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Wellington | Fabrique urbaine

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Verdun, Québec H4G 1R3
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L'urbanisme en pratique

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URBS+ : Abréviation d’urbanisme, mais quand même un peu plus. Une revue hebdomadaire d’ouvrages et d’œuvres avec comme point commun un intérêt pour l’univers urbain, qui est aussi l’univers ultime de l’être humain.

New York à l'encre de Chine

January 11, 2023 John Voisine
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Tenements, Towers & Trash—An Unconventional Illustrated History of New York City. Juli Wertz, Black Dog & Leventhal Publishers, 2017, 284 pages.

Cette chronique est la dernière de notre série Housing in NYC [5/5]

Pour ce dernier livre de notre série Housing in NYC, on change définitivement de rythme et de genre, et pas seulement parce que celui-ci est essentiellement composé de thématiques illustrées de la main de l’auteure et raconté de sa plume, sans véritable lien avec le domaine de l’habitation. Je l’inclus malgré tout dans cette série parce que, je dois bien l’admettre, je ne pouvais pas résister à un pareil titre (Tenements, Towers & Trash, qui est presque une définition physique, urbaine et intemporelle de NYC!) et à une proposition (le dessin à l’encre de Chine et quelques photos noires et blanches comme tout moyen de rendus) qui sort des terrains battus en tant de médium d’appréhension et de compréhension de l’urbain, de l’histoire et du présent. Chacune des planches illustrée et racontée de ce livre est comme l’ouverture d’une perspective nouvelle, dans le temps et l’espace, sur cette métropole nord-américaine par excellence. Passer quelques heures à explorer la ville à travers le regard d’une personne qui n’est pas native, mais y a vécu, travaillée et gagnée sa vie de son art durant une période contemporaine de dix ans est une proposition irrésistible. Avoir réussi à tirer de cette période une œuvre originale sur l’histoire et l’urbanité de cette ville toujours en métamorphose est quelque chose digne d’attention.

De plus, comme il arrive souvent à NYC, même si la question du logement n’est pas au centre de ces histoires, il est impossible de parler d’autres choses sans que cette obsession du logement (centré sur le où?, le comment? et surtout, à quel prix?) revienne au centre de la conversation. Dans le cas de l’ouvrage de Madame Julia Wertz en particulier, elle n’aura malheureusement pas d’autre choix que de mettre fin à son aventure new-yorkaise du moment qu’elle sera (illégalement) forcée de son logement par un propriétaire qui, dans cette grande tradition, semble-t-il, universelle chez certains propriétaires, savent empoisonner l’existence de leurs locataires quand ils veulent reprendre un logement.

Mais pour notre plus grand bonheur, elle n’aura pas quitté NYC les mains vides; ce livre en est la lettre d’amour et le chef-d’œuvre.

Sur les traces de Tenements, Towers & Trash

Avec un carnet bien rempli d’expérience pratique du macadam de la ville sous les pieds, couplé à ce qui semble être une solide recherche documentaire, l’auteure distille dans cet exposé illustré son choix de vignettes de lieux et de gens qui transpirent tous cette énergie caractéristique du type «only in New York City».

Toutes les questions pressantes et existentielles sur NYC connaissent une forme de résolution dans les dessins et les textes de Madame Wertz, comme : pourquoi autant de Ray’s Pizza? Lequel est l’original et pourquoi autant de variation? (Oui, la mafia est impliquée!) Quel est le secret derrière l’eau potable si propre de la ville? (Il ne fallait pas le demander, vraiment!) Quelle est l’histoire derrière les nombreux «holdout buildings» qu’on aperçoit un peu partout à NYC? (Chaque cas est épique!) C’était quoi l’histoire derrière les Kim’s Video et où est maintenant tout son stock? (Essentiellement disparu, comme son propriétaire.)

Pour une femme qui, de son propre aveu, n’aime pas vraiment se retrouver dans un bar, cela ne l’a pas empêchée de nous rendre quelques belles pages sur les bars de la ville, d’hier à aujourd’hui (et comment, durant la prohibition, NYC à continuer à épancher la soif de ses citoyens.) On cherche à faire des explorations plus familiales? Pourquoi pas les plus anciennes boulangeries et pâtisseries de la ville? Comme presque la totalité des sujets qu’elle aborde, l’auteur consacre aussi quelques dessins à une section «Then and Now», où elle choisit d’illustrer un bâtiment à une époque passée et le même, maintenant (en 2016). Le contraste (ce qui veut souvent dire une perte importante dans la richesse décorative ou simplement esthétique) nous laisse souvent le souffle court. Et comment parler de NYC sans inclure une petite histoire originale du système de métro, de ses stations, des luttes contre les comportements antisociaux, etc.; tout cela est inclus, avec textes étoffés, images et dessins profonds à l’appui.

L’auteur clôt son volume avec de bonnes suggestions de lecture, des ressources en ligne et un itinéraire de ce qui était une des nombreuses variantes de sa longue marche. Presque une invitation, lors d’une prochaine visite!

Tags Tenement Towers & Trash, Julia Wertz, NYC, Urban history, Tenements, Série Housing in NYC

Hidden in plain sight

January 10, 2023 John Voisine
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The Decorated Tenement—How Immigrant Builders and Architects Transformed the Slum in the Gilded Age. Zachary J. Violette, University of Minnesota Press, 2019, 279 pages

Cette chronique fait partie de notre série Housing in NYC [4/5]

Il est plutôt difficile de trouver dans la littérature (architecturale, historique, urbaine, de santé publique ou sociologique) une perspective positive sur le sujet des tenements, ces immeubles à multiples logements, typiquement de 4-5 étages, souvent sans ascenseur, des équipements sanitaires parfois rudimentaires, mais avec des espaces commerciaux au rez-de-chaussée ou en demi-sous-sol.

Leur heure de gloire commence vers 1850-60, prend son élan vers 1880-90, avec cette dernière décennie comme l’apothéose de cette typologie urbaine, surtout à New York, mais aussi à Boston et d’autres villes de Nouvelle-Angleterre. Des modèles continueront d’être perfectionnés jusque dans la première décennie du 20e siècle, mais une série de changements, réglementaires et démographiques, entrainera un déclin précipité à l’orée de la Grande Guerre.

Quelques décennies plus tard, lorsque la tendance sera au Slum clearance et qu’on cherchera ainsi à faire de la place en ville pour les tours d’habitations «dans un parc» ou pour le passage des nouvelles autoroutes, c’est le plus souvent dans ces quartiers urbains structuré autour des tenements, densément habité et utilisé de façon productive, toujours caractérisé par une culture et une économie locale vigoureuse et au potentiel régénérateur puissant, qui seront tragiquement et terriblement rasés. L’urbanité perdue durant ces «grands chantiers», au nom de la modernité, est une perte qu’il est difficile de qualifier et qui nous fait probablement encore très mal. Comment pouvons-nous l’affirmer? Simplement parce que nous constatons que les quartiers urbains de ce type qui nous sont parvenus sont encore parmi les plus productives et dynamiques.

L’ironie cruelle est que même durant l’apogée dans la construction des tenements, entre 1880-1900, il n’y a jamais eu de moments où ce type de bâtiment recevait l’aval ou même un regard favorable de la par des classes intellectuelles influentes, que ce soit en architecture, en santé publique ou de la par des groupes progressistes ou religieux qui se donnaient comme mission de «sauver», matériellement et spirituellement, les classes urbaines laborieuses, le plus souvent aussi nouvellement immigré. Dans ce contexte, comment expliquer l’omniprésence, dans les quartiers urbains d’alors, des tenements et dans le meilleur des cas, des decorated tenements?

Sur les trace de The Decorated Tenement

C’est à cette étape qu’un livre comme celui de Monsieur Zachary J. Violette se présente en guide parfait afin de retrouver l’histoire perdue derrière cette typologie urbaine si répandue. Par sa mise en contexte (historique, sociologique, architectural, urbaine) qui ne connait pas vraiment de parallèle dans la littérature, on peut comprendre et enfin voir ces trésors urbains à échelle humaine telle que ses bâtisseurs les envisageaient et de la manière dont les gens qui choisissaient d’y vivre pouvaient les percevoir et les chérir.

Ces immeubles ont pour la plupart été construits par et pour la population immigrante d’Europe centrale et de l’Est (Russie, Pologne et territoire maintenant ukrainien) qui affluait alors dans la métropole américaine, pour fuir les pogroms, mais aussi pour exercer leurs entrepreneuriats, ce qui était impossible à cause des législations explicitement antisémites dans leur pays d’origine. Dans ce groupe d’immigrants pauvres, mais extrêmement industrieux, on trouvait des entrepreneurs en bâtiment, des architectes, mais aussi beaucoup d’hommes de métier. Grâce aux institutions financières propre à la communauté, il était possible d’effectuer les montages nécessaires au développement spéculatif, du type des decorated tenements.

Sur le plan démographique et sociologique, c’était aussi une population qui provenait de zones urbanisées, de villes à la population qui appréciait déjà fortement la culture urbaine. Cette attitude se combine à la volonté de communiquer esthétiquement, avec un bâtiment aux proportions élégantes et à la décoration culturellement évocatrice (autant en façade que sur les surfaces intérieures communes, dans les pièces privées d’apparat des logements et dans les locaux commerciaux) le prestige de l’appartenance à sa communauté dans cette nouvelle grande métropole.

Même dans ce contexte, comment expliquer ces formes élaborées sur des bâtiments spéculatifs destinés à une population immigrante aux ressources limitées? Parce que les bâtisseurs et les architectes étaient familiers avec l’école allemande de la production architecturale décorative industrialisée et standardisée naissante. Ces nouvelles populations urbaines en Amérique avaient beau être pauvres, elle voulait vivre dans un cadre urbain qui projetait dans le domaine public la dignité de leurs êtres et de leurs cultures. Les decorated tenements* en étaient l’incarnation, et bien plus.

Une lecture essentielle.


* En lisant ce livre, j’ai appris qu’il y avait un film, *batteries not included, datant de 1987 et produit par nul autre que Steven Spielberg qui se déroule autour d’un tenement building dans le East Village à Manhattan. Pas encore vue, mais toujours disponible sur Apple+, lorsque l’occasion se présentera!

Tags The Decorated Tenement, Zachary J. Violette, Tenements, NYC, Boston, Série Housing in NYC

From Tenements to Billionaires' Row*

November 21, 2022 John Voisine
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A History of Housing in New York City. Richard Plunz (Foreword by Kenneth T. Jackson), Columbia University Press, 2016 (Revised Edition), 460 p.

Cette chronique fait partie de notre série Housing in NYC [1/5]

Si rien d’autre, l’histoire de l’habitation à New York en est une tout en contraste. Comment pourrait-il en être autrement, dans une ville qui, depuis le 19e siècle, contient de façon si unique tous les pôles de l’humanité, du commerce, de l’industrie et de la vie intellectuelle et culturelle en Amérique du Nord? Centre de la production manufacturière, nœud de transport d’entreposage, capitale des affaires et de la finance, pôle du commerce, du design et de la mode, New York a malgré tout su, depuis l’instauration de son grid, contenir dans sa trame une juste part pour l’habitation. En commençant par les manoirs sur Fifth Avenue, les révolutionnaires appartements-hôtels ou «d’artistes», qui attiraient autant ces derniers qu’une frange de la classe moyenne qui aimait s’entourer de ces attributs. Souvent presque côte à côte, sur des terres encore non développées, une partie de la population vivait hors du système dans des shantytowns. Et toujours de façon contemporaine, les classes laborieuses vivaient et souvent travaillaient (le textile) dans des logements rudimentaires, les tenements du Lower East Side et des nouveaux outer-boroughs.

Mais il n’y a pas seulement la diversité des typologies qui caractérise New York, il y a les différentes écoles esthétiques et d’aménagement, de l’utilitaire à l’éclectique, en passant par le beaux-arts, l’art déco et après les années 1930, les incarnations plus ou moins satisfaisantes du modernisme appliqué au logement, sous forme de production privée ou aux conséquences encore plus tragiques, dans sa production publique (NYCHA). C’est aussi la ville qui a fait progresser autant les codes de construction que d’urbanisme, pas toujours pour le mieux.

La densité de New York, sur le plan démographique (forte immigration européenne de l’est et du sud, jusqu’à la fermeture des années 1920) et de la concentration géographique de certaines communautés, sont des facteurs positifs dans la mise en place de coopératives de solidarité durant les premières décennies du 20e siècle. De ces organismes militants naitront une série de grands ensembles d’habitations communautaires pour la classe moyenne, presque insurpassée à ce jour en matière de design, d’organisation et d’aménagement des espaces communs (intérieurs et extérieurs).

Sur les traces de A History of Housing in NYC

Ce livre contient la genèse de plusieurs adresses, connues et moins connues, emblématiques d’un type ou qui marque une évolution dans un genre ou une façon de se loger, et puisqu’il s’agit de New York, allant du plus pauvre au plus riche. Mais une des transformations qui m’occupe encore après cette lecture, probablement parce qu’elle marque un progrès toujours d’actualité, est la manière par laquelle certains groupes, principalement de la communauté juive du Lower East Side, sont passés des conditions difficiles des tenements à de nouveaux logements de type garden apartments, principalement dans les outer-boroughs (suivant l’ouverture de nouveaux corridors du métro). Organisée en associations de solidarité, comme la United Workers Cooperative, cette communauté en était arrivée, dans le courant de la deuxième décennie du 20e siècle, à avoir assez d’unité idéologique, d’influence politique et de cohésion financière pour piloter quelques vastes projets d’habitations collectifs d’un genre unique de ce côté de l’Atlantique. De par son organisation spatiale au pourtour de l’îlot urbain, avec des bâtiments d’habitations, de services communautaires et en son centre, un espace paysager aménagé, on cherchait à offrir des conditions d’habitation moderne tout en préservant le meilleur de l’esprit solidaire et communautaire qui caractérisait l’environnement urbain d’origine.

La grande dépression de la décennie 1930 et les tumultes de la Deuxième Guerre viendront assener un coup dur à l’organisation et au maintien des idéaux derrière ces groupes d’habitations. Les temps semblent pourtant mûrs pour une recapture actualisée et pérenne de ces implantations collectives**.

Cet ouvrage de Monsieur Richard Plunz est né de notes de cours pour un séminaire, durant les années 1980, à l’université Columbia. Publiée une première fois en 1992, cette dernière édition tient compte des développements qui rendent la proposition en logement toujours plus inaccessible. Il serait difficile de trouver un volume plus complet, autant dans sa chronologie que dans l’analyse historique, esthétique et fonctionnelle consacrée à chaque forme d’habitation. C’est une entrée en matière essentielle pour qui veut faire le tour des typologies new-yorkaises d’habitations et comprendre les contraintes, tendances urbaines et sociologiques (démographie, politique, mode de production et tenure), financières et réglementaires ayant une influence sur cette production.


* Billionnaires’ Row

** À ce sujet, voir le documentaire At Home in Utopia. Une belle façon de passer une heure.

Tags A History of Housing in NYC, Richard Plunz, Housing, NYC, Urban history, Tenements, Série Housing in NYC, United Housing Foundation (UHF)

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