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Wellington | Fabrique urbaine

3516, rue Gertrude
Verdun, Québec H4G 1R3
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L'urbanisme en pratique

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URBS+ : Abréviation d’urbanisme, mais quand même un peu plus. Une revue hebdomadaire d’ouvrages et d’œuvres avec comme point commun un intérêt pour l’univers urbain, qui est aussi l’univers ultime de l’être humain.

Barré

July 26, 2022 John Voisine
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Golden Gates—The Housing Crisis and a Reckoning for the American Dream. Conor Dougherty, Penguin Books, 2021, 304 pages [e-book lu sur l’application Kindle]

La pénurie de logements est bien établie, non seulement dans les grandes métropoles américaines des côtes est et ouest, mais aussi dans les métropoles de l’intérieur, comme en fait foi cet article récent du NYT. Au pays, les données de la SCHL indiquent que nous vivons un resserrement dans l’offre, la variété et l’abordabilité des logements. Mais avant d’examiner notre réalité locale, pourquoi ne pas regarder du côté de la ville qui est devenue le symbole en la matière, San Francisco elle-même? Pourquoi cette ville, nirvana et phare du progressisme, se trouve-t-elle à incarner la crise?

En choisissant de suivre l’évolution de quelques acteurs clés de la scène locale, Monsieur Conor Dougherty fait bien plus que de nous offrir une perspective sur les tribulations d’un écosystème assez unique et sympathique de personnages rattachés à The City by the Bay. Avec un rare talent pour situer ses personnages à l’intérieur de la trame profonde des courants idéologiques et politiques qui contribuent à façonner leurs actions, l’auteur dresse un portrait empathique et respectueux de chacun de ses acteurs dans un moment important pour eux, mais qui capture aussi du même coup une facette significative de la crise du logement. Les personnages choisis par l’auteur s’avèrent des guides engagés, parfois même malgré eux, sur les chemins sinueux et toujours embourbés de ce système dysfonctionnel.

Je prends comme exemple la personne de Sonja Trauss, qui en faisant une remarque sympathique à un projet de logements urbain lors d’une séance de commentaires à l’équivalant de son conseil municipal, se trouve, de fil en aiguille, à créer de toute pièce et à prendre le leadership d’un des premiers mouvements YIMBY (le groupe SF BARF—le double entendre est voulu! — et de Up for Growth, entre autres véhicule de changement). On apprend aussi, à travers le personnage du premier gouverneur Brown (Pat), et ensuite de son fils, Jerry, comment la Californie peut si confortablement et paradoxalement être à l’avant-garde d’une certaine croissance matérielle et économique débridée, des avancées technologiques de pointe, etc., et simultanément, être au cœur des mouvements de protection environnementaux, anti-croissance et même de décroissance.

Sur les traces de Golden Gates

Avec une population et une économie qui dépasse celle de nombreux État-nation, il ne faut pas se surprendre si la Californie s’affirme volontiers comme le foyer de plusieurs des débats en aménagement, de NYMBYism à YIMBYism. C’est la force de l’ouvrage de Monsieur Dougherty* d’illustrer comment ces deux impulsions peuvent si naturellement co-évoluer. La Californie, durant l’intervalle de 44 ans entre les quatre mandats des gouverneurs Brown (père et fils), est passée d’un État qui incarnait la croissance moderne à celui d’un État qui recherche toujours les avantages de cette croissance, sans plus vouloir toutefois négocier les difficiles accommodements indispensables qui y sont associés, comme le fait de construire plus de logements là où les gens veulent ou doivent vivre.

Cette gimmick du out of sight, out of mind a porté fruit une nanoseconde, facilitée par des politiques publiques axées autour de la logique automobile (toujours en vigueur). Mais bien vite, les effets pervers cumulatifs (empiétement environnemental, consommation effrénée des ressources [gaspillage]) finissent par prendre le dessus sur l’illusion d’une frontière infinie. En cheminant parfois sur plusieurs décennies avec les personnages clés de son récit, l’auteur illustre comment des structures mises en place pour affirmer les idéaux de mouvements de préservation légitime peuvent, avec le temps et aidées d’un système politique qui barre la route à toute évolution, en venir à paralyser le renouveau de l’espace et du tissu urbain. Le prix à payer : exclusion des nouveaux et explosion des inégalités.

Il ne reste plus alors qu’un système de dévitalisation urbaine à l’échelle locale et métropolitaine (étalement et concentration monofonctionnel, mobilité centrée sur l’automobile et limitation des opportunités, autant économiques que sociales). En plus, le détournement par des groupes hyperlocaux d’une réglementation environnementale nécessaire encombre les mécanismes démocratiques et leur capacité à répondre plus efficacement et durablement à nos besoins futurs.

Avec une technique narrative qui met au premier plan la réalité des gens qui ont créé le système, des gens qui vivent confortablement dans le système (homevoters) et les gens qui tentent de faire évoluer le système, Golden Gates se veut un récit fascinant et essentiel pour appréhender notre crise contemporaine du logement.

* Dans le cadre du podcast Talking Headways, il y a cette entrevue avec l’auteur. Une écoute qui en vaut amplement temps. Pour découvrir le travail récent de Monsieur Dougherty, voir cette page du NYT.


Note : Ce jeudi (2022-07-28), l’avant dernier dans notre série Habitation et logement avec Evicted et The Rent is too Damn High.

Tags Golden Gates, Conor Dougherty, Modern Housing, Housing Crisis

Back to the Future

May 23, 2022 John Voisine
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Modern Housing. Catherine Bauer (Foreword by Barbara Penner), University of Minnesota Press, 1934 [2020], 330 pages

Premier (1) de la série Habitation et logement

Ce livre dresse un portrait de l’habitation dans les pays industrialisés d’Europe de l’ouest et aux États-Unis, en date de sa parution, en 1934. Dès sa sortie, et pour plusieurs décennies par la suite, le livre est resté une référence et fit de l’auteure (jusqu’à son décès prématuré en 1964) une des rares spécialistes reconnues du public (américain) dans le domaine. Même si Catherine Bauer fut très sollicitée pour des mises à jour et des ajouts (sur le logement en URSS ou en Italie, par exemple), ses nombreuses autres obligations professionnelles, couplée à sa volonté de faire une révision totale, ne se sont jamais alignées. En résulte un ouvrage unique et uniquement intemporel, qui réussit totalement sa mission, en 2022 comme en 1934.

Je pense qu’il faut remercier la providence qu’un ouvrage aussi fondamental à une période aussi cruciale (15 ans après la Grande Guerre et cinq ans avant la Deuxième) est vu le jour. Presque 90 ans après sa parution, dans cette nouvelle édition magistralement mise en contexte par une préface de Madame Barbara Penner, il est difficile de trouver mieux pour éveiller, approfondir et étendre notre réflexion sur la question du logement. Le tour de force accompli par Catherine Bauer se déploie à plusieurs niveaux : portrait historique des grandes idées et œuvres du 19e siècle en matière de logement, pourquoi ceux-ci ont-ils été, dans la plupart des cas, presque tous en vain (idéalisme qui bascule dans le culte, progressisme et «bonnes oeuvres» qui dérapent en exercices contrôlant et moralisateur, philanthropie trop ponctuel et sans lendemain, etc.) et finalement le choc des bouleversements (sociaux, politiques, économique) d’après 1914-18. Plusieurs des moyens finalement déployés trouvent leurs origines dans les mouvements d’avant 1914; c’est leur accélération qui est fulgurante par la suite.

En effet, cette période de 10-15 ans d’après-guerre se caractérise par l’impulsion vigoureuse et urgente, un peu partout en Europe, pour la mise en place de ce qui devient le «modern housing» — pas tellement par la forme (même si l’urbanisme et l’architecture jouent leurs rôles) que par la prise en charge des moyens de production par l’État et ses mandataires.

Sur les traces de Modern Housing

Si le livre de Catherine Bauer peut encore avoir une telle résonance, c’est que tout au long de son parcours sur la question du logement, elle construit en filigrane une démonstration centrale et incontournable : à aucun moment et dans aucun pays, jamais, le marché capitaliste n’a réussi à fournir à prix raisonnable et à un niveau de qualité décent du logement pour les gens en bas de l’échelle économique et même, dans la plupart des cas, pour la classe moyenne naissante. Cela est vrai pour tous les pays occidentaux, mais l’absence quasi totale de mouvement de solidarité des travailleurs aux États-Unis (grands syndicats ou partis politiques), l’idéal de la propriété privée et de l’individualisme font que les conditions étaient particulièrement pénibles dans ce pays.

Une fois ce constat accepté, la question devient de savoir comment mettre en place le soutient public (organismes coopératifs volontaires ou syndicaux, d’utilité publique, construction et gestion par OBNL sur terrains municipaux avec bail emphytéotique, sociétés paramunicipales de construction et de gestion, etc.) et comment le faire avec le plus d’avantages sur le plan social, économique et maintenant avec une dimension environnementale. L’objectif est d’assurer au plus grand nombre, de façons pérennes, un logement de qualité, à loyer modique ou selon la capacité de payer du ménage. Dans de rares cas, avec possibilité d’acquisition et de transfert.

L’auteur démontre de façon convaincante que les réponses les mieux intégrées (sur le plan architectural et urbain), en mesure de satisfaire (sur le plan social et économique) cette question ont été déployées aux Pays-Bas, avec en deuxième place les pays scandinaves et proche troisième, certaines villes allemandes (Berlin, Francfort). Une mention spéciale va à la ville de Vienne.

Les réponses aux questions du logement sont nécessairement publiques, en dehors de la production capitaliste (qui ne fonctionne que pour le marché des individus indépendant de fortune ou des entrepreneurs-propriétaires). Le reste de la production en logements demande d’être pérennisé et professionnalisé; la seule entité avec ce type de résilience et de capital est l’État (une combinaison de nos trois paliers de gouvernement). Nos sociétés sont mûres pour ce futur.


Jeudi, le deuxième livre de notre série sur l’habitation avec Still Renovating—A History of Canadian Social Housing Policy.

(2022-05-26): Je dois remettre la publication de cette revue à mercredi prochain, le 1 juin. En attendant, comme je le mentionnais la semaine dernière, la revue de l’Ordre des urbanistes du Québec (OUQ), Urbanité, vient de sortir son dernier numéro (printemps/été 2022) avec un dossier spécial sur l’habitation. Il est possible de le télécharger sans frais ici. Je n’ai aucune association avec la revue.

Tags Modern Housing, Catherine Bauer, Housing, Social Housing, Urban Planning

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