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Wellington | Fabrique urbaine

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L'urbanisme en pratique

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URBS+ : Abréviation d’urbanisme, mais quand même un peu plus. Une revue hebdomadaire d’ouvrages et d’œuvres avec comme point commun un intérêt pour l’univers urbain, qui est aussi l’univers ultime de l’être humain.

La congestion expliquée

April 19, 2021 John Voisine
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Still Stuck in Traffic—Coping with Peak-Hour Traffic Congestion. Anthony Downs, Brookings Institute Press, 2004, 455 pages

Le côté systématique de l’analyse des causes et solutions possibles à la congestion automobile fait dans cet ouvrage d’Anthony Downs ne manquera pas d’impressionner toute personne intéressée au sujet. Et puisque dans la plupart des agglomérations nord-américaines (et du monde), rarement moins de 85 % de nos concitoyens sont, d’une façon ou d’une autre, still stuck in traffic, cela fait pour un large public. Ce que cette lecture ne fournira malheureusement pas (et qu’il est impossible de fournir) c’est une solution aisée au problème. Comme nous l’apprendrons, la congestion n’est pas véritablement un problème ; elle est plutôt la manifestation matérielle inextinguible de la fonctionnalité de l’économie urbaine, d’une concordance déficiente entre les emplois et le logement et finalement, de l’impossibilité politique de coordonner la planification des usages et de l’accessibilité à l’échelle métropolitaine, ceci, peu importe les structures en place et nominalement destinées à ces fins.

L’auteur, un économiste ayant travaillé sur l’habitation pour le gouvernement américain et auprès de « think tanks » bien connu (RAND et Brookings) apporte certainement à ses arguments une forte dose de gymnastique statistique et de raisonnement numérique formaté en tableaux, ce qui est une caractéristique des produits délivrés par ces institutions. Cela étant dit, même si le point de vue posé ici sur la congestion nous arrive fermement du côté droit du spectre politique, l’auteur accorde un traitement si exhaustif au sujet que tous les tenants et aboutissants finissent par être discutés. Même s’il est impossible de toujours être en accord avec les conclusions, la méthodologie mesurée utilisée pour y parvenir fait qu’il est difficile de simplement les balayer. Surtout, l’auteur finit par démontrer que la lutte contre la congestion routière doit se faire par une approche multiforme à l’échelle métropolitain, et ceci parce que chacune des 33 tactiques étudiées appliquées indépendamment n’aurait qu’un effet négligeable sur l’ensemble de la congestion.

Si l’on veut se donner espoir et qu’on a le cœur remplit de courage, quelles approches pourrions-nous envisager, selon l’auteur ? Densification des corridors de transport en commun (à la Curitiba), parking cash-outs, ride-sharing, HOV, mettre un prix sur l’utilisation des autoroutes, passer d’une taxation sur le gaz à une taxation au kilométrage, et tellement d’autres !

Sur les traces de Still Stuck in Traffic

Ce livre est en fait la révision (par le même auteur) d’un ouvrage paru en 1992 et simplement intitulé Stuck in Traffic. En partie, cette révision est un peu une réponse à certaines critiques qui affirmaient que ses conclusions étaient manifestement infondées ou trop pessimistes (puisqu’aucune stratégie n’affichait une efficacité marquée contre la congestion, une fois qu’elle s’était installée). Bien au contraire, l’auteur démontre de façon convaincante que les « solutions » préconisées par les « spécialistes » des ministères et autres départements de transport, comme l’élargissement des routes (du réseau supérieur) ou les voies spéciales à accès limité (pour multiples occupants, typiquement), ne sont que des palliatifs, toujours effacés par le retour du vrai problème : le nombre croissant de véhicules à un seul occupant qui veulent accéder au réseau des artères urbaines et du réseau supérieur aux heures de pointe. L’explication de ce que l’auteur appelle les quatre principes du trafic (principle of tripe convergence, of the swamping effect, the imperviousness principle et le principle of one hundred small cuts) vaut presque à lui-même l’achat du livre.

Comme je le mentionnais, l’auteur arrive clairement d’une perspective de droite, et cela se note manifestement dans les sources, comme le Texas (A & M) Transportation Institute (le fameux TTI) et avec des auteurs comme Wendell Cox et James Howard Kuntsler (connu pour son toujours pertinent Geography of Nowhere, mais qui est maintenant descendu dans une spirale survivaliste et conspirationniste). On peut aussi le noter dans les justifications apportées par M. Downs, qui accepte beaucoup trop souvent et, semble-t-il, sans un « pushback » solide des propositions valises comme la préférence des ménages américains pour l’habitation unifamiliale, la faible densité des environnements urbains, l’accessibilité entièrement envisagée avec la voiture solo (Car Country) et d’autres affirmation faciles de ce type. 

Mais l’auteur se rachète aussi en citant à plusieurs reprises les travaux du regretté Martin Wachs (décédé cette semaine et qui semble avoir été un collègue et ami de l’auteur) ainsi qu’un ouvrage qui pourrait expliquer beaucoup de phénomènes observés à l’échelle métropolitaine : The Homevoter Hypothesis—How Home Values Influence Local Government Taxation, School Finance, and Land-Use Policies.

Tags Still Stuck in Traffic, Anthony Downs, Congestion, Traffic, Urbanité

Pris avec

April 12, 2021 John Voisine
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Traffic—Why We Drive the Way We Do (and What It Says About Us). Tom Vanderbilt, Alfred A. Knopf, 2008, 402 p.

Il y a plusieurs façons d’aborder ce phénomène informe que nous qualifions de « trafic ». Tragédie ou comédie, synonyme de prospérité économique ou inefficacité inévitable et irrépressible de toutes agglomérations urbaines depuis qu’elles existent (la Rome de l’Antiquité n’y échappait pas), le trafic, et la congestion qui y est souvent attachée, semblent occupé dans nos esprits le même espace que la météo ; ces deux phénomènes sont d’ailleurs souvent rapportés l’un après l’autre aux heures de pointe à la radio. Un peu injustement, ce livre nous rappelle même le titre délicieux d’un article du journal humoristique The Onion : Urban Planner Stuck in Traffic of Own Design. Finalement, pas toujours drôle ce journal.

Mais au-delà, l’ensemble du livre et plusieurs de ses éléments d’information nous portent à approfondir le phénomène qui sous-tend toute la « mobilité » dans nos agglomérations urbaines contemporaines. Pour le pire et de manière presque insurmontable, notre urbanité d’étalement sans fin (ni logique) fait que, chacun de façon bien innocente et irréprochable derrière son volant, nous sommes tous ce « trafic ». Un de ces éléments d’informations, qui entraînerait facilement quelques jours d’insomnie, est que si l’on traitait le phénomène des accidents mortels sur la route comme l’on traite les accidents mortels en milieu industriel, le plus haut niveau toléré, dans un pays comme les États-Unis, serait d’environ 3900 morts annuellement. Bien sûr, le niveau annuel des accidents mortels sur la route (en excluant les blessés, qui eux s’élèvent à plus de deux millions) oscille entre 35 et 40 milles. Si le trafic était une industrie, il faudrait donc fermer boutique et repenser notre façon de travailler, en se posant quelques vraies questions fondamentales, du type : ce moyen de « mobilité », à l’échelle urbaine, est-il optimal, compte tenu des externalités engendrées et de la valeur retournée ? On ne dira pas, encore une fois, que de poser la question, c’est y répondre, mais sérieusement, pourquoi pas ?

L’auteur fait aussi une belle place aux arguments et concepts d’aménagement popularisés par le regretté Hans Monderman. La voiture est une invitée dans la ville, et non sa raison d’être. Il serait bien qu’on se le rappelle, chaque fois que nous sommes appelés à repenser notre cadre bâti, nos artères et nos rues.

Sur les traces de Traffic

Ce livre de Tom Vanderbilt est un autre de ceux que j’avais achetés à sa sortie et qui étaient restés dans ma bibliothèque (mais plus probablement dans une boîte de déménagement) pendant tout ce temps. Comme bien des ouvrages, ce dernier est marqué par son époque, qui était celle des livres « à la » Freakonomics : ce mélange d’anecdotes, de recherches à base de publications scientifiques ou techniques, et d’entrevues avec les principaux chercheurs et pratiquants dans un domaine donné. Souvent, le tout finit par avoir une texture « turns-out », légèrement agaçante. Mais heureusement, pas cette fois. La lecture nous donne simplement à constater, grâce aux histoires et anecdotes racontées avec souplesse dans l’ouvrage, que le mélange automobile et humain est aussi périlleux et toxique qu’on pouvait le soupçonner. L’auteur nous fournit une telle diversité d’exemple, à travers toutes les cultures et les régions du monde, qu’aucun doute ne saurait persister.

L’auteur nous fournit de copieuses notes, mais pas de bibliographie. En les parcourant bien, on y trouve quand même quelques ouvrages qui vont se retrouver sur ma liste et que j’aimerais mentionner ici.

Pour ceux, comme moi, qui pour mieux profiter du présent, aiment s’imaginer vivre au coeur d’une agglomération urbaine dans un autre siècle, on pourra passer de belles heures en lisant : Hubbub—Filth, Noise & Stench in England, 1600–1770. Mais pour se connecter à la ville et à nos réalités de façon un peu plus contemporaine, on pourrait faire pire que de se plonger dans : Emergence—The Connected Lives of Ants, Brains, Cities, and Software.

Un livre qui semble venir chaudement recommandé si l’on veut, après l’ouvrage de Tom Vanderbilt, se plonger toujours plus dans l’univers du conducteur : Psychology of Driving. Pour s’éclairer un peu l’esprit ensuite, j’ai bien hâte de parcourir Bicycle—The History.

Un dernier livre qui porte plus sur la conception des objets de notre monde matériel, mais toujours en lien avec ses implications dans le trafic : The Design of Future Things. À méditer en profitant de nos prochains objets « intelligents ».

Tags Traffic, Tom Vanderbilt, Automobile, Design, Aménagements urbain

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