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Wellington | Fabrique urbaine

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L'urbanisme en pratique

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URBS+ : Abréviation d’urbanisme, mais quand même un peu plus. Une revue hebdomadaire d’ouvrages et d’œuvres avec comme point commun un intérêt pour l’univers urbain, qui est aussi l’univers ultime de l’être humain.

Du perpétuel mirage technologique automobile

March 3, 2023 John Voisine
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Autonorama—The Illusory Promise of High-Tech Driving. Peter Norton, Island Press, 2021, 310 pages [e-book lu sur plateforme Kindle]

Cette chronique fait partie de notre série Trans&Transit [5/9]

Charles F. Kettering est un personnage dont un parle peu de nos jours, mais qui a eu une influence majeure sur nos vies de «consommateur». Si l’on reconnait le nom, c’est souvent, comme dans mon cas, pour l’avoir entendu comme une des fondations commanditaires à la télévision publique américaine (PBS). En plus d’être à l’origine de plusieurs inventions qui sont à la base de nos environnements physiques, Charles F. Kettering a mise en œuvre une vision de la production industrielle qui aura permis la pérennisation d’une économie basée sur une consommation cyclique qui, par sa nature même, ne connaitra jamais de fin. Ainsi, loin de chercher à combler chez le citoyen des besoins sur le long terme, Kettering avait compris que la clé du profit pour une entreprise à la quête de nouveaux marchés était, au contraire, de nourrir une forme d’insatisfaction perpétuelle, en d’autres termes, «Keep the consumer dissatisfied». C’est d’ailleurs le titre d’un article publié par lui dans la revue de la chambre de commerce en 1929, lorsqu’il était à la tête du département de la recherche chez General Motors (GM). Comme le souligne l’auteur de notre livre cette semaine, Monsieur Peter Norton, GM n’est pas ici une entreprise désintéressée, proposant des solutions (neutres) en transport, mais plutôt une entreprise cherchant à engendrer un consumérisme de transport (avec GM comme fournisseur de «solutions» intégrées).

En perpétuant cette insatisfaction lancinante chez le consommateur, en reportant toujours le ciel bleu du jour où l’automobile sera la réponse à tous nos besoins d’accessibilité, il devient possible de faire la promotion du dernier modèle de véhicule automobile qui, à sa façon, approche un peu plus, sans jamais atteindre cet horizon radieux fait d’autoroutes dégagées et de circulation fluide.

Cet effort pour nous faire croire en ce futur invraisemblable deviendra la base de toute la démarche de promotion de l’axe manufacturier automobiles/constructeurs autoroutiers/entrepreneurs en construction (d’unifamiliales), qui est en quelque sorte le pendant civil du complexe militaro-industriel. Ce que l’historien Peter Norton accomplit magistralement dans son dernier* ouvrage est justement de nous faire la genèse de cet effort concerté et persistant.

Sur les traces de Autonorama

Malheureusement pour nous, cette alliance pour faire de l’automobile le choix modal par défaut est presque partout une totale réussite. Cette vision d’un futur meilleur au volant d’une voiture est la clé pour comprendre comment nous en sommes rendus à ce moment, où malgré un discours de diversification des modes, on se retrouve encore avec l’automobile comme seul mode indiscutable et indélogeable d’accessibilité. Au-delà des avantages légaux et structurels qui se sont accumulés au fil des décennies, il a fallu nourrir et promouvoir de façon constante une vision qui allait dans le sens du confort et des avantages supérieurs à être derrière le volant d’une voiture. Mais la question demeure, si dès le début des années 1950 il était évident que la solution du tout à l’auto allait engendrer un paysage urbain déjanté et déstructuré, fait de pollution, de disjonctions sécuritaires et de congestion perpétuelle, pourquoi avoir persisté dans cette direction? Ce film promotionnel d’anticipation, un des nombreux produits par General Motors, permet de se faire une idée de cette stratégie.

En fixant dans un horizon lointain et infalsifiable (typiquement 20 ans) toutes les avancées techniques et technologiques facilitant l’acquisition, la possession, l’utilisation et surtout la conduite automobile, il devient possible de faire des propositions toujours plus fantaisistes sur les bénéfices des investissements présents (public) nécessaires à la réalisation de ces rêves (de profits privés). GM s’est en quelque sorte fait une spécialité de ces productions promotionnelles, en commençant par Futurama—To New Horizons (NYC World’s Fair 1939-40), en passant le jaw dropping Design for Dreaming (1956). Un autre Futurama au World’s Fair de 1964, mais cette fois, même Ford y allait de sa proposition. Quelques années avant, en 1958, Walt Disney** participait activement à la discussion.

Quel est le prix pour nos sociétés de toutes ces fantaisies? Essentiellement, celui d’être passé à côté d’une vraie vision inclusive et génératrice de richesse collective de l’accessibilité, qui traite l’automobile pour ce qu’elle devrait être (un outil utile, mais minoritaire dans les options d’accessibilité) et non ce qu’elle est devenue : la seule option envisageable et la mesure minimale de tout aménagement urbain.


* Il avait auparavant publié Fighting Traffic, que nous avions commenté.

** À sa décharge, il semble bien que Walt Disney ne partageait pas vraiment cette vision du « tout à l’auto » et aurait aimé que son parc d’attraction de Floride (Walt Disney World) serve d’exemple pour ce qui était possible en transport en commun. Tout ce qui reste maintenant de ses efforts sont les « Main Street » de certains parcs. Nous y reviendrons.

Tags Autonorama, Peter Norton, Autonomous vehicle, Electronic Highways, Mobilité

Bilan et après

September 13, 2021 John Voisine
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Montréal en chantier—Les défis d’une métropole pour le XX!e siècle. Sous la direction de Jonathan Durand Folco, Écosociété, 2021, 256 pages. [Lu sur l’application Books]

Contrairement à la flexibilité que se permettent leurs homologues aux niveaux provincial et fédéral, la classe politique municipale du Québec doit composer, de façon quelque peu paternaliste, avec une loi qui leur impose des élections à jour fixe et sur une périodicité de quatre ans. Faisant probablement cause et tirant avantage de l’inévitable scrutin du 7 novembre prochain, les auteurs-es (sous la direction de Jonathan Durand Folco, qui introduit et conclut le recueil) utilisent trois grands thèmes (Habiter, Innover et Participer). Ils proposent des textes qui explorent et discutent des réalités urbaines montréalaises à la lumière du travail de la dernière administration municipale. Les enseignements qu’on pourra en tirer sont autant rétrospectifs que prospectifs, et ce toujours dans une optique qui fait sens en contexte montréalais.

Même si l’élection d’une majorité pour Projet Montréal (en 2017) fut pour plusieurs comme une bouffée d’air frais et un coup de balai nécessaire après quatre années d’une gouvernance curieusement rigide et autoritaire sous l’équipe du maire Denis Coderre, cela ne veut pas dire que les dernières années furent sans peine pour l’équipe de la mairesse Valérie Plante. Comme cela était aussi arrivé avec le maire Jean Doré du RCM, la mairesse a dû consacrer des ressources et un temps précieux à gérer des crises internes. De plus, comme l’histoire de la politique montréalaise nous l’enseigne, il est souvent aisé et sans conséquence réelle pour une nouvelle administration de revenir en arrière. Dans les circonstances, sans les quelques minces tentatives d’introduire un soupçon de progressisme dans les initiatives municipales qui caractérise le parti de Madame Plante à son meilleur, il est facile de concevoir comment un retour au pouvoir de l’ancien maire Denis Coderre serait tout ce qu’il faut pour signaler aussi un retour des politiques et stratégie conventionnelles et éprouvées (parfois même réductrice).

Face à cette possibilité très réelle d’un coup de barre à droite à l’échelle municipale et même métropolitaine, les textes de ce recueil forment un excellent condensé d’une perspective plus à gauche sur la situation économique, sociale et démocratique de l’univers urbain montréalais. Juste à temps pour réfléchir aux conséquences du prochain vote.

Sur les traces de Montréal en chantier

C’est avec un extrait paru dans La Presse, il y a quelques semaines, que j’ai eu connaissance de ce recueil. On aura judicieusement choisi de mettre en vedette un texte sur ce qui est maintenant permis d’appeler « l’éternelle » question du logement, sa disponibilité, son abordabilité et son accessibilité. Cette situation est endémique pour les villes « attractives » sur le plan économique (concentration des emplois), social (services et éducation) et culturel (arts, spectacles et musique) comme Montréal. Ce texte de la section Habiter combine bien les grandes forces et les quelques (rares) faiblesses du recueil. Ainsi, la façon d’aborder les questions soulevées se colle bien aux réalités montréalaises et a la manière qu’elles se sont présentées à l’administration Plante. Les auteurs font aussi un historique ainsi qu’un bilan des réponses avancées par son administration en termes de propositions stratégiques, politiques ou réponses réglementaires.

Il y a toutefois une tendance caractéristique à certains textes du recueil d’explorer un nombre limité de causes à une situation, à envisager des ajustements ou des solutions qui se situent dans une gamme étroite d’options consensuelles et progressiste confortable. Dans le cas spécifique du texte sur le logement à Montréal, la démonstration des effets pervers de la financiarisation (basé sur les travaux de Louis Gaudreau et d’Alan Walks) et des pratiques de la SCHL (assurance hypothécaire, titrisation) est bien établie et convaincante, mais encore ? Le texte ne contient, par exemple, aucun commentaire sur les effets des outils réglementaires conventionnels ; on pense ici au zonage, au lotissement, au stationnement minimum (au lieu de maximum) et à la densité ruineusement faible en milieu urbain. Ce sont pourtant là des outils pleinement sous le contrôle des administrations municipales et dont l’assouplissement permettrait d’activer un vaste potentiel pour la création d’une richesse diversifiée (usage intensifié et mixte, patrimoine recyclé) et urbaine.

Je ne voudrais toutefois pas laisser l’impression que ce texte sur le logement, ou n’importe lequel des thèmes abordés (espaces publics, mobilité, fiscalité, démocratie locale, etc.) ne donnera pas, à tout lecteur qui voudra bien s’y attarder, une abondance de pistes fertiles pour (re) penser nos réalités urbaines montréalaises.

Le texte de cette revue a été publié le lundi 27 septembre 2021.

Tags Montréal en chantier, Jonathan Durand Folco, Urbanisme, Fiscalité municipale, Mobilité

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