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Wellington | Fabrique urbaine

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L'urbanisme en pratique

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URBS+ : Abréviation d’urbanisme, mais quand même un peu plus. Une revue hebdomadaire d’ouvrages et d’œuvres avec comme point commun un intérêt pour l’univers urbain, qui est aussi l’univers ultime de l’être humain.

Accessibility Over Mobility

January 27, 2023 John Voisine
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From Mobility to Accessibility—Transforming Urban Transportation and Land-Use Planning. Jonathan Levine & al., Cornell University, 2019, 240 pages.

Cette chronique fait partie de notre série Trans&Transit [2/9]

J’avais souvent eu un certain malaise par rapport au paradigme dominant de la «mobilité» dans les domaines de la planification ou des études d’impacts en transport, d’autant plus que cette notion semble mettre l’emphase sur le déplacement comme mesure principale de l’efficacité d’un système routier ou des transports collectifs. Comme si ces déplacements devenaient l’objectif premier d’une politique en transport. Ainsi, n’est-ce pas plutôt les bénéfices de l’accessibilité à des destinations (pour les opportunités d’emplois, de services ou de divertissements) qui devraient centrer les intentions d’une politique qui mérite nos investissements publics ou privés? En plus d’englober des notions de forme urbaine comme la connectivité et la proximité, l’accessibilité est aussi une façon d’assurer une distribution équitable des équipements publics et des activités économiques.

Pourtant, quand on regarde les plans et politiques qui se font au niveau provincial (comme la Politique de mobilité durable — 2030 du ministère des Transports et de la Mobilité durable), municipal (le Plan d’urbanisme et de mobilité 2050 de la Ville de Montréal), au niveau métropolitain (l’ARTM a adopté son Plan stratégique de développement du transport collectif 2021-2035*, dont le premier titre en préambule est «[L] a mobilité durable, pour soutenir la transition écologique et la vitalité économique de notre région»), des sociétés de transport (le sous-titre du Plan stratégique organisationnel — 2025 de la STM est : L’excellence en mobilité) et même des arrondissements (le document de Verdun s’intitule : Plan local de déplacements, où déplacements est simplement un autre mot pour mobilité), on croirait vivre dans un monde où la bougeotte (la mobilité) est un bien en soi et digne de nos fonds publics. Aurions-nous ainsi découvert un nouveau générateur de dynamisme et de prospérité économique?

Évidemment, ceci est un non-sens. Mais on devine aisément pourquoi tous ces plans de mobilité (on ajoute souvent l’adjectif durable, pour mieux faire oublier l’absurde) sont nos documents de référence. Il est tellement plus facile de trouver des mesures de la mobilité, et avec ces résultats, on arrive à des conclusions et on propose des solutions qui ne mettent jamais en cause nos modes de développement basé sur l’automobile et son corollaire, l’étalement.

Sur les traces de From Mobility to Accessibility

C’est donc bien un des objectifs du livre du professeur Jonathan Levine, nous sortir un peu du cadre simpliste et biaisé de la mobilité comme instrument de mesure et outil de prise de décision en transport public et actif, évidemment, mais surtout en ce qui concerne l’utilisation du sol et le zonage. En se servant toujours et encore des indicateurs de mobilité, on passe à côté des véritables bénéfices d’un réseau de transport, c’est-à-dire la capacité d’atteindre aisément une destination dans l’espace métropolitain. C’est la notion d’accessibilité qui englobe la mobilité, la proximité et la connectivité dans l’espace urbain, et ceci de manière agnostique par rapport au mode de transport utilisé. Les instruments de mesure de l’accessibilité des destinations urbaines vont utiliser comme intrant des éléments de calcul de la mobilité selon plusieurs modes (véhicule automobile, autobus, métro, marche, vélo, etc.), mais puisque la notion d’accessibilité inclut toujours aussi des mesures de proximité et de connectivité, on se retrouve avec une perspective plus complète et beaucoup moins biaisée en faveur d’un mode (l’automobile) et les formes de développement urbain qu’une telle logique finie toujours par privilégier, c’est-à-dire l’étalement.

Bien entendu, on essayera de dissimuler ou de pallier à cette conclusion immanquable engendrée par la recherche de mobilité en y ajoutant le mot durable, pour mieux former l’expression pince-sans-rire de mobilité durable, mais vraiment, comment imaginer qu’il est possible de produire une urbanité durable avec la même logique qui sert à justifier l’accroissement de la capacité routière, à garantir la fluidité de la circulation (automobile) et qui est un des piliers de l’opposition NIMBY face au développement de nouveaux logements (surtout abordables)? Le transfert de nos pratiques d’analyses de type mobilité vers des analyses d’accessibilité permettrait d’ouvrir le débat sur ce qui compte vraiment, soit la possibilité de vivre dans un environnement urbain riche en destinations utiles et désirées, d’avoir des discussions franches sur les moyens de mise en œuvre et de s’assurer d’en coordonner les bénéfices avec plus grand nombre. Ce livre permet de nous outiller en ce sens et constitue la première assise dans ce travail.



* (2023-01-31) Je viens d’apprendre que la Communauté métropolitaine de Québec (CMQ) à adopter le 19 janvier dernier sa Vision métropolitaine de la mobilité durable à l’horizon 2041. Toutes les bonnes formulations y sont (on y parle bien de « libre déplacement des citoyens » et « d’une planification intégrée du territoire et des transports »), mais encore une fois, comment imaginer qu’une « vision » encapsuler dans un vocabulaire de « mobilité » pourra aboutir à autre chose que plus d’autoroutes et une forme urbaine toujours plus dispersée, surtout dans la région de Québec ? Doit-on vraiment rappeler que le troisième lien est encore en développement actif ?

Tags From Mobility to Accessibility, Jonathan Levine, Accessibility, Urban Transit, Urban Form

Zoned Out

February 8, 2021 John Voisine
Zoned Out Zoned Out Zoned Out Zoned Out

Zoned Out—Regulation, Markets, and Choises in Transportation and Metropolitan Land-Use. Jonathan Levine, RFP Press [Routledge, Taylor & Francis Group], 2006, 224 pages [lu sur Kindle]

Tout le monde sait que le développement courant, celui responsable de l’étalement urbain, de la congestion, de la pollution de l’air et de l’eau, des îlots de chaleur, ultimement un contributeur majeur au changement climatique, est la résultante des lois du marché ayant laissé libre cours aux préférences des citoyens. Tout le monde sait que les gens favorisent la vie en grosse unifamiliale, le plus loin possible de la ville, et relier à celle-ci par le plus vaste réseau d’autoroutes possibles. Et c’est justement ce que le libre marché immobilier fournit, point à la ligne et fin du débat.

Non ! Ce marché qui ne fait que répondre aux préférences en logement (la maison unifamiliale avec 1-2-3 gros garages situés dans un champ bucolique avec la répliques de quelques centaines de ses semblables) et en étalement sur toute la métropole (et au-delà) est en réalité un mythe, structuré et entretenu par un lourd échafaudage réglementaire et législatif. Ce marché, si fortement réglementé (zonage limitatif et restrictif, transport orienté auto-solo et subventionné, etc.) fait tellement partie de notre ordinaire urbain qu’il est rendu invisible, la norme. Toute tentative d’amoindrir les effets perverts de cette caricature de libre marché, comme le seraient les alternatives tel que le nouvel urbanisme, le développement orienté vers les centres urbains et le transport en commun, ou plus généralement toute forme de « Smart Growth », doit s’appuyer sur des « preuves » de leurs contributions positives à l’espace urbain. Ceci est parce que nous nous croyons déjà être en marché immobilier libre, répondant « naturellement » aux besoins de tous. Ceci n’est clairement pas le cas, et le fardeau de cette preuve devrait être renversé.

En réalité, comme l’illustre magistralement Jonathan Levine dans cet ouvrage, notre réalité urbaine est très lourdement déformée et rendue dysfonctionnelle par le zonage traditionnel, mais cette condition absurde a fini par tenir lieu de marché libre et raisonné. L’ironie est donc que l’urbanité actuelle s’avérera très difficile à modifier ; la majorité des acteurs prétendent agir comme si nous avions un authentique marché immobilier libre et flexible, offrant de véritables choix, disposés et ayant la capacité de répondre à la diversité des besoins urbains. Ce livre met un terme à cette illusion.

Sur les traces de Zoned Out

Le livre de M. Levine est paru il y a quinze ans, et je trouve surprenant parfois que ses arguments ne sont pas plus cités ou utilisés (même si cela commence à changer). Plusieurs des situations de non-viabilité économique et de difficulté de desserte en transport collectif et actif pourraient être amoindries si seulement la réglementation de zonage permettait un véritable marché immobilier libre. Mais comme cette réglementation est assimilée à la normalité du marché, rares sont les groupes corporatifs ou citoyens avec la clairvoyance ou la capacité de faire pression pour l’élimination ou l’allégement de ce fardeau capricieux et vexatoire. Pour ma part, je garde espoir et recommande cette lecture pour mieux comprendre comment nous en sommes arrivés à cette situation urbaine inutilement contraignante et restrictive.

Comme on peut s’y attendre d’un livre de 2006, plusieurs références datent déjà, mais je vais m’attarder ici à quelques ouvrages qui sont depuis devenus des classiques dans leurs genres. Je commence par l’article de 2002 ayant lancé le phénomène des smart codes, soit d’Andres Duany et Emily Talen, Making the Good Easy : The Smart Code Alternative. On notera le chemin parcouru en consultant le SmartCode Central. Ce dernier est maintenant intégré dans la notion de « transect urbain », que l’on pourra approfondir au Center for Applied Transect Studies, qui est aussi connu sous le sympathique acronyme de CATS. On y reviendra inévitablement, mais l’on peut déjà remarquer que le projet ne semble jamais avoir atteint son plein potentiel, et cela ne fait qu’illustrer le côté endémique, inextricable et pourtant invisible du zonage traditionnel.

Je termine par trois ouvrages qui se trouvent maintenant sur ma liste de lecture. Le premier est de Paul G. Lewis, Shaping Suburbia—How Political Institutions Organize Urban Development. Pour maintenant changer de focus légèrement, Our Town—Race, Housing, and the Soul of Suburbia. Il n’est jamais inintéressant de creuser toutes ces relations. Finalement, d’un auteur (Alexander Garvin) qui semble s’être fait une spécialité des façons et possibilités de redynamiser les espaces publics et les villes en général, What Makes a City Great. On y reviendra au cours de l’année.

Tags Zoned Out, Jonathan Levine, Urban Sprawl, Transportation, Land-Use

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