouvement lent et quasi imperceptible, il faut aller chercher avant cela, dans l’Allemagne post-industrielle, et dans nos propres villes, où l’entassement, l’insalubrité et la pauvreté étaient autant de causes légitimes pour réglementer et ainsi, espérions-nous, progressivement améliorer la condition humaine. La réglementation municipale allait donc être calibrée pour assurer que ces fléaux ne puissent plus se manifester au grand jour ; le tout dégagé par de larges et fluides voies de circulation, autant que faire se peut.

Déjà au début des années 1960, l’impossibilité de faire évoluer l’espace urbain de façon à maintenir un cadre bâti défini était constatée, et le rôle pervers de la nouvelle logique réglementaire bien noté. Nous en sommes rendus à une période charnière, où le régime réglementaire existant a pleinement mûri ses fruits amers et nous nous devons maintenant de recentrer nos priorités. L’auteure fait quelques propositions à cette fin, comme les codes de performance (plus de flexibilité) ou basés sur la forme (plus de prévisibilité). On y revient la semaine prochaine.

Sur les traces de City Rules

C’est difficile de dire où je suis pour la première fois rentré en contact avec ce livre d’Emily Talen, puisque je suis un admirateur de ses travaux depuis avant mon entrée dans la profession. Son œuvre, la portée de sa recherche, de ses écrits, et son implication dans l’APA font d’elle un des noms auxquels qu’on revisite toujours quand vient le temps de faire progresser nos conceptions de l’urbanisme contemporain. Son dernier ouvrage est une exploration de la notion de quartier.

Comme on pouvait s’y attendre d’une auteure de son calibre, la bibliographie ne déçoit pas. Je vais mentionner ici quelques incontournables et des découvertes pour suivre le cheminement intellectuel et conceptuel proposé par Madame Talen. Un ouvrage que j’ai dévoré dès sa sortie, il y a plus de 10 ans, et qui demeure plus que jamais d’actualité, The Option of Urbanism—Investing in a New American Dream; ou comment investir franchement dans un avenir urbain.

Pour poursuivre la réflexion sur l’impact de la régulation et du zonage sur notre environnement urbain, on ira lire The Code of the City—Standards and the Hidden Language of Place Making. Un autre ouvrage qui aborde franchement la question, mais cette fois avec, semble-t-il, une emphase sur les solutions à l’intérieur du système, A Better Way to Zone—Ten Principles to Create More Livable Cities. Deux titres qui sont maintenant sur ma liste. Pour illustrer qu’il est extrêmement difficile de se sortir de la logique réglementaire, même dans les zones urbaines qui s’en proclament exclues et qui prétendent laisser libre cours au marché (Houston, looking at you), How Overregulation Creates Sprawl (Even in a City Without Zoning). Un article classique, « oldie, but goodie », pour mettre fin, une fois pour toutes, à la croyance que le « marché » préfère et conduit à l’étalement urbain. Non, nous en sommes responsables.

Pour ceux qui aimerait explorer les questions de formes urbaines, leurs transformations et comment régénérer le meilleur, du bien connu Christopher Alexander, A New Theory of Urban Design et de Brenda Case Sheer, The Evolution of Urban Form—Typology for Planners and Architects. Un jour, les lire.

Je m’en voudrais de finir sans aborder mon « pet peeve » : le stationnement minimum requis pour toutes formes de construction. Si, du jour au lendemain, on faisait l’inversion suivante : stationnement minimum requis pour stationnement maximum permis, nos villes seraient radicalement transformées, pour le mieux. Cette idée, si simple, mais si radicale, nous la devons à Donald Shoup et son ouvrage fondamental, The High Cost of Free Parking—Updated Edition (!) J’avais manqué qu’il y avait un « updated edition ». On y reviendra alors.

Tags City Rules, Emily Talen, Zonage, Urban Form, Urban Planning

In the USA [and Canada]

February 1, 2021 John Voisine
Zoned in the USA Zoned in the USA Zoned in the USA Zoned in the USA

Zoned in the USA — The Origines and Implications of American Land-Use Regulations. Sonia A. Hirt, Cornell University Press, 256 p. [version Kindle]

Il est parfaitement ordinaire de penser que les structures légales et réglementaires qui régissent nos usages et formes urbaines sont courantes et généralement assez communes, ne serait-ce que dans l’ensemble des systèmes démocratiques occidentaux. C’est pourquoi un livre comme celui de Sonia A. Hirt peut se révéler si essentiel ; il vient nous dépouiller de nos illusions de régularité et de normalité afin d’exposer l’aberration de notre condition urbaine. Au minimum, en ce qui concerne la réalité de leurs applications sur le plan du zonage. Cela n’est pas pour dire que nous serons par la suite aisément en mesure d’apporter les changements qui s’imposent. Mais cela nous enlève un argument de poids, soit celui de la normalité de notre façon de zoner nos espaces urbains, tels qu’ils sont.

En effet, ce livre est autant un historique de la notion de zonage tel qu’inventé et appliqué en Europe (surtout par l’Allemagne et l’Angleterre) qu’une épistémologie de cette notion reprise et adaptée par les réformistes américains de l’époque progressiste. Ce que l’auteure s’attarde longuement à démontrer est justement les mutations assez radicales que les réformistes ont fait subir aux idées véritablement novatrices contenues dans la notion de zonage à l’européenne. Ces mutations se sont révélé si radicales qu’un outil comme le zonage, qui visait avant tout la cohabitation harmonieuse de la diversité des usages urbains, s’est transformé en cet outil ségrégationniste qui a fait de nos villes des agglomérations d’îlots isolés, accessibles principalement par « ponts » autoroutiers. L’auteure démontre aussi que l’Amérique du Nord est unique dans l’application d’un zonage qui codifie l’exclusivité résidentielle, mais surtout unifamiliale. Cette dernière est l’assise sur laquelle reposent les dérives toxiques de l’étalement urbain sur notre continent.

Le zonage tel qu’utilisé ici est donc unique, et ne représente en rien une compréhension raisonnée et généralisée des meilleures pratiques de zonage. Le plus rapidement nous pourrons assimiler cette découverte magistralement exposée dans l’ouvrage de Sonia A. Hirt, le plus vite nous pourrons codifier les possibilités d’un zonage qui intègre autant la pluralité des usages, des formes et de leurs localisations pour en faire de meilleurs ensembles urbains.

Sur les traces de Zoned in the USA

Ce livre fait partie d’une série d’ouvrages que je m’étais acheté afin de mieux comprendre l’histoire et les origines de notre système de zonage. Il est pratiquement impossible d’exercer cette profession sans se questionner sérieusement sur la multitude des effets pervers engendrée par le zonage ; la difficulté systémique d’un exit prochain est dramatique et en contexte de changement climatique, aura un coût économique et humain des plus tragique. En ce domaine, nous avons construit notre propre prison et la clé est depuis longtemps perdue. Dans les semaines suivantes, il sera question de 3-4 ouvrages qui mettent en lumière les limites du zonage basé exclusivement sur l’usage. Nous allons toutefois conclure sur une piste de solution possible.

L’ouvrage de Madame Hirt contient une bonne bibliographie qui m’aura permis de redécouvrir quelques classiques et de faire certaines découvertes. Dans la catégorie des classiques, il faisait plaisir de voir les livres de Spiro Kostof, mais triste qu’il n’en reste qu’un sur le marché, soit l’indispensable The City Shaped. J’avais à l’époque lu ce livre avec son compagnon, The City Assembled. Plus généralement, Kostof était connu pour A History of Architecture—Settings and Rituals, mais lui aussi semble rendu à ses derniers exemplaires. J’ai découvert un livre de Kostof grâce à la bibliographie : America by Design, mais la seule chance de se le procurer maintenant sera probablement dans un marché aux puces au Vermont.

Dans la catégorie des découvertes qui vont probablement mériter une exploration plus poussée, on trouve Bourgeois Nightmares—Suburbia 1870–1912 ; qui offre probablement d’autres pistes sur les origines du zonage exclusif. Les deux prochains livres sont mentionnés pour se rappeler que tout projet urbain est pavé de bonnes intentions. Urban Utopias in the Twentieth Century—Ebenezer Howard, Frank Lloyd Wright, Le Corbusier et Dreaming the Rational City—The Myth of American City Planning. Tout compte fait, il n’est jamais facile d’envisager et de comprendre les effets réels et à long terme des meilleurs plans.

Le dernier livre est mentionné pour son titre, simplement délicieux : Sprawl—A Compact History. Malheureusement, il est de l’école de Chicago, donc l’étalement urbain y est présenté comme naturel et inévitable. Pour ceux et celles qui veulent se confronter aux arguments improbables de cette façon de penser.

Tags Zoned in the USA, Sonia A Hirt, Land-Use, Zonage, Histoire urbaine

Le pouvoir de la couleur

January 25, 2021 John Voisine
The Color of Law The Color of Law The Color of Law

The Colors of Law - A Forgotten History of How Our Government Segregated America. Richard Rothstein, Liveright Publishing (W.W. Norton), 2017, 342 pages.

Il y a de ces livres qui ouvrent les yeux sur une situation de manière qu’on ne croyait jamais vraiment les avoir ouvert. Avant cet ouvrage de monsieur Richard Rothstein, il aurait été facile pour certains de se convaincre que la ségrégation de facto des espaces urbains était l’œuvre d’une série de gestes malheureux et piètrement considérés. On ne veut pas imaginer que ces réalités soient la résultante de lois, d’un système réglementaire ou de l’implantation de politiques planifiée. Du moins, on aurait espéré que cette armature ségrégationniste de jure se soit éteinte aux États-Unis dès 1917, avec la décision de la Cour suprême dans Buchanan v. Warley, explicitement contre le zonage discriminatoire basé sur la « race ». Ce qui est resté par la suite n’était que de la discrimination de facto, perpétué par cette frange irréductible de racistes qui est le lot de toute population, non ?

Le cumul de la recherche historique, de l’analyse factuelle et des études de cas présenté dans ce livre vient mettre un terme définitif à ce mythe de la ségrégation de facto, œuvre de quelques individus marginaux prêts à enfreindre la loi. L’auteur démontre au contraire la survivance dans le temps d’une discrimination de jure, institutionnalisée, inscrite jusque dans les lois, la réglementation administrative et municipale, dans toutes les formes de politiques d’assistances. Qu’elles soient publiques ou implantées par des institutions privées (banques, assureurs) avec l’appui d’organismes publics. La quasi-totalité des conventions de propriétaires résidentielles comportaient des clauses particulières d’exclusion de toute personne non blanche, autant pour la vente que la location. Oui, tout ceci malgré la décision Buchanan v. Warley de 1917, le plus souvent même de façon explicite, sans rien occulter, ni dans les textes, ni dans les outils. Tout ceci est la définition même du racisme institutionnalisé, et ces pratiques poursuivent leurs œuvres macabres, aujourd’hui.

Notre profession (les urbanistes) est explicitement mise en cause ; il est choquant de lire à quel point des géants aux origines de la profession (comme Hartland Bartholomew ou Frederick Law Olmsted, Jr.) sont impliqués. On vit dans un monde réglementaire qui en est l’héritier, et chacun de nos gestes devrait maintenant viser consciemment à démanteler ce système discriminatoire.

Sur les traces The Colors of Law

Dès sa sortie, en 2017, ce livre a marqué un tournant dans le domaine. Il était un de livres de l’année sur Planetizen. Je crois en avoir entendu parler pour la première fois grâce à une entrevue avec l’auteur sur Fresh Air. Une recherche sur NPR permet aussi de découvrir un vaste matériel produit autour du livre et son auteur.

Comme l’admet l’auteur dans un commentaire sur son matériel bibliographique (p. 293-94), son ouvrage repose sur les épaules de bien d’autres chercheurs ayant chacun, à sa façon, contribué un morceau de la matière sur laquelle la thèse de son ouvrage repose. M. Rothstein cite deux œuvres principales, maintenant difficiles d’accès. Dans un premier temps, de Robert Weaver (premier secrétaire de HUD), The Negro Ghetto (1948) et de James A. Kushner, Apartheid in America, un « book-length » article dans le Howard Law Journal en 1980 (numéro 22). Troisièmement, l’auteur cite un ouvrage qui a déjà été mentionné ici, Crabgrass Frontier, de Kenneth T. Jackson ; j’avais aussi été surpris du traitement exhaustif et quasi pionnier, pour l’époque (1985), réservé à cette question de la discrimination de jure dans l’espace urbain résidentiel.

Toujours d’après monsieur Rothstein, un autre ouvrage fondateur est American Apartheid—Segregation and the Making of the Underclass (1993). Maintenant pour l’histoire de la ségrégation urbaine spécifiquement dans deux villes américaines majeures, on se référera à Making the Second Ghetto—Race and Housing in Chicago, 1940–1960 (1998) et The Origins of the Urban Crisis—Race and Inequality in Postwar Detroit (1996). Un livre que l’auteur recommande maintenant pour mieux assimiler la globalité et le côté quelque peu intraitable de la discrimination de jure, de Michelle Alexander, The New Jim Crow—Mass Incarceration in the Age of Colorblindness.

En dernier lieu, deux livres qui ont piqué ma curiosité dans la bibliographie. Si l’on veut comprendre comment les programmes du New Deal américain ont été créés avec des mécanismes explicitement discriminatoires, on peut lire When Affirmative Action was White—An Untold Story of Racial Inequality in Twentieth Century America. Si l’on pensait s’en sortir moralement en blâmant exclusivement les agglomérations du sud des États-Unis, Sundown Towns—A Hidden Dimension of American Racism semble exister pour nous laver de ces illusions.

Tags The Color of Law, Richard Rothstein, Zonage, Ségrégation, de jure

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