• APPROCHE ET PRATIQUE
  • [ URBS + ]
  • [ VERDUN ]
  • [ OSU ]
  • CONTACT
Menu

Wellington | Fabrique urbaine

3516, rue Gertrude
Verdun, Québec H4G 1R3
514-761-1810
L'urbanisme en pratique

Your Custom Text Here

Wellington | Fabrique urbaine

  • APPROCHE ET PRATIQUE
  • [ URBS + ]
  • [ VERDUN ]
  • [ OSU ]
  • CONTACT

[ URBS + ]

URBS+ : Abréviation d’urbanisme, mais quand même un peu plus. Une revue hebdomadaire d’ouvrages et d’œuvres avec comme point commun un intérêt pour l’univers urbain, qui est aussi l’univers ultime de l’être humain.

À trente minutes de tout

May 16, 2023 John Voisine
IMG_0862.jpeg IMG_0864.jpeg IMG_0865.jpeg IMG_0866.jpeg

The 30-Minute City—Designing for Access. David M. Levinson, Network Design Lab, 2020, 114 pages. [Lu en format PDF]

Cette chronique est un bonus dans notre série Trans&Transit

On peut faire et parcourir beaucoup de distance en trente minutes. C’est un peu le propos de Monsieur David M. Levinson dans cet ouvrage, qui élargit dans la sphère opérationnelle les arguments avancés par Jonathan Levine sur l’accessibilité. Très différent toutefois de ce dernier, qui était un plaidoyer en faveur de cette notion par rapport à celle de mobilité comme la mesure de la capacité à se rendre à des destinations en tout genre, The 30-Minute City est plutôt un guide pratique dans l’amélioration «opérationnelle» des modes de déplacement. L’auteur met ainsi en évidence les gains importants en accessibilité que ceux-ci peuvent générer.

Puisqu’au-delà des débats creux autour de la pertinence d’aménager des villes de 15 minutes, il y a la réalité de nos vies qui se déroule dans des environnements où même le mieux situé des ménages, sur une rue résidentielle au cœur des quartiers centraux revitalisés ou contemporains, aura rarement l’opportunité d’accéder à quelques services pertinents que ce soit sans une dépense de temps inférieur à 20-25 minutes. Et l’on ne parle même pas ici des usages qui requièrent souvent, par leurs natures et l’échelle de leurs rayonnements, un investissement beaucoup plus important en temps ou en équipements lourds de transport, comme se rendre au travail ou l’éducation supérieure. La réalité, soulignée par l’auteur, est que d’œuvrer pour augmenter l’accessibilité dans l’espace urbain est assimilable à un travail de fond sur le plan économique et social. De cette façon, le plus grand nombre et une grande diversité de la population profitent d’une satisfaction personnelle et d’opportunités accrue de création d’une richesse collective.

Une incapacité d’atteindre une destination en 15 minutes n’est pourtant en rien un échec. C’est plutôt un constat sur la dégradation des environnements urbain, dévitaliser par manque de densité et aux prises avec la déstructuration engendrées par une accessibilité centrée sur l’automobile entre la résidence et la destination désirée. Entre ces deux points, à l’heure de pointe du matin, un automobiliste prendra 24 minutes et un utilisateur des transports en commun, environ 33 minutes. Comme on le voit, il n’en faudrait pas beaucoup pour réduire l’écart.

Sur les traces de The 30-Minute City

Au lieu de se laisser paralyser par la nécessité de reconstruire notre urbanité de fond en comble, comme les villes à 15 minutes pourraient nous le laisser envisager, ou de se dire que seuls les ménages déjà inscrits dans une trame urbaine dense et diversifiée seront en mesure de bénéficier des fruits de cette proximité, pourquoi ne pas envisager la situation autrement? Comme en améliorant la manière et les priorités dans l’offre de transport en commun et actif? C’est un peu la proposition que fait Monsieur Levinson dans cet ouvrage, allant même jusqu’à suggérer la mise en place d’une nouvelle catégorie professionnelle, celle «d’opérateur urbain». À l’inverse du «planificateur urbain» ou du généraliste qu’est l’urbaniste, l’opérateur urbain (urban operator) concentrerait sa pratique sur l’amélioration continue des services, des équipements ou des aménagements dans le but d’en extraire une plus grande efficacité et une meilleure connectivité des différents modes de transport en commun et actif. Plus généralement encore, son mandat s’étend au territoire métropolitain afin de faire fonctionner le système en un ensemble orienté vers la facilitation de l’accessibilité aux destinations stratégiques à toutes les échelles de la métropole. Concrètement, cela pourrait vouloir dire d’assurer qu’une plateforme d’embarquement soit accessible d’un bout à l’autre, que les feux de signalisation le long d’un corridor soient synchronisés en fonction des piétons, des cyclistes et du transport en commun, que les circuits d’autobus, de tramway et de trains soient intimement coordonnés sur un horaire cadencé fréquent à l’échelle locale et métropolitaine, comme l’a fait la Suisse à l’échelle locale, régionale et nationale.

L’auteur donne plusieurs autres exemples d’amélioration dans le rodage, en se concentrant sur la façon d’opérer les services collectifs. On bonifie l’efficacité de ceux-ci de l’ordre de quelques minutes, on facilite les transferts et l’on augmente la fréquence; c’est ainsi que toute l’accessibilité du territoire métropolitain, régional et local desservie par le transport collectif et actif peut commencer à jouer son rôle structurant. La ville de 30 minutes offre des choix modaux et une liberté inégalée à ses citoyens parce qu’elle priorise stratégiquement, partout sur son territoire, l’accessibilité en modes collectif et actif.

Tags The 30-Minute City, David M. Levinson, Urban Transit, Accessibility, Urban Operations

Accessibility Over Mobility

January 27, 2023 John Voisine
IMG_0340.jpeg IMG_0341.jpeg IMG_0342.jpeg IMG_0343.jpeg

From Mobility to Accessibility—Transforming Urban Transportation and Land-Use Planning. Jonathan Levine & al., Cornell University, 2019, 240 pages.

Cette chronique fait partie de notre série Trans&Transit [2/9]

J’avais souvent eu un certain malaise par rapport au paradigme dominant de la «mobilité» dans les domaines de la planification ou des études d’impacts en transport, d’autant plus que cette notion semble mettre l’emphase sur le déplacement comme mesure principale de l’efficacité d’un système routier ou des transports collectifs. Comme si ces déplacements devenaient l’objectif premier d’une politique en transport. Ainsi, n’est-ce pas plutôt les bénéfices de l’accessibilité à des destinations (pour les opportunités d’emplois, de services ou de divertissements) qui devraient centrer les intentions d’une politique qui mérite nos investissements publics ou privés? En plus d’englober des notions de forme urbaine comme la connectivité et la proximité, l’accessibilité est aussi une façon d’assurer une distribution équitable des équipements publics et des activités économiques.

Pourtant, quand on regarde les plans et politiques qui se font au niveau provincial (comme la Politique de mobilité durable — 2030 du ministère des Transports et de la Mobilité durable), municipal (le Plan d’urbanisme et de mobilité 2050 de la Ville de Montréal), au niveau métropolitain (l’ARTM a adopté son Plan stratégique de développement du transport collectif 2021-2035*, dont le premier titre en préambule est «[L] a mobilité durable, pour soutenir la transition écologique et la vitalité économique de notre région»), des sociétés de transport (le sous-titre du Plan stratégique organisationnel — 2025 de la STM est : L’excellence en mobilité) et même des arrondissements (le document de Verdun s’intitule : Plan local de déplacements, où déplacements est simplement un autre mot pour mobilité), on croirait vivre dans un monde où la bougeotte (la mobilité) est un bien en soi et digne de nos fonds publics. Aurions-nous ainsi découvert un nouveau générateur de dynamisme et de prospérité économique?

Évidemment, ceci est un non-sens. Mais on devine aisément pourquoi tous ces plans de mobilité (on ajoute souvent l’adjectif durable, pour mieux faire oublier l’absurde) sont nos documents de référence. Il est tellement plus facile de trouver des mesures de la mobilité, et avec ces résultats, on arrive à des conclusions et on propose des solutions qui ne mettent jamais en cause nos modes de développement basé sur l’automobile et son corollaire, l’étalement.

Sur les traces de From Mobility to Accessibility

C’est donc bien un des objectifs du livre du professeur Jonathan Levine, nous sortir un peu du cadre simpliste et biaisé de la mobilité comme instrument de mesure et outil de prise de décision en transport public et actif, évidemment, mais surtout en ce qui concerne l’utilisation du sol et le zonage. En se servant toujours et encore des indicateurs de mobilité, on passe à côté des véritables bénéfices d’un réseau de transport, c’est-à-dire la capacité d’atteindre aisément une destination dans l’espace métropolitain. C’est la notion d’accessibilité qui englobe la mobilité, la proximité et la connectivité dans l’espace urbain, et ceci de manière agnostique par rapport au mode de transport utilisé. Les instruments de mesure de l’accessibilité des destinations urbaines vont utiliser comme intrant des éléments de calcul de la mobilité selon plusieurs modes (véhicule automobile, autobus, métro, marche, vélo, etc.), mais puisque la notion d’accessibilité inclut toujours aussi des mesures de proximité et de connectivité, on se retrouve avec une perspective plus complète et beaucoup moins biaisée en faveur d’un mode (l’automobile) et les formes de développement urbain qu’une telle logique finie toujours par privilégier, c’est-à-dire l’étalement.

Bien entendu, on essayera de dissimuler ou de pallier à cette conclusion immanquable engendrée par la recherche de mobilité en y ajoutant le mot durable, pour mieux former l’expression pince-sans-rire de mobilité durable, mais vraiment, comment imaginer qu’il est possible de produire une urbanité durable avec la même logique qui sert à justifier l’accroissement de la capacité routière, à garantir la fluidité de la circulation (automobile) et qui est un des piliers de l’opposition NIMBY face au développement de nouveaux logements (surtout abordables)? Le transfert de nos pratiques d’analyses de type mobilité vers des analyses d’accessibilité permettrait d’ouvrir le débat sur ce qui compte vraiment, soit la possibilité de vivre dans un environnement urbain riche en destinations utiles et désirées, d’avoir des discussions franches sur les moyens de mise en œuvre et de s’assurer d’en coordonner les bénéfices avec plus grand nombre. Ce livre permet de nous outiller en ce sens et constitue la première assise dans ce travail.



* (2023-01-31) Je viens d’apprendre que la Communauté métropolitaine de Québec (CMQ) à adopter le 19 janvier dernier sa Vision métropolitaine de la mobilité durable à l’horizon 2041. Toutes les bonnes formulations y sont (on y parle bien de « libre déplacement des citoyens » et « d’une planification intégrée du territoire et des transports »), mais encore une fois, comment imaginer qu’une « vision » encapsuler dans un vocabulaire de « mobilité » pourra aboutir à autre chose que plus d’autoroutes et une forme urbaine toujours plus dispersée, surtout dans la région de Québec ? Doit-on vraiment rappeler que le troisième lien est encore en développement actif ?

Tags From Mobility to Accessibility, Jonathan Levine, Accessibility, Urban Transit, Urban Form

514-761-1810

© 2017-2025 | Wellington | Fabrique urbaine | Urban Workshop inc.