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Wellington | Fabrique urbaine

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L'urbanisme en pratique

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URBS+ : Abréviation d’urbanisme, mais quand même un peu plus. Une revue hebdomadaire d’ouvrages et d’œuvres avec comme point commun un intérêt pour l’univers urbain, qui est aussi l’univers ultime de l’être humain.

Zoned Out

February 8, 2021 John Voisine
Zoned Out Zoned Out Zoned Out Zoned Out

Zoned Out—Regulation, Markets, and Choises in Transportation and Metropolitan Land-Use. Jonathan Levine, RFP Press [Routledge, Taylor & Francis Group], 2006, 224 pages [lu sur Kindle]

Tout le monde sait que le développement courant, celui responsable de l’étalement urbain, de la congestion, de la pollution de l’air et de l’eau, des îlots de chaleur, ultimement un contributeur majeur au changement climatique, est la résultante des lois du marché ayant laissé libre cours aux préférences des citoyens. Tout le monde sait que les gens favorisent la vie en grosse unifamiliale, le plus loin possible de la ville, et relier à celle-ci par le plus vaste réseau d’autoroutes possibles. Et c’est justement ce que le libre marché immobilier fournit, point à la ligne et fin du débat.

Non ! Ce marché qui ne fait que répondre aux préférences en logement (la maison unifamiliale avec 1-2-3 gros garages situés dans un champ bucolique avec la répliques de quelques centaines de ses semblables) et en étalement sur toute la métropole (et au-delà) est en réalité un mythe, structuré et entretenu par un lourd échafaudage réglementaire et législatif. Ce marché, si fortement réglementé (zonage limitatif et restrictif, transport orienté auto-solo et subventionné, etc.) fait tellement partie de notre ordinaire urbain qu’il est rendu invisible, la norme. Toute tentative d’amoindrir les effets perverts de cette caricature de libre marché, comme le seraient les alternatives tel que le nouvel urbanisme, le développement orienté vers les centres urbains et le transport en commun, ou plus généralement toute forme de « Smart Growth », doit s’appuyer sur des « preuves » de leurs contributions positives à l’espace urbain. Ceci est parce que nous nous croyons déjà être en marché immobilier libre, répondant « naturellement » aux besoins de tous. Ceci n’est clairement pas le cas, et le fardeau de cette preuve devrait être renversé.

En réalité, comme l’illustre magistralement Jonathan Levine dans cet ouvrage, notre réalité urbaine est très lourdement déformée et rendue dysfonctionnelle par le zonage traditionnel, mais cette condition absurde a fini par tenir lieu de marché libre et raisonné. L’ironie est donc que l’urbanité actuelle s’avérera très difficile à modifier ; la majorité des acteurs prétendent agir comme si nous avions un authentique marché immobilier libre et flexible, offrant de véritables choix, disposés et ayant la capacité de répondre à la diversité des besoins urbains. Ce livre met un terme à cette illusion.

Sur les traces de Zoned Out

Le livre de M. Levine est paru il y a quinze ans, et je trouve surprenant parfois que ses arguments ne sont pas plus cités ou utilisés (même si cela commence à changer). Plusieurs des situations de non-viabilité économique et de difficulté de desserte en transport collectif et actif pourraient être amoindries si seulement la réglementation de zonage permettait un véritable marché immobilier libre. Mais comme cette réglementation est assimilée à la normalité du marché, rares sont les groupes corporatifs ou citoyens avec la clairvoyance ou la capacité de faire pression pour l’élimination ou l’allégement de ce fardeau capricieux et vexatoire. Pour ma part, je garde espoir et recommande cette lecture pour mieux comprendre comment nous en sommes arrivés à cette situation urbaine inutilement contraignante et restrictive.

Comme on peut s’y attendre d’un livre de 2006, plusieurs références datent déjà, mais je vais m’attarder ici à quelques ouvrages qui sont depuis devenus des classiques dans leurs genres. Je commence par l’article de 2002 ayant lancé le phénomène des smart codes, soit d’Andres Duany et Emily Talen, Making the Good Easy : The Smart Code Alternative. On notera le chemin parcouru en consultant le SmartCode Central. Ce dernier est maintenant intégré dans la notion de « transect urbain », que l’on pourra approfondir au Center for Applied Transect Studies, qui est aussi connu sous le sympathique acronyme de CATS. On y reviendra inévitablement, mais l’on peut déjà remarquer que le projet ne semble jamais avoir atteint son plein potentiel, et cela ne fait qu’illustrer le côté endémique, inextricable et pourtant invisible du zonage traditionnel.

Je termine par trois ouvrages qui se trouvent maintenant sur ma liste de lecture. Le premier est de Paul G. Lewis, Shaping Suburbia—How Political Institutions Organize Urban Development. Pour maintenant changer de focus légèrement, Our Town—Race, Housing, and the Soul of Suburbia. Il n’est jamais inintéressant de creuser toutes ces relations. Finalement, d’un auteur (Alexander Garvin) qui semble s’être fait une spécialité des façons et possibilités de redynamiser les espaces publics et les villes en général, What Makes a City Great. On y reviendra au cours de l’année.

Tags Zoned Out, Jonathan Levine, Urban Sprawl, Transportation, Land-Use

In the USA [and Canada]

February 1, 2021 John Voisine
Zoned in the USA Zoned in the USA Zoned in the USA Zoned in the USA

Zoned in the USA — The Origines and Implications of American Land-Use Regulations. Sonia A. Hirt, Cornell University Press, 256 p. [version Kindle]

Il est parfaitement ordinaire de penser que les structures légales et réglementaires qui régissent nos usages et formes urbaines sont courantes et généralement assez communes, ne serait-ce que dans l’ensemble des systèmes démocratiques occidentaux. C’est pourquoi un livre comme celui de Sonia A. Hirt peut se révéler si essentiel ; il vient nous dépouiller de nos illusions de régularité et de normalité afin d’exposer l’aberration de notre condition urbaine. Au minimum, en ce qui concerne la réalité de leurs applications sur le plan du zonage. Cela n’est pas pour dire que nous serons par la suite aisément en mesure d’apporter les changements qui s’imposent. Mais cela nous enlève un argument de poids, soit celui de la normalité de notre façon de zoner nos espaces urbains, tels qu’ils sont.

En effet, ce livre est autant un historique de la notion de zonage tel qu’inventé et appliqué en Europe (surtout par l’Allemagne et l’Angleterre) qu’une épistémologie de cette notion reprise et adaptée par les réformistes américains de l’époque progressiste. Ce que l’auteure s’attarde longuement à démontrer est justement les mutations assez radicales que les réformistes ont fait subir aux idées véritablement novatrices contenues dans la notion de zonage à l’européenne. Ces mutations se sont révélé si radicales qu’un outil comme le zonage, qui visait avant tout la cohabitation harmonieuse de la diversité des usages urbains, s’est transformé en cet outil ségrégationniste qui a fait de nos villes des agglomérations d’îlots isolés, accessibles principalement par « ponts » autoroutiers. L’auteure démontre aussi que l’Amérique du Nord est unique dans l’application d’un zonage qui codifie l’exclusivité résidentielle, mais surtout unifamiliale. Cette dernière est l’assise sur laquelle reposent les dérives toxiques de l’étalement urbain sur notre continent.

Le zonage tel qu’utilisé ici est donc unique, et ne représente en rien une compréhension raisonnée et généralisée des meilleures pratiques de zonage. Le plus rapidement nous pourrons assimiler cette découverte magistralement exposée dans l’ouvrage de Sonia A. Hirt, le plus vite nous pourrons codifier les possibilités d’un zonage qui intègre autant la pluralité des usages, des formes et de leurs localisations pour en faire de meilleurs ensembles urbains.

Sur les traces de Zoned in the USA

Ce livre fait partie d’une série d’ouvrages que je m’étais acheté afin de mieux comprendre l’histoire et les origines de notre système de zonage. Il est pratiquement impossible d’exercer cette profession sans se questionner sérieusement sur la multitude des effets pervers engendrée par le zonage ; la difficulté systémique d’un exit prochain est dramatique et en contexte de changement climatique, aura un coût économique et humain des plus tragique. En ce domaine, nous avons construit notre propre prison et la clé est depuis longtemps perdue. Dans les semaines suivantes, il sera question de 3-4 ouvrages qui mettent en lumière les limites du zonage basé exclusivement sur l’usage. Nous allons toutefois conclure sur une piste de solution possible.

L’ouvrage de Madame Hirt contient une bonne bibliographie qui m’aura permis de redécouvrir quelques classiques et de faire certaines découvertes. Dans la catégorie des classiques, il faisait plaisir de voir les livres de Spiro Kostof, mais triste qu’il n’en reste qu’un sur le marché, soit l’indispensable The City Shaped. J’avais à l’époque lu ce livre avec son compagnon, The City Assembled. Plus généralement, Kostof était connu pour A History of Architecture—Settings and Rituals, mais lui aussi semble rendu à ses derniers exemplaires. J’ai découvert un livre de Kostof grâce à la bibliographie : America by Design, mais la seule chance de se le procurer maintenant sera probablement dans un marché aux puces au Vermont.

Dans la catégorie des découvertes qui vont probablement mériter une exploration plus poussée, on trouve Bourgeois Nightmares—Suburbia 1870–1912 ; qui offre probablement d’autres pistes sur les origines du zonage exclusif. Les deux prochains livres sont mentionnés pour se rappeler que tout projet urbain est pavé de bonnes intentions. Urban Utopias in the Twentieth Century—Ebenezer Howard, Frank Lloyd Wright, Le Corbusier et Dreaming the Rational City—The Myth of American City Planning. Tout compte fait, il n’est jamais facile d’envisager et de comprendre les effets réels et à long terme des meilleurs plans.

Le dernier livre est mentionné pour son titre, simplement délicieux : Sprawl—A Compact History. Malheureusement, il est de l’école de Chicago, donc l’étalement urbain y est présenté comme naturel et inévitable. Pour ceux et celles qui veulent se confronter aux arguments improbables de cette façon de penser.

Tags Zoned in the USA, Sonia A Hirt, Land-Use, Zonage, Histoire urbaine

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