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Wellington | Fabrique urbaine

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L'urbanisme en pratique

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URBS+ : Abréviation d’urbanisme, mais quand même un peu plus. Une revue hebdomadaire d’ouvrages et d’œuvres avec comme point commun un intérêt pour l’univers urbain, qui est aussi l’univers ultime de l’être humain.

Canadian Urban Dreams

September 20, 2021 John Voisine
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Urban Nation—Why we need to give power back to the cities to make Canada strong. Alan Broadbent, Harper Collins Canada, 2008, 244 pages.

Le plus souvent, de nos jours, lorsqu’on entend dire que nous sommes une « urban nation », on n’aura pas tendance à s’imaginer que nos villes sont des cités-États ; comme autant de mini Singapour ou de petites principautés à la Monaco ou Saint-Martin. Il semble plus évident de comprendre que nos villes forment l’essentiel des concentrations de population et d’immigration, nos centres créatifs, artistiques et intellectuels. Elles sont fondamentalement les engins modernes de la vitalité culturelle et économique du pays. Dans le cas de la vaste majorité des cités canadiennes et de l’Amérique, c’est le cas depuis même bien avant la Deuxième Guerre.

Certainement, il faut constater que dans notre contexte constitutionnel canadien, cette puissance des villes ne se traduit pas toujours, même rarement, en leviers politiques équivalents. Qu’elles soient vues comme des « filles de la Province » (dixit Maurice Duplessis) ou de simples « créatures », les villes ont depuis leurs fondations eu à gérer une situation où les demandes sur leurs ressources dépassent de loin leurs capacités à fournir. Aussi, en tant que gouvernement essentiellement « administratif », il n’existe aucun moyen pour elles d’aller chercher, sans le consentement du « parent » provincial, les ressources financières qui seraient nécessaires pour répondre aux attentes croissantes et diversifiées de sa population. Et cette dernière qui n’y recherche pas moins, et avec raison, sa prospérité.

Mais alors, si une majorité de la population vie dans les centres urbains, pourquoi ceux-ci ne semblent pas faire plus de poids aux niveaux fédéral et provincial ? La représentativité parlementaire donne encore une voix disproportionnée aux régions et dilue grandement l’impact politique des villes. De plus, la constitution donne en exclusivité aux provinces le pouvoir de constituer (ou non), de former (ou non), de déléguer (ou non) un pouvoir à toutes municipalités, selon la manière dont elle l’entend et ceci, jusque dans la capacité de la faire disparaître. Envisager qu’une province puisse se départir volontairement d’un tel pouvoir est aussi impossible que, pour paraphraser une expression connue, d’envisager qu’une assemblée législative provinciale puisse scinder son territoire pour en exclure sa ville la plus productive et lui remettre les mêmes pouvoirs qu’une province.

Sur les traces d’Urban Nation

C’est pourtant le « suspension of disbelief » que nous demande de faire Alan Broadbent dans ce livre. L’analyse de la situation tragique et assez unique dans lequel se trouvent nos villes canadiennes, mais principalement les grandes villes-régions que sont Montréal, Toronto et Vancouver, est des plus justes et cinglantes. À l’échelle nationale, ces villes regroupent l’essentiel de la population et en sont évidemment les principaux engins des avancées sur le plan intellectuel, culturel et économique. Dans leurs provinces respectives, ces villes et leurs grandes régions sont les générateurs contemporains de la richesse et de la croissance pour une vaste partie de la population.

La question que tente ici de résoudre l’auteur est celle du canyon entre les villes comme centre de création polycentrique, multifonctionnel et pluridisciplinaire contemporain et le traitement infantilisant et régressif, sur le plan politique, dans lequel nos institutions cadrent ces entités urbaines. Ne devraient-elles pas disposer de pouvoirs au moins équivalents, ou du moins avoir la capacité d’acquérir un poids politique et contrôler leurs destinées avec la même aisance qu’une province ? L’auteur montre bien comment l’évolution de l’économie canadienne, qui est passé de pays qui, à sa fondation, en était un de régions-ressource, avec quelques villes de « contrôles » et industrielles, à fini par basculer, assez rapidement, vers une économie où le rôle de quelques villes-centre n’était plus en soutient à l’arrière-pays générateur de richesses, mais sont devenue elles-mêmes les principaux centres de la création de cette richesse. Mais à ce point, tous les pouvoirs étaient déjà entre les mains des provinces.

Malheureusement, s’il y a un domaine où l’on ne se laisse jamais convaincre par des arguments factuels ou des statistiques, aussi raisonné et pertinent qu’ils soient, ni hier ni aujourd’hui, c’est bien celui de nos institutions politiques. Surtout avec nos sensibilités toutes particulières et nos âpres jalousies de pouvoir, autant au Québec que dans les autres provinces. Ce livre a toutefois le mérite et le courage de proposer que nos villes puissent enfin exercer un pouvoir politique et décisionnel concomitant avec leurs importances. Pourquoi ne pas envisager ce monde, le temps d’une lecture ?

Le texte de cette revue a été publié le lundi 27 septembre 2021.

Tags Urban Nation, Alan Broadbent, Urban policy, Canada, Municipalisme

À nous la ville!

January 4, 2021 John Voisine
À nous la ville! À nous la ville! À nous la ville!

À nous la ville! Traité de municipalisme. Jonathan Durand Folco, Écosociété, 2017, 200 p. (lu en version epub)

Il y a de ces idées qui sont le reflet de leurs époques. Ainsi, je n’ai aucune raison de douter que le portrait de la condition ouvrière dans l’Angleterre victorienne fait par Friedrich Engels fût autre chose que la réalité des gens à cette époque. On pourrait même concéder que les remèdes proposés (avec Karl Marx) dans son Manifeste du Parti communiste pouvaient se tenir. Plusieurs ont été inspirés par ces idéaux de solidarité et ont implanté ce socialisme, du moins dans nos démocraties avancées. Mais avec l’économie financiarisée qui prend racine au début des années 1980, force est aussi d’admettre que cette lutte n’est jamais vraiment finie.

Il est donc normal de voir l’émergence de nouvelles propositions pour une solidarité contemporaine, calibrées pour faire face aux défis polycentriques (l’émergence des nouvelles ploutocraties, des instances gouvernementales capturées aux profits des industries, les changements climatiques, etc.) qui marquent notre époque. Entre en scène cet opuscule-traité-manifeste de M. Durand Folco qui y va du « municipalisme » comme planche de salut politique. On y propose de dépasser l’abstraction du développement durable pour « un concept plus concret et multidimensionnel de soutenabilité politique, sociale, économique, environnementale et territoriale » (p. 68). Au lieu de parler de décroissance, on proposera l’émergence d’une économie « post-croissance » (p. 71), qui pourrait inclure « la municipalisation partielle de l’économie […] mélange d’institutions publiques locales, de coopératives et de petites entreprises sociales ancrées dans la communauté » (p. 73). Le municipalisme s’incarnerait ainsi comme « une lutte démocratique orientée vers l’émancipation, l’autogouvernement, l’égalité sociale et la création de nouvelles communautés politiques (et non seulement culturelles)» (p. 173). Selon le manifeste À nous la ville !, les six grands principes du municipalisme sont la participation citoyenne directe, la démocratisation, la décentralisation, la solidarité intermunicipale, la justice sociale et la transition écologique (p. 224-25).

Ce livre est paru en mars 2017, avant les élections municipales à l’automne de cette même année. C’était aussi, juste après les élections américaine de 2016, de la période de prise de conscience collective des dérapages qui peuvent survenir lorsque nos démocraties avancées basculent dans une logique populiste. Avec cette réalité en tête, on est porté à se demander si, rétrospectivement, les trois premiers principes du municipalisme sont compatibles avec ses trois derniers.

Sur les traces de À nous la ville !

C’est en feuilletant L’État du Québec 2021 : La relance du Québec en 25 thèmes, que j’y ai découvert un texte de Jonathan Durand Folco qui abordait la question de l’après covid du point de vue des municipalités (22. Les municipalités comme tremplin de l’après ?). Je ne sais pas si c’est le format spécifique de la publication, le public cible du texte ou la réalité des dernières années qui a sablé les angles, mais sans pour autant renier l’orientation solidaire, le texte y va nettement moins fort sur les alternatives de gouvernance à tendance « municipaliste » que dans son livre.

À nous la ville! est un de ces ouvrages sans bibliographie et sans index. Mais il y a des notes, et elles sont assez informatives, alors je vais prendre la peine de souligner quelques ouvrages qui se sont ajoutés à ma liste après la lecture du livre de M. Durand Folco. (Correction : il n’y a pas d’index, mais avec la version ePub, il est évidemment possible de faire une cherche du texte par mot-clé ou passage de texte. Je crois toutefois que cette fonction ne remplace pas un index raisonné, compilé et travaillé par l’auteur.e, implanté par l’éditeur).

J’ai toujours eu une fascination morbide pour l’implosion du parti de l’ancien maire de Montréal, Jean Doré. Bien hâte alors de lire Trente ans de politique municipale. Sur la question purement politique du « Que faire ? » en temps moderne, Politique de l’extrême centre semble être une ressource à explorer.

Sur les fiducies foncières communautaires et les moyens alternatifs de profiter de la propriété pour tous sur le long terme, le Manuel d’antispéculation immobilière semble tout indiqué.

Les deux prochains titres seront mentionnés dans leur version originale anglaise, même si elles sont citées en traduction française dans le livre. De David Harvey (mentionné la semaine dernière), From the Right to the City to the Urban Revolution. D’un auteur, John Holloway, dont j’ai découvert l’existence dans ce livre, Change the World Without Taking Power : The Meaning of Revolution Today. Le premier fera sûrement l’objet d’une chronique au cours de l’année.

Finalement, deux documents qui semblent difficiles à obtenir de façon courante. De Michel Castells, La question urbaine (1972) et d’Alberto Magnaghi, Le projet local (traduction de l’italien). Je vais probablement tenter d’obtenir ce dernier et en faire part ici.

Tags À nous la ville!, Jonathan Durand Folco, Municipalisme, post-croissance, manifeste

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