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Wellington | Fabrique urbaine

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L'urbanisme en pratique

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URBS+ : Abréviation d’urbanisme, mais quand même un peu plus. Une revue hebdomadaire d’ouvrages et d’œuvres avec comme point commun un intérêt pour l’univers urbain, qui est aussi l’univers ultime de l’être humain.

Seule en équipe

October 30, 2025 John Voisine
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Combattre la gentrification—Témoignai d’une ex-conseillère municipale. Sophie Thiébaut, M éditeur, 2025, 254 page.

Série Élections municipales 2025

Il y a en moi un léger conflit en abordant cet ouvrage à ce moment précis, juste avant les élections de dimanche. Je me rappelle qu’au moment de lire ce livre (mes notes me renvoient au mois de juillet), j’avais été presque choqué par la terrible expérience que la politique municipale lui avait fait vivre et du coup affligé de constater qu’elle en avait pris pour douze ans en tant qu’élue. Ce qui rend encore plus perplexe est que cette expérience avait été, en grande partie, non pas le résultat d’une opposition de forces résolues à faire barrière à ses politiques, mais plutôt de la part de personnes qui étaient nominalement ses alliées, des membres élus de son parti ou encore pire, de la part d’une bureaucratie réfractaire.

Madame Sophie Thiébaut fut élue comme une des deux conseillères de l’arrondissement du Sud-Ouest (qui inclut les quartiers de Ville-Émard, Côte-Saint-Paul, Saint-Henri, Petite-Bourgogne, Griffintown et Pointe-Saint-Charles) pour trois mandats de 4 ans, de 2009 à 2021, pour un total de 12 ans, sous la bannière de Projet Montréal. Mis à part son premier mandat, son parti contrôlait le conseil d’arrondissement, et durant son dernier mandat (2017-21), était également au pouvoir à l’hôtel de ville de Montréal.

Durant cette même période, Projet Montréal, fondé dans presque le même sciage et regroupant plus ou moins la même coalition que le Rassemblement des citoyens de Montréal (RCM), est passé sous le contrôle de son fondateur, Richard Bergeron, au chef intérimaire que fut Luc Ferrandez et finalement celle qui remporta la mairie pour le parti, Valérie Plante. À la veille des élections de dimanche, Projet Montréal est sous la direction de Luc Rabouin, l’ex-bras droit de la mairesse et maire de l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal. Tout ça pour souligner à quel point Projet Montréal a connu plusieurs styles de direction et que cela pouvait difficilement faire autrement que de laisser des traces, pas toujours agréable, pour ceux qui ne se trouvaient pas du côté de la « clique » victorieuse.

Considérant le niveau de contrôle du parti sur toutes les instances municipales de Montréal (ville centre et arrondissements), cela donnait théoriquement beaucoup de pouvoir à qui voulait bien s’en servir à bon escient. Mais s’il faut en croire le récit que madame Thiébaut ici, on doit voir cette période comme celle d’un parti qui a trahi ses engagements et ses principes et du coup, ses militants et les personnes engagés, comme elle.

SANS EN FAIRE STRICTEMENT L’HISTOIRE d’une machination orchestrée par un parti (Projet Montréal) qui, d’un côté, une fois au pouvoir, se laisse capturer par la pensée magique règlementaire (incarné dans le désastre qu’est le Règlement pour une métropole mixte) et, de l’autre, des élus qui finissent, ironiquement, par se faire eux-mêmes capturer par le jeu des faveurs, autant de l’intérieur de la machine (contre des positions sur différentes commissions ou conseils) qu’envers certains commettants qui en déplace. C’est comme s’ils oubliaient qu’ils doivent leurs postes aux électeurs. Mais le doivent-ils vraiment? Quand on sait qu’au dernier scrutin municipal, à peine 38,32 % des électeurs s’étaient prononcés.

Toujours est-il que madame Thiébaut s’est très vite trouvée seule à défendre ce qu’elle croyait être le programme de son parti. Mais les autres membres de son équipe, et à premier titre le maire de l’arrondissement, ne semblaient pas vouloir emprunter le chemin qui devait conduire, selon elle, à la réalisation de leurs programmes. Encore plus injurieux, l’équipe du maire (ceci est en partie mon interprétation) semble avoir transmis, dans plusieurs dossiers, son mépris par rapport à la posture de l’élue. Des comportements hors du cadre professionnel, de la part de certains fonctionnaires (entre autres des urbanistes) en résultat. En fait, on peut donner cet ouvrage à toute personne qui aurait des questions sur comment il est facile de se retrouver isolé à l’intérieur d’une organisation dont on croyait partager les objectifs globaux. Plusieurs chemins peuvent être empruntés pour les atteindre, et c’est souvent en divergeant dans ceux-ci qu’on finit par se perdre.

Il n’empêche, pour recentrer sur ce qui se veut le fond nominal de l’ouvrage (Combattre la gentrification), les difficultés en logements sont clairement à la racine des enjeux municipaux de l’heure. Mais c’était aussi le cas lors des élections de 2009, de 2013, de 2017, de 2021 et c’est le cas maintenant, en 2025. Une période de 15 ans. Les solutions proposées par Projet Montréal ont même jadis raisonné. Mais, confronté au réel, les élus du parti, Valérie Plante en tête, se sont tourné vers des lubies bureaucratiques (règlementaire), pensant pouvoir ainsi n’investir rien en retour de quelque chose. Dans les faits, il faut municipaliser la solution (du logement) et se (re)mettre à bâtir!

Pourtant, à trois jours du vote, aucun parti n’offre cette option, dont l’efficacité est universelle et démontrée. Le bon temps pour s’engager sur ce chemin était hier, le meilleur temps est demain; à quand demain?

Tags Sophie Thiébaut, Série Élections municipales 2025, Politique municipale, Règlementation, Gentrification, Logements

Le libertaire municipal

October 23, 2025 John Voisine
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Trente ans de politique municipale—Plaidoyer pour une citoyenneté active. Marcel Sévigny, Les éditions écosociété, 2001, 283 pages.

Série Élections municipales 2025

Personne ne viendra prétendre que de faire de la politique municipale est une sinécure. De tous les paliers de gouvernement, c’est certainement celui où le représentant élu a le plus d’occasions d’interagir avec ses commettants dans la vie de tous les jours, dans la rue, à l’épicerie, à l’école même. C’est beaucoup plus difficile, comme pour un représentant provincial ou fédéral, de se cacher dans ces capitales respectives. De plus, le système de représentation municipal est Ô combien capricieux et particulier, autant durant la période couverte dans ce récit de vie en politique municipale, soit de la décennie 1970 à 2001, juste après les grandes fusions municipales. En tant que représentant au conseil municipal dans une ville aux structures archaïques comme Montréal l’était à la fin du règne du maire Jean Drapeau (1952-56/1960-1986), on dispose à la fois d’une position assez visible à l’intérieur de son district, mais ironiquement, à moins d’être un des membres sélects du conseil exécutif, assez peu de pouvoir pour vraiment régler des situations problématiques de manière systématique, si nécessaire. C’est le lot de tous les représentants municipaux, mais c’était particulièrement le cas dans les districts de Montréal durant le règne du maire Drapeau. Le parti du Rassemblement des citoyens de Montréal (RCM), en commençant dans les années 1970, a peu à peu réussi à faire une alliance assez improbable des forces progressistes, autant anglophone que francophone, ce qui était, en soi, un petit miracle. Ils ont ainsi réussi à faire élire quelques représentants au milieu des années 1970, pour finalement être presque balayé lors des élections de 1982. 1986 sera la bonne année, avec à sa tête la personnalité dynamique de Jean Doré, le RCM pouvait enfin implanter son programme progressiste, qui incluait la promesse-phare d’une décentralisation des pouvoirs décisionnels vers les quartiers-districts locaux.

Comme si le spectre de l’ancien maire Drapeau imprégnait encore l’hôtel de ville, il y aura vite un braquage autour de toutes ces anciennes promesses de dévolution, autrefois si centrale au RCM. Dans son ouvrage ici, monsieur Marcel Sévigny en fait le récit en tant que représentant élu du RCM pour le district de Pointe-Saint-Charles/Petite-Bourgogne, ayant vécu cet épisode de l’intérieur et en tant qu’un de ses acteurs principaux (avec trois de ses collègues élus). On lira cet ouvrage pour s’absorber d’une lutte du point de vue d’un « true believer » et, en ce sens, l’auteur ne déçoit jamais.

JE ME RAPPELLE VAGUEMENT, non pas du spécifique de la confrontation (je n’avais même pas l’âge adulte!), mais qu’une des amertumes récurrentes, lorsqu’on parle des huit ans de gouvernance du RCM, était cette promesse brisée de dévolution de certains pouvoirs vers des « conseils de quartiers » dans les districts locaux. Pour Marcel Sévigny, la concentration des pouvoirs fut une rupture irréconciliable. La première victoire du RCM, en 1986, fut comme une ère nouvelle, mais lors de sa défaite écrasante de 1994, autant la population que le parti étaient à bout du style de gestion « verbo-moteur » du maire Doré, et ce, malgré un travail honorable sur deux mandats. C’est aussi ça la cruauté de la politique municipale; à la fin de la période Drapeau, il fallait reprofessionnaliser l’appareil, un travail sans gloire, et qui s’effectuait au moment de forte compression budgétaire et de désinvestissements imposés par le fédéral et le provincial.

Les préoccupations de monsieur Sévigny durant cette période étaient, pour dire les choses charitablement, d’un autre ordre. Qualifiant sa vision « d’anarchiste », de « municipaliste libertaire » avec une inflexion d’écologiste sociale (1), sa principale raison pour réadhérer au RCM en 1986 (il avait quitté le parti en 1978) était essentiellement sur la base de cette promesse du RCM concernant la dévolution des pouvoirs municipaux. Bien entendu, selon l’auteur, ceci ne devait être qu’un premier pas vers une prise en charge et une autogestion populaire plus agressive du district. Dans le meilleur des mondes, les villes (si même cette unité politique devait continuer d’exister) seraient des fédérations de districts locaux autogérés, mais aussi socialement solidaires, tout en étant des centres de « contre-pouvoir » vis-à-vis de l’État (provincial et fédéral). J’espère faire une représentation juste de la position de l’auteur, mais je dois admettre avoir plusieurs fois décroché; on s’épuise vite à imaginer le travail colossal et les confrontations incessantes qui seraient nécessaires pour activer la moindre de ces instances de gouvernance locale telle qu’articulée par monsieur Sévigny. Ce sont certainement des constructions que l’auteur présente comme étant de gauche, solidaire et écologiste, mais sérieusement, ce n’est pas une gauche qu’un adhérent sincère souhaiterait voir se concrétiser. Il se qualifie aussi de « libertaire », et cela est de loin le vocable qui lui convient le mieux. Mais pourquoi avoir voulu imposer sur ses commettants, parmi les gens qui l’ont le moins facile (ceux de Pointe-Saint-Charles et de Petite-Bourgogne) une telle charge politique? Difficile de figurer.


(1) Pour ceux intéressés à l’épistémologie de la chose, Marcel Sévigny identifie le théoricien et historien Murray Bookchin et l’auteure Janet Biehl comme sources de sa lecture des solutions à apporter au contexte politique local. À ce niveau justement, il faisait partie de l’organisation parapluie Action-Gardien, bien connu dans Pointe-Saint-Charles.

Tags Trente ans de politique municipale, Marcel Sévigny, Politique municipale, Administration municipale, Série Élections municipales 2025

Forger la distinction

October 16, 2025 John Voisine
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Des sociétés distinctes—Gouverner les banlieues bourgeoises de Montréal, 1880-1939. Harold Bérubé, McGill-Queen’s University Press, 2014, 268 pages. Livre emprunté à la BAnQ et photocopié pour usage personnel.

Série Élections municipales 2025

Cette histoire de la naissance et de la maturation de trois banlieues de « prestige » sur l’île de Montréal est exactement du genre qui se fait trop peu dans la province. C’est aussi, il me semble, une échelle, celle des gouvernements locaux, qui est trop peu abordée, du moins autrement que sous la forme d’une chronique des évènements. Ainsi, on se demandera pourquoi se préoccuper, à part pour la rubrique des affaires courantes, de ce qui n’est, en finale, que des « créatures » de la législature provinciale. De plus, elles ont longtemps fonctionné comme des entités de type corporatif (on parlera même de « corporations » municipales), ou le suffrage n’est pas celui des citoyens dans son ensemble. Le « contrôle » démocratique était plutôt le lot d’une pseudoélite, détentrice des propriétés immobilières à l’intérieur des limites municipales. Cette histoire des villes est donc bien souvent celle d’une petite bourgeoisie locale aux ambitions myopiques, qui la plupart du temps se concluait par l’annexion à Montréal. Bien entendu, c’est aussi ce qui rend cette histoire légèrement mélancolique et tragique. Si on sait comment bien cadrer et restituer un peu de son exemplarité, elle peut parfois devenir illustrative des destinées spécifiques qui caractérisent un quartier urbain. Nous en avons eu quelques bons exemples dans les dernières semaines, avec des ouvrages sur les quartiers autour du canal de Lachine, comme Pointe-Saint-Charles, Petite-Bourgogne et Saint-Henri, ou au cœur même de l’île, avec le Mile End.

Les historiens qui se penchent sur l’échelle municipale et qui peuvent s’en servir pour porter une thèse qui illustre jusqu’à quel point une corporation municipale peut être un vecteur puissant dans la réalisation d’un idéal locale sont toujours les bienvenues. Les outils délégués à la corporation municipale par les codes et la législation provinciale, surtout lorsqu’exercé avec intentionnalité et diligence, dans une ambition commune par une élite locale déterminée, peuvent s’avérer d’une efficacité redoutable. Et, comme l’illustre dans son ouvrage l’historien et professeur bien connu de l’Université de Sherbrooke, monsieur Harold Bérubé, si cette élite restreinte est unie dans une volonté idéologique et politique spécifique de forger un milieu de vie urbain à son image, il était possible de construire un espace urbain qui se distinguait des villes et banlieues voisines. Westmount, Mont-Royal et Pointe-Claire sont encore de nos jours trois municipalités synonymes d’opulence domestique et de prestige civique. On découvre dans cet ouvrage comment cette élite bourgeoise s’est attelée à cette tâche de générer trois municipalités bien distinctes.

D’AUTRE OUVRAGES ONT CAPTURÉ l’histoire des promoteurs immobiliers dans le développement de l’espace urbain. Ici, l’auteur montre comment une certaine conception de l’idéal suburbain a réussi à se traduire dans l’armature réglementaire. C’est en étant porté par sa bourgeoisie locale (mais qui avait, dans la plupart des cas, des réseaux d’affaires presque pancanadienne, dans le cas de Westmount), avec le loisir, l’inclinaison et le prestige nécessaire pour prendre le contrôlent des organes de gouvernance de la corporation municipale. C’est aussi cette capacité des élites politiques municipales d’avancer de façon claire, concertée et continue dans le temps une vision distincte de ce qu’elles voulaient être et représentée, autant pour elles-mêmes que pour les autres, qui a rendu possible cette réglementation si bien adaptée à leurs aspirations. Pour Westmount, Mont-Royal et Pointe-Claire, c’est certainement cet outil standard de gouvernance municipal, utilisé de façon judicieuse et sophistiqué par cette élite, qui a permis d’orienter le développement urbain.

Ainsi, il va de soi que les enjeux se présentaient de manières bien différentes dans chacune des trois municipalités. Toutefois, dans l’ensemble, on idéalisait la vie suburbaine, avec en plus une idéalisation du contact privilégié qui devait se manifester avec la nature, le tout rendu possible par un éloignement et une séclusion relative par rapport à la ville. Dans le cas de Westmount, cette nature était celle du mont Royal. Dans le cas de Mont-Royal, celle d’une cité-jardin en devenir et à Pointe-Claire, dans l’ouest de l’île, un côté bord de l’eau et un côté de territoires agricoles. Un équilibre constant devait être maintenu entre un imaginaire suburbain « idyllique » et la nécessité de se doter d’un environnement urbain sophistiqué. Chaque ville a ainsi déployé ses énergies réglementaires à créer, maintenir et isoler sa communauté afin de réaliser l’illusion de cet idéal suburbain, en déployant avec agilité les pouvoirs qui leur étaient dévolus. Des pouvoirs de régie du milieu bâti avec des critères d’implantation, de design et de construction stricte ainsi qu’avec le zonage. Mais ces villes ne se contentaient pas de régir la pierre. Elles allaient jusqu’à adopter et à faire appliquer une réglementation sur les activités permises, les nuisances, des normes de comportement public, qui s’appliquaient aux résidents, oui, mais à tous les autres, surtout. Cela permettait même de ségréguer et d’exclure des gens qui ne pouvaient pas s’identifier comme faisant manifestement partie de la communauté.

Cette histoire magistrale des soixante premières années de trois des banlieues les plus prestigieuses de Montréal nous rappelle que le prix d’un idéal s’avère rarement neutre.

Tags Des sociétés distinctes, Harold Bérubé, Série Élections municipales 2025, Règlementation, Histoire urbaine, Banlieues, Administration municipale

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