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Wellington | Fabrique urbaine

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L'urbanisme en pratique

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URBS+ : Abréviation d’urbanisme, mais quand même un peu plus. Une revue hebdomadaire d’ouvrages et d’œuvres avec comme point commun un intérêt pour l’univers urbain, qui est aussi l’univers ultime de l’être humain.

Se donner

July 11, 2024 John Voisine
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The Organization man. William H. Whyte, foreword by Joseph Nocera, University of Pennsylvania Press, 1956 (2002), 429 pages.

Cette chronique fait partie d’une série sur l’auteur urbain William H. Whyte (1917-1999)

This book is about the organization man. C’est avec cette phrase simple et affirmative, caractéristique des écrits de William H. Whyte, que débute ce livre qui, avec le néologisme composé « organization man », inventé par l’auteur, finira par définir un genre, une époque et certainement les hommes de cette classe. Ils se porteront en étendard d’une génération et au-delà, comme l’avant-garde d’un nouveau type, à la fois bien distinctif, mais qui, par définition, se fond dans le groupe pour devenir un composite quasi anonyme. Le « organization man » que nous rencontrons ici pour la première fois est celui qui nous semble maintenant si trompeusement familier, grâce à des œuvres contemporaines comme The Man in the Gray Flannel Suit (cité dans The Organization Man); ou torturé par une existence en demi-teinte, on le retrouve dans Revolutionary Road et bien sûr, on retourne à cette riche veine dans une série qui nous est contemporaine, comme Mad Men [1], pour ne nommer que ceux qui nous seront familiers. Que le type persiste en tant que représentation d’une époque, même soixante ans après son installation dans l’imaginaire de nos sociétés américaines en dit beaucoup sur sa capacité pérenne à modeler nos environnements, autant métaphorique que physique.

Pourtant, ce que nous croyons être cette familiarité est probablement ce qui masque encore si bien le véritable propos que voulait nous livrer Holly Whyte. Oui, l’homme de l’organisation, comme nous l’appellerons ici, était clairement un genre nouveau de travailleur. Ni tout à fait un col blanc professionnel, certainement pas un homme de plancher (un col bleu) sur la chaine de production, mais pas vraiment un leader et encore moins un capitaine d’industrie. Il ne jouait plus en tous points le rôle de simple « chemise blanche » du travailleur de bureau en entreprise d’avant la Deuxième Guerre. Ces hommes, qui avaient combattu en tant que soldats ou officiers juniors dans cette guerre aux contours moraux sans ambiguïté ou qui venaient juste d’atteindre l’âge adulte à sa sortie, étaient maintenant engagés dans une autre forme de conscription collective. Mais durant cette nouvelle décennie d’après-guerre, on allait plutôt s’attaquer à fournir aux nouveaux consommateurs issus de ce conflit un maximum de biens, les meilleurs services et la fine pointe des innovations techniques et scientifiques. Tout ça dans une société aux vertus saines et solides, incontestables.

Cet esprit de corps dans la mission et la fidélité dans l’enthousiasme envers « l’organisation » sont véritablement des caractéristiques de cette classe.

Sur les traces de The Organization Man

Dans une société qui se voulait pourtant dynamique et capitaliste, ce choc des saines vertus collectives, qui se construisaient grâce à un dévouement coopératif qui mettait en veilleuse les nuances individuelles, est au cœur des tensions irrépressibles diagnostiquées par l’auteur. Non seulement l’homme de l’organisation est-il prêt à étouffer une partie de sa personnalité pour le bien du groupe et à donner son temps et le meilleur de lui-même à la tâche, mais surtout, à garder pour lui ce qui le rend distinctif (d’où la caricature de l’uniforme gris—The Gray Flannel Suit), mais encore, on l’aura convaincu de le faire avec enthousiasme et zèle. Holly White démontre qu’une suite d’instruments ont été détournés de leur utilité première (dans le domaine des analyses psychologiques) pour servir à choisir de la masse des hommes, ceux qui se mouleront au service de l’organisation. Surtout, il brosse le tableau des conséquences de cet état de fait, en ce qui a trait aux possibilités d’avancement scientifique fondamental, autant dans les sciences techniques que des connaissances humaines. En sélectionnant pour la conformité à l’adaptabilité organisationnelle, lorsque c’est le contraire qui devrait être la norme, ont se trouve à augmenter dramatiquement les risques de stagnation. L’auteur cite deux cas, en forme de contre-exemple : General Electric et Bell Labs. Il faut donc souligner que Whyte ne cherche pas seulement à faire le portrait de cette situation troublante, mais que l’ouvrage constitue surtout un appel à dépasser ce confort rassurant et trompeusement harmonieux de « groupthink » des milieux organisationnels.

En plus du portrait de l’homme de l’organisation dans son milieu « naturel », les derniers chapitres, regroupés dans la partie VII—The New Suburbia: Organization Man at Home, vaut à lui seul le détour. L’auteur montre comment ces premières « package communities » (dans le cas présent, la récente banlieue de Park Forest), ont vite évoluées, en symbiose avec les besoins et les aspirations de cette nouvelle classe de la classe moyenne, essentiellement composés de familles nucléaires blanches (papa au travail, maman à la maison, souvent une voiture, très rarement deux, mais avec un enfant au minimum). Ce sont des communautés qui se voulaient « classless », mais surtout pas « colorblind », allant jusqu’à faire de la piscine communautaire un club privé, pour ne pas avoir à accueillir les jeunes noirs de la ville de Chicago, toute proche.

Malgré les presque 70 ans écoulés depuis la parution de l’ouvrage, toujours un propos terriblement pertinent.


[1] Les hommes représentés dans la série Mad Men ne sont pas exactement des « Organization Men », surtout parce qu’ils bénéficient d’une capacité de « self-actualization » dont l’homme moyen dans une organisation, même durant l’époque de gloire de « l’Organization Man », ne peut que rêver.

Tags The Organization Man, Sociologie du travail, Psychologie organisationnelle, Suburbia, Série William H. Whyte

Urb en vacances | Août 2022

August 23, 2022 John Voisine
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La ville qu’on a bâtie. Trente ans au service de l’urbanisme et de l’habitation à Montréal, 1956-1986 (Préface de Bernard Lamarre). Guy R. Legault, Liber, 2002, 264 pages.

Fighting from Home. The Second World War in Verdun, Quebec. Serge Marc Durflinger, UBC Press, 2006, 279 pages.

City Unique. Montreal Days and Nights in the 1940s and ‘50s. William Weintraub, Robin Brass Studio, 2004, 332 pages.

American Urbanist. How William H. Whyte’s Unconventional Wisdom Reshaped Public Life. Richard K. Rein, Island Press, 2022, 335 pages et The Organization Man (Foreword by Joseph Nocera). William H. Whyte, University of Pennsylvania Press, (1956) 2002, 427 pages.

Sixteen Ways to Defend A Walled City. K. J. Parker, Orbit, 2019, 377 pages [e-book lu sur l’application Kindle]

Nous en somme presque à la fin de ce mois de vacances, et que nous reste-t-il sur nos tables de lecture? Dans mon cas, encore trop de choses entamées et qui, à chaque fois que je viens pour faire un choix, se réclament tous plus ardemment les uns que les autres pour une poursuite de la lecture. Au moins pour le moment, pas de dud mouillé. Il y a même 2-3 standouts, où le sacrifice est dans l’arrêt de la lecture. Mais trêve d’introduction, voici les livres qui auront égayé mes vacances cet été.

Après notre série sur l’habitation, j’étais curieux de lire ce compte rendu d’un des pionniers de l’habitation publique montréalaise. Monsieur Guy R. Legault fut de la génération qui a eu la chance de se trouver au bon endroit au bon moment (période de la Révolution tranquille et les années 1970) et qui a su, avec force, implanter les nouveaux mandats qui leur étaient confiés; dans son cas, monter un Service de l’habitation, devenu une référence dans le domaine. Sa description du rôle fondamental joué par les programmes de rénovation des logements et des bâtiments (triplex et leurs dépendances [hangar], si vétustes) est, me semble-t-il, trop souvent passée sous silence; nous n’aurions probablement plus un patrimoine de quartiers anciens et centraux mixtes (duplex, triplex, multiplex) si dynamique sans eux. Ce sont là des enseignements toujours pertinents.

Maintenant pour deux livres qui se recoupent par la période, mais qui ne pourraient être plus différents sur le plan de l’angle de couverture. Le premier, une histoire singulière de la mobilisation militaire et civile des autorités municipales et des habitants de la Ville de Verdun durant le deuxième conflit mondial. Verdun était déjà reconnu comme la ville ayant, proportionnellement à sa population, le plus contribué, sur le plan humain, à la mobilisation durant la Grande Guerre, et cette tradition se poursuivra vingt ans plus tard lors de la Deuxième Guerre. Pourquoi? Essentiellement parce que le Verdun de cette époque était majoritairement composé d’habitant issu de l’immigration britannique. Le nouveau maire élu à l’orée de la guerre, Edward Wilson (qui remplace un francophone à la sauce Camillien Houde, Hervé Ferland), jouera un rôle si unique, en créant entre autres le Mayor’s Cigarette Fund for Verdun Soldiers Overseas, qu’il sera reconduit d’élection en élection jusqu’en 1960. En tant que Montréalais ayant des racines familiales à Verdun et qui y vit depuis presque 10 ans, cet ouvrage est un incontournable. Pour une histoire personnelle et intime du Montréal mythique des années 1940-50, difficile de faire mieux qu’avec le page-turner écrit par William Weintraub. Ce Montréal est définitivement révolu, et lorsque lu en parallèle avec l’ouvrage précédent, il n’y a pas d’autre façon de le voir, les temps changent, et certainement, dans ce cas, pour le mieux! La vie urbaine en général était plus brutale, les (rares) plaisirs plus rustiques (même les plus sophistiqués!); la cohabitation entre les différents groupes (ethnique et linguistique) se voilait d’une animosité nourrie d’ignorance. Cela dit, tout ça est décrit d’une plume vive et avec la force d’un traveling cinématographique. À parcourir avec plaisir si on en trouve un exemplaire, au hasard d’une librairie d’occasion.

L’œuvre diversifiée et en quelque sorte pionnière de William H. Whyte est toujours une source de fascination et de plaisir. Alors, je ne pouvais faire autrement que de sauter sur cette toute nouvelle biographie : American Urbanist. Pour un homme qui n’a jamais eu la moindre formation en ce sens, mais qui est pourtant devenu, au fil de son travail, une des meilleures références dans le domaine, cette biographie permet de positionner l’homme par rapport à sa contribution et de mieux apprécier la force et l’originalité qui l’ont toujours caractérisé, autant dans ses méthodes que dans la présentation de ses résultats. Aussi, je viens enfin de commencer son classique, The Organization Man. Dès le deuxième chapitre, il démontre comment, déjà depuis la fin du 19e siècle, la montée des corporations et autre gros conglomérat (a but lucratif, à gouvernance et identité propre) sonnent le glas de l’éthique protestante. Pas mal pour un futur urbaniste!

Finalement, un moment de fiction & fantaisie avec Sixteen Ways to Defend a Walled City. Quel redblooded urbaniste voudra résister à un titre pareil? Certainement pas moi, et c’est bien ainsi puisqu’à peine rendu à la moitié et j’aimerais me rendre d’un trait à la fin, tellement l’histoire agrippe. Le vibe de la capitale fortifiée et assiégée, de la stratification sociale au système impérial, a quelque chose de byzantin (Constantinople juste avant la chute), mais l’histoire et les personnages sont d’un autre monde, même si toute la physique matérielle est terrestre. Dans le même genre, plus fantaisiste, mais mieux construit sur le plan social, je recommande fortement The Goblin Emperor. Pourquoi pas les deux à la plage!

Peu importe le choix, belles vacances et bonne lecture (urbaine!).

Tags Vacances août 2022, Guy R. Legault, Fighting from Home, City Unique, American Urbanist, The Organization Man, Sixteen Ways to Defend a Walled City

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