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Wellington | Fabrique urbaine

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L'urbanisme en pratique

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URBS+ : Abréviation d’urbanisme, mais quand même un peu plus. Une revue hebdomadaire d’ouvrages et d’œuvres avec comme point commun un intérêt pour l’univers urbain, qui est aussi l’univers ultime de l’être humain.

Urban Swindle

February 24, 2022 John Voisine
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Big-Box Swindle—The True Cost of Mega-Retailers and the Fight for America’s Independent Businesses. Stacy Mitchell, Beacon Press, 2007, 336 pages. [Lu sur application Kindle]

Il y a certainement plusieurs causes pour le dépérissement économique et la déstructuration fonctionnelle des «main streets» (rues principales) traditionnelles et dans une moindre mesure, des centres-villes. Mais parmi celles qui s’échappaient un peu trop souvent à bon compte, on retrouve les grandes surfaces, plus communément identifiées comme les «big-box» ou mégachaînes de ce monde, à la Wal-Mart, Home Depot, Costco et les quelques autres dans cette ligue. 

Mais comment leur faire un tel reproche? Ces chaînes ne proposent-elles pas tout ce que le citoyen-consommateur veut, où et quand il le veut, et au meilleur prix? Leur efficacité et leur génie logistique ne sont-elles pas mises au service des meilleurs prix, en tout temps et en toute saison? Est-il vraiment pertinent, de la part des autorités publiques (municipales, régionales et provinciales), parfois alertées par des groupes de citoyens, d’être vigilant et sceptique face aux promesses de progrès et de croissance économique faits par les mégachaînes? Si ces commerces offrent autant de bénéfices, pourquoi demandent-ils toujours des contributions, des concessions ou des subventions (directes ou indirectes) de la part des municipalités ou de la province? Les autorités n’auraient-elles pas intérêt, dans leurs schémas et plans d’urbanismes (vision d’aménagement) et de manière opérationnelle dans leurs réglementations, à tenter de limiter l’envergure ou d’encadrer l’installation de ces mégachaînes dans leurs régions?

Même si ce livre a été publié en 2007 et rend compte d’une situation en évolution avant cette date, l’analyse des conséquences d’un développement axé autour des mégachaînes est plus que jamais d’actualité. On reconnaîtra les moments cruciaux où différents groupes, aux intérêts parfois divergents (chambres de commerces, de préservation du patrimoine, de promotion artistique), ont commencé à comprendre que les mégachaînes constituaient plus qu’une simple menace commerciale, mais représentaient surtout une forme économique essentiellement extractive, sans valeur ajoutée locale ou régionale. Il en découle donc souvent, pour les villes et régions visées, une forme de nivellement par le bas accompagnée d’un désinvestissement, d’une perte dans la diversité et la résilience de l’activité économique et sociale locale, le tout associé à une dévitalisation des centres économiques locaux (centres-villes, rues principales et commerciales).  

Sur les traces de Big-Box Swindle

Un des avantages de l’ouvrage est de remettre sur la table les efforts des gens d’une autre époque, confrontés aux effets négatifs des grandes chaînes. Dans les années 1920-30 aux États-Unis, plusieurs interventions, dont le Robinson-Patman Act au niveau fédéral, avaient réussi à contrôler l’emprise des grandes chaînes (comme Woolworth et A&P). D’autres efforts militants étaient parvenus, entre autres par la syndicalisation, à améliorer substantiellement la condition de leurs travailleurs (surtout dans le domaine alimentaire). En 1946, il y a même eu des audiences devant un «Special Committee to Study the Problem of American Small Business», au Sénat américain. Les études publiées dans le cadre de ces audiences démontraient la force et la valeur d’une économie locale qui prend racine dans sa communauté. Quand la croissance peut se faire à partir de noyaux urbains (centres-villes, rues principales, artères commerciales), il en découle souvent une participation civique plus vigoureuse, une meilleure capacité à créer de la richesse (matérielle et foncière) sur le long terme, avec une diversité d’acteurs et généralement un plus grand capital social dans la communauté.      

L’installation de mégachaînes (mégasurfaces + stationnements) occasionne un effritement de ce capital. Les mégachaînes, de par leurs tailles, jugulent, étouffent et engendrent la ruine de l’écosystème économique local. Pour y parvenir, il y aura l’utilisation, par ces mégachaînes, de bas prix extrême sur des articles phares et, sous un même toit, une offre commerciale extensive afin de capturer la totalité de celle-ci à l’échelle régionale. En parallèle, on assistera à une perte d’emplois solides et une diminution globale de la masse salariale. 

Il n’est pas sorcier de reprendre le contrôle, et ce livre est une excellente source d’exemples et de démarches ayant porté des fruits. Ces dernières années, l’auteure et son organisation ont été très présentes sur cette scène. Une recherche sur un site Web de nouvelles (NPR) et un autre faisant cause commune (Strong Towns) offrent autant de ressources pour actualiser l’ouvrage. 

La difficulté est toujours la même, celle d’une action collective profitable à tous, mais pas sur le même horizon temporel (ou jamais). Même une métropole comme Montréal devra faire face à des dommages importants à l’écosystème urbain de son centre-ville et à ses artères commerciales si un projet comme le Royalmount se concrétise. 

J’ai fais une chronique du livre et mouvement Strong Towns ici (2020/11/16)

Note : les prochaines chroniques seront maintenant publiées les jeudis de chaque semaine.

Tags Big-Box Swindle, Stacy Mitchell, Big-Box retail, Downtowns, Urban Economy

Le centre

June 28, 2021 John Voisine
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City—Rediscovering the Center. William H. Whyte, foreword by Pace Underhill, University of Pennsylvania Press, (1988), 2009, 288 pages.

Il est maintenant normal pour tout professionnel de l’urbanisme, du design urbain ou de l’architecture de sortir avec un bloc-notes/sketchpad, un appareil photo (cellulaire), et d’aller passer un moment « sur le terrain », pour prendre le pouls d’un environnement urbain. On cherchera alors à absorber un peu de sa dynamique et de son énergie (ou de l’absence de celle-ci). Une équipe dédiée pourra ainsi mieux assimiler les particularités du lieu et, dans la meilleure des situations, proposer des approches pour mettre en valeur ses lignes de force et remédier à ses faiblesses. L’étape essentielle ici étant une observation sensible et factuelle, sous plusieurs angles et dans diverses conditions, de la réalité de l’espace. Pour reprendre un yogiberrisme trop évident, c’est fou tout ce qu’on peut voir juste en regardant.

Les études de cas et les analyses contenues dans cet ouvrage découlent essentiellement de la situation des plazas immobilière et des « pocket parks » que l’on retrouve à New York. Après l’érection du Seagram Building et du succès de sa plaza, NYC a inscrit dans son code de zonage l’obligation pour les promoteurs de fournir des places similaires. Loin de se révéler des phénomènes urbains dynamiques et fréquentés, comme pour la « place mère » du Seagram, plusieurs autres demeuraient sous-utilisés ou même déserts. Mais pourquoi au juste ?

C’est un peu le mandat de répondre à cette question que l’auteur et son équipe se sont vues attribuer à la fin des années 1960 et lors d’autres engagements similaires qui se sont poursuivis jusque durant les années 1980. En fixant caméras et appareils cinématographiques pour capturer les interactions et les agissements « naturels » de la faune citadine, que ce soit sur une plaza, une intersection, ou dans une oasis comme le Paley Park, William H. Whyte, et son groupe on mit en évidence les configurations les plus favorables à la présence et à la satisfaction des urbains. Qui eût cru, par exemple, que de simples tables et chaises pouvant être disposées au plaisir des usagers puissent être l’assise d’un espace attractif et fréquenté ? C’est cette documentation méticuleuse des comportements et de l’usage réel que les gens font de leurs villes qui sont à la base des recommandations contenues dans l’ouvrage.

Sur les traces de City—Rediscovering the Center

Ce livre de William H. Whyte, maintenant un classique, nous rappelle que ces outils de mesure et d’analyse, en appuis au design, ont été longs à prendre leurs places. Et malheureusement, trop souvent, les conclusions qui en ressortent sont difficiles à implanter. En plus d’avoir à confronter une certaine « arrogance conceptuelle » face à l’existant (pourquoi changer ce qui existe déjà ?), on constate aussi une forme d’inertie, un « confort sécurisant » qui découle de l’habitude. Elle persiste même une fois les erreurs diagnostiquées et l’échec du design admis de tous. Whyte donne plusieurs exemples paradoxaux de ces environnements urbains aménagés et simultanément « laissés en friche ». S’y installe une indifférence devant le dynamisme urbain qui s’étiole.

Le plaidoyer principal de l’ouvrage est en faveur d’une ville où les citoyens sont présents parce qu’il existe une concentration de services, d’attractions, d’emplois et de milieux de vie diversifiés qui le justifie. Mais surtout, un environnement urbain conçut, pensé et entretenu de façon à favoriser l’interaction humaine, les rencontres de personne à personne, le tout sur une base quatre saisons. L’ingrédient premier pour allumer cette magie de la ville est l’intégration d’espaces urbains où les gens se sentent en contrôle, partie prenante et participant à part entière dans l’urbanité qui les entoure.

William H. (« Holly » pour ses amis) Whyte n’a pas seulement laissé sa marque dans le domaine de l’enquête terrain socio-urbaine ; il a commencé sa carrière avec un livre qui fait encore école dans le monde de la gestion, The Organization Man (1956). Peu de temps après, il était l’éditeur d’un collectif, The Exploding Metropolis (1958) ; on y trouve un texte de Jane Jacobs.

Si les techniques, les méthodes et l’approche générale déployées par Whyte peuvent sembler familières, c’est certainement en raison de la popularité d’un ouvrage comme Life Between Buildings (1987, pour la traduction) de l’architecte danois Jan Gehl. Whyte note d’ailleurs la similarité de leur approche et la concordance des observations. En 1980, Whyte publiait The Social Life of Small Urban Spaces ; si l’on cherche, il est possible de trouver le film/documentaire qui l’accompagnait. Il y a quelques années, Streetfilms en a aussi fait un excellent résumé de trois minutes.

Note 1 : Publié une première fois le 20 décembre 2021

Note 2 (2022-03-29) : Un article sur l’actualité toujours brûlante de son oeuvre et d’une nouvelle biographie qui vient juste de paraitre : William H. Whyte : Still Relevant After All These Years.

Tags Rediscovering the Center, William H. Whyte, Downtowns, New York City, Urban Design, Série William H. Whyte

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