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Wellington | Fabrique urbaine

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L'urbanisme en pratique

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URBS+ : Abréviation d’urbanisme, mais quand même un peu plus. Une revue hebdomadaire d’ouvrages et d’œuvres avec comme point commun un intérêt pour l’univers urbain, qui est aussi l’univers ultime de l’être humain.

Saving the Day

November 1, 2021 John Voisine
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Saving the City. The Challenge of Transforming a Modern Metropolis. Daniel Sanger, Véhicule Press, 2021, 300 pages. [Lu en format e-pub sur Apple Books]

On dit souvent que le journalisme peut être assimilé à une première version de l’histoire. Dans cette veine, Saving the City se veut une première version de l’histoire de Projet Montréal et des gens qui l’ont fait naître, exister et dans le meilleur des arrondissements, agir pour le bien de la collectivité. Le parti et ses membres peuvent maintenant se compter parmi les rares bénéficiaires d’une histoire à la fois très personnelle et politique de tous les acteurs ayant le moindrement agi sur le cours de son histoire ; de ses origines au milieu de la première décennie du 21e siècle jusqu’à ce printemps et le début de cette campagne électorale municipale qui s’achève.

Comme lecteur, le récit que Daniel Sanger a réussi à en tirer est des plus habile, fait d’une part de la connaissance unique qui vient avec le privilège d’avoir été un des participants de la première heure et d’autre part, de l’accès qui lui a été accordé par la suite par les principaux acteurs impliqués. Projet Montréal, comme tout parti ou mouvement, est avant tout une coalition de gens désirant trouver un véhicule afin de réaliser certaines politiques jugées être dans l’intérêt de la cité et du public. Mais au niveau municipal, surtout dans une ville politiquement complexe comme Montréal, les regroupements pouvant unifier autant les gens des arrondissements centraux que ceux de la périphérie (est ou ouest) sont rares, fragiles et éphémères. C’est la principale raison que dans l’histoire de Montréal, la plupart des coalitions se sont formées autour «d’hommes du moment», que ce soit Drapeau, Bourque ou Tremblay. S’ils existent même encore, après leurs départs de la scène, leurs partis municipaux deviennent rapidement des coquilles vides. La seule exception à cette règle a été le RCM, qui était une vraie coalition d’intérêts translinguistique (anglo-franco), avec une vraie présence «indigène» au centre, à l’est et à l’ouest de la ville.

Sur le plan politique municipal, dans notre monde contemporain, le seul parti qui réussit (mais pas tout à fait) à reproduire des éléments (fragiles) de cet assemblage porteur est certainement Projet Montréal, que d’aucuns appelle même un «RCM 2.0». À l’inverse, le RCM peut être figuré comme un «proto-Projet-Montréal» (p. 19).

Sur les traces de Saving the City

On présente souvent Projet Montréal comme la «créature» de Richard Bergeron, et même s’il est vrai qu’il en a été le chef fondateur, et qu’une partie des premiers adhérents ont été attirés par sa vision de tramways urbains partout, pour tout et comme solution à tout les maux de «mobilités», autant (sinon bien plus) de gens se sont regroupés dans le parti parce qu’il était essentiellement le seul véhicule pour une vision plus progressiste, éclairée et humaine du développement, de l’aménagement urbain et de l’urbanisme en général. En fait, c’est avec cette histoire à la première personne racontée avec brio dans Saving the City que l’on apprend ce que la plupart des gens, observateurs de la scène politique montréalaise devinaient bien «from the outside» : Richard Bergeron fut son propre pire ennemi et l’instrument presque unique de ses cuisants revers (qui furent aussi tragiquement ceux du parti).

Pour ajouter à ce portrait, je me souviens d’une présentation de lui à l’Institut d’urbanisme à propos de «son» réseau de tramway, devant un auditoire de futurs urbanistes, d’urbanistes et de professeurs. Normalement un auditoire conquis à ce type de projet en était sorti, si c’est possible, plus dubitatif et rebuté à l’idée. Il avait été fidèle à sa réputation, avec «one excessive long speech» (p. 221), «brilliant as ice, and about as warm too» (p. 10).

En fait, c’est finalement sans lui, en 2017, que le parti a réussi à former, de peine et de misère, une coalition en mesure de conquérir autre chose que l’arrondissement du Plateau. La course à la chefferie de 2016, qui a vu Valérie Plante prendre la gouverne du parti, fut des plus bizarres, personnelle et amère («Who the fuck is Justine McIntyre?» p. 274). Pas étonnant de lire après que même une personnalité remplie d’enthousiasme, d’énergie et d’un esprit volontaire comme Valérie Plante puisse en ressentir des effets qui se manifestent jusqu’à ce jour.

Saving the City est la lecture parfaite pour qui veut se faire une idée «from the inside» de la politique municipale dans une grande métropole comme Montréal. Un «page-turner» digne des meilleurs thriller urbain.

Tags Saving the City, Daniel Sanger, Politique municipale, Élection municipale, Urbanisme

11 variations sur un thème

October 25, 2021 John Voisine
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11 brefs essais pour des villes résiliantes et durables. Réflexions de la relève municipale. Préface de Jonathan Durand folio et postface de Catherine Fournier, Éditions Somme toute, 2021, 189 pages.

L’idée de monter un ouvrage composé de onze essais écrits par des élu.es et de faire coïncider sa sortie avec les élections municipales à venir (les 6-7 novembre prochain !) ne manque pas d’intérêt. Du moins, cela coïncide pleinement avec notre désir d’utiliser ce prétexte pour aborder les thèmes d’actualité qui s’y rattachent. Dans cet essai, on serait même convié, s’il faut en croire la couverture, à lire des « réflexions » qui nous proviennent non pas d’élu.es de la traditionnelle « machine politique municipale » rendue célèbre lors de la Commission Charbonneau, mais plutôt de la « relève municipale », une nouvelle génération d’élu.es qui aimeraient vraiment nous convaincre que les petites municipalités « [les villes] peuvent sauver le monde ».

Il est vrai qu’à défaut de toujours pouvoir faire les choses autrement, ce sont certainement des élu.es qui ont été, à l’échelle municipale, confrontée à une série de défis « nouvellement génération », au cœur des moyens mis en œuvre afin d’y faire face. Ces défis, comme l’urgence climatique et les outils de plus en plus contraignants déployés pour s’en accommoder, les bouleversements de la nouvelle économie, les suites de la crise sanitaire, sont universels. Ce n’est pas un hasard si les élu.es choisis pour écrire ces essais sont presque tout de municipalités hors des grands centres ; leurs émergences, même si universelles, ont un côté très spécifique et méconnu, mais non moins réel. C’est aussi la première génération d’élu.es à gouverner sous l’égide de la nouvelle loi réconfortant les municipalités dans leurs rôles de « gouvernement de proximité » ; toujours plus de pouvoirs et toujours aussi peu de moyens. On ne sera donc pas surpris de lire qu’aucun des élu.es de la « relève municipale » ne semble s’être senti appuyé par les nouveaux outils réglementaires rendus disponibles par la nouvelle loi.

Dans la préface, les textes sont identifiés comme adoptant « une posture […] “d’idéalisme pragmatique” », ce qui n’est pas faux. Mais il est douloureux de constater, dans ce Québec du 21e siècle, que les municipalités doivent faire toujours plus avec des outils limités et avec l’impôt foncier comme seule ressource financière autonome ; un moyen dépassé et régressif, aux effets pervers qui n’iront qu’en s’aggravant.

Tags 11 brefs essais, Villes résilientes, Politique municipale, Villes durables, Élection municipale

L'espoir d'un mouvement

August 23, 2021 John Voisine
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A City With a Difference—The Rise and Fall of the Montreal Citizen’s Mouvement. Timothy Lloyd Thomas, Véhicule Press, 1997, 214 pages.

Avec l’approche des élections municipales à travers la province, le 7 novembre prochain, je me suis dit qu’il serait intéressant de parcourir quelques ouvrages portant sur la politique et ses rapports avec le monde municipal. Dans notre système, rares sont les possibilités de transformation urbaine sans une implication active du politique ; peu importe la qualité, l’avant-gardisme et le professionnalisme des plans, politiques et autres documents réglementaires produits par les urbanistes et juristes. On parle souvent des administrations municipales comme étant le niveau de « gouvernement » le plus proche du citoyen ; mais on oublie aussi la réalité que c’est le niveau le plus insulaire et le plus susceptible de devenir captif d’intérêts particuliers. Nous aurons plusieurs occasions de revenir sur ces thèmes au cours des prochaines semaines.

Pour lancer cette série, je voulais nous partir avec ce qui fut, pour moi, l’initiation à la politique municipale, même si c’est seulement au début du deuxième (et dernier) mandat de l’administration du maire Jean Doré et de son Rassemblement des citoyens de Montréal (RCM—Montreal Citizen’s Mouvement—MCM), que je pouvais, pour une première fois, participer à un vote. La période 1986-1994, soit ceux des deux mandats de l’administration Doré-RCM, en fut une d’espoirs et de changements essentiels, comme l’ouverture de grandes fenêtres sur une pièce sombre et étouffante, après plus d’un quart de siècle de l’administration du maire Jean Drapeau. Même si ce dernier demeure le maire le plus marquant dans l’histoire moderne de Montréal, il n’est pas moins un cas-école de la sclérose et de la capture qui peut si facilement prendre à la gorge les administrations municipales.

En me mettant la main sur ce livre, je voulais colmater mes lacunes sur l’histoire du RCM, ce mouvement/parti qui avait presque réussi, pour un temps, un miracle d’ouverture de l’administration municipale sur une gestion moderne et une prise en compte des intérêts citoyens. Il y a certainement dans l’ouvrage de M. Thomas de quoi combler nos connaissances sur le long cheminement du RCM, mais il faudra chercher ailleurs pour une analyse crédible des raisons du « fall » et de ses suites.

Sur les traces de A City With a Difference

Cet ouvrage de M. Thomas possède plusieurs qualités sur le plan de l’approfondissement de l’épistémologie intellectuelle du mouvement/parti RCM et de sa place sur la grille des partis politiques de cette fin de vingtième siècle. L’auteur nous fait une dissection assez originale de ce que fut le RCM et des déchirements (les fameuses « contradictions ») qui secouent ce type d’organisation ; ils se voient d’abord comme un « mouvement » portant les visées et les aspirations de ses membres, aussi plurielles qu’elles sont nombreuses.

En se calquant sur les travaux du politicologue américain Herbert Kitschelt et ses études (dans The Logics of Party Formation) des partis européens de type « libertarien de gauche » (comme les verts), l’auteur nous offre une grille pour comprendre l’évolution du RCM, de sa fondation, au début des années 1970, à sa prise de pouvoir en 1986 et peu après sa défaite, en 1994, aux mains de Pierre Bourque. Pour ceux qui ont connu ces années, ce sera le temps de retrouver des noms qui ont marqué la scène municipale montréalaise, comme Nick Aux der Maur, Michael Fainstat, Léa Cousineau, Marvin Rotrand et John Gardiner. On aura droit au rappel de quelques dossiers qui ont mis à vif les « contradictions », entre idéologues et pragmatistes, du « mouvement » RCM, et ceci dès son premier mandat ; l’affaire Overdale, la démolition de l’Hôtel Queens et l’agrandissement d’un stationnement (Matrox) dans le parc-nature du Bois-de-Liesse. L’implantation d’une plus grande transparence administrative, et la démocratisation de l’administration municipale, tant souhaitée des militants du RCM, ne seront jamais vraiment abouties. Elles seront même vite renversées après la défaite de 1994.

Pour les férus de mécanique de parti et des logiques internes des mouvements de gauche à saveur libertarienne, ce livre offre une belle histoire des contradictions qu’ils ont eu à confronter. Le fait que le parcourt du RCM se calque à ce modèle (jusqu’à un certain point) démontre le bien-fondé de l’analyse. Même si le parti n’existe plus, et que la coalition d’anglo-franco-libertarien-de-gauche du RCM n’est, depuis longtemps, plus qu’un souvenir, une grande partie de ses principes sont maintenant incarnés par Projet Montréal. Nous y reviendrons.

Tags A City With a Difference, Timothy Lloyd Thomas, Montréal, Élection municipale, Politique municipale

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