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Wellington | Fabrique urbaine

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L'urbanisme en pratique

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URBS+ : Abréviation d’urbanisme, mais quand même un peu plus. Une revue hebdomadaire d’ouvrages et d’œuvres avec comme point commun un intérêt pour l’univers urbain, qui est aussi l’univers ultime de l’être humain.

Une histoire difficile

May 23, 2024 John Voisine
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Unité, autonomie, démocratie — Une histoire de l’Union des municipalités du Québec. Harold Bérubé, Les Éditions du Boréal, 2019, 384 pages. Lu sur plateforme PrêtNumérique.

Une série sur les municipalités et la politique municipale au Québec [4 de 5]

On comprend parfaitement que les « créatures » de la province, ses cités, villes, villages et autres entités rurales et locales ont cherché à se doter d’un minimum de « pouvoir dans le nombre » en se regroupant en « Union ». Québec avait beau les avoir légiféré en tant que corporations limitées d’utilités publiques, une fois en place, celles-ci n’allaient pas simplement se contenter de cette existence zombie, jamais tout à fait réalisé. En formant l’Union des municipalités de la province de Québec en 1919 (on bannira province dans les années 1970), un an après l’institution d’un ministère des affaires municipales, les membres (principalement les grandes et moyennes agglomérations urbanisées de la province) réussissent enfin à présenter un front d’intérêt commun à Québec. Si rien d’autre, c’est certainement un petit miracle que sur une période de plus de 100 ans, et qui se continue à ce jour, l’UMQ puisse catalyser au sein d’une même structure, toujours plus effective, les forces et l’expression de la diversité des territoires urbains de la province.

Ce que cette histoire officielle de l’UMQ, commandé à l’historien des affaires urbaines bien connu, Monsieur Harold Bérubé, démontre c’est que la tâche première de l’Union, la représentation des intérêts de ses membres auprès des gouvernements successifs à Québec, est la plus difficile et celle qui offre, ironiquement, le moins de gains tangibles. Je mets ici un peu de mon « spin » sur cette histoire, mais il faut bien comprendre qu’il n’y a pas vraiment un moment où l’UMQ sort triomphante et satisfait de sa relation par rapport à Québec. Celle-ci semble, selon les époques, vaciller entre une indifférence bienveillante, un paternalisme facile ou, dans le pire des cas, d’un mépris à peine voilé, comme à l’époque du gouvernement de Maurice Duplessis. Chaque période apporte ses défis sur le plan urbain et social, mais le dialogue que l’Union entretien avec Québec n’apparaît pas en mesure de faire évoluer progressivement la vision de celle-ci par rapport à ses « créatures ».

Avant la fin de la Deuxième Guerre, c’était en partie à cause d’un trop fort copinage avec le parti au pouvoir (Libéral). Ensuite, bien au contraire, l’Union doit faire face à l’hostilité franche du gouvernement Duplessis (qui trouvait plutôt sa base dans les milieux ruraux, de la colonisation et les villages). L’Union était donc confrontée à un gouvernement qui s’entêtait à faire une gestion corporatiste et refermé des affaires de l’État, tandis que ses membres devaient s’adapter à la modernité de l’après-guerre.

Sur les traces d’Unité, autonomie, démocratie…

On aurait pu croire alors que les années 1960 avec la Révolution tranquille apportée par « l’équipe du tonnerre » allaient permettre à l’UMQ d’avoir une meilleure écoute à Québec, mais c’est plutôt à ce moment qu’un déphasage s’installe. Le gouvernement provincial travail à moderniser l’État québécois, mais le monde municipal ne trouve pas à danser sur ce nouveau rythme, à tel point même que l’Union finira par remettre au gouvernement Lesage le rapport qu’ils avaient remis à la Commission Tremblay en… 1954! La Révolution tranquille se fera donc avec les municipalités sur le bord du chemin, bien plus en tant que spectateurs de la parade qu’en tant que participants. Et encore une fois, le manque d’emprise de l’Union sur les avancés historiques de cette décennie est assez déconcertant.

La décennie 1970 et le début des années 1980 introduisent des changements colossaux dans le monde municipal et encore, cela laisse à peine à l’Union le temps de souffler. La Loi sur la protection du territoire et des activités agricoles est passé (1978) et ensuite la Loi sur l’aménagement et l’urbanisme (1979), ce qui conduit, entre autres choses, à la création des municipalités régionales de comté (MRC), l’introduction des schémas d’aménagement et l’obligation pour les municipalités de confectionner des plans d’urbanisme conforme. L’UMQ a été spectateur de ces transformations, et non partie prenante. Même lorsque le gouvernement semble vouloir aller dans le sens des doléances municipales, on assiste plutôt, comme au début des années 1990, à du délestage, c’est-à-dire un transfert de responsabilités, mais sans moyens financiers ou organisationnels. Le tournant du siècle est aussi traumatique, avec les fusions municipales forcées et leurs jours meilleurs qui ne se sont jamais vraiment avérés.

Il ne faut pas oublier que les trois premiers mots du titre de l’ouvrage — Unité, autonomie, démocratie — jouent un grand rôle dans l’histoire et servent en quelque sortent de miroir pour juger des avancées de l’organisation. Jusqu’à demain se tiennent justement les assises annuelles de l’UMQ, et il n’y a aucun doute que les membres en retirent une valeur ajoutée qui va bien au-delà du pouvoir dans le nombre. L’unité dans la diversité est certainement une caractéristique qui permet un travail positif, l’autonomie dans la responsabilité évolue constamment et la démocratie municipale est plus que jamais une réalité. En tout et pour tout, je suis heureux que cette histoire de l’UMQ existe, puisqu’elle nous accorde la possibilité de développer cette perspective essentielle.

Tags Unité autonomie démocratie, Harold Bérubé, Politique municipale, UMQ, Série municipalité

Service public

September 27, 2021 John Voisine
L’innovation municipale L’innovation municipale L’innovation municipale L’innovation municipale

L’innovation municipale—Sortir des sentiers battus. Gérard Beaudet et Richard Shearmur, Les Presses de l’Université de Montréal (PUM), 2019, 119 pages. [lu en version PDF sur Books]

À première vue et selon certains préjugés malheureusement bien implanté dans notre culture, il est difficile de trouver deux mots qui se contredisent autant que « innovation » et « municipale ». Pour innover, il faut vouloir aller au-devant des défis, contribuer une idée ou un processus dans un domaine souvent déjà bien implanté et établi dans sa façon de faire. En d’autres termes, avoir le courage et l’audace de proposer, d’entreprendre ou d’implanter des solutions nouvelles. Le monde municipal, pour sa part, est, semble-t-il, aux antipodes de cet esprit entrepreneurial qui cultive l’innovation. Fait de processus éprouvés, de tâches fixes et d’ouvrage avec comme seul critère d’exécution le plus bas coût possible, c’est parfois un parcourt périlleux et rempli d’embûche que l’employé municipal, le fonctionnaire ou le chef de service qui voudrait être le porteur d’une innovation doit franchir avant de la faire implanter.

Ainsi, la grande force de cet ouvrage sera, premièrement, d’effacer tout préjudice que nous pourrions avoir sur la possibilité d’une « innovation municipale » et, deuxièmement, de nous ouvrir les yeux sur l’immense potentiel latent en termes d’innovation à ce niveau de service public et de gouvernance.

Prenant simultanément prétexte des 15 ans des prix Mérite Ovation municipal, décernés annuellement par l’Union des municipalités du Québec (UMQ) et des 100 ans d’existence de cette organisation, la commande avait été donnée aux professeurs et urbanistes bien connus du milieu (chacun à sa façon) Gérard Beaudet et Richard Shearmur de faire un historique/bilan/survol de l’innovation telle qu’elle se conjugue dans le monde municipal. Les auteurs ont aussi servi quelques années sur le jury qui évalue et sélectionne les candidatures gagnantes et récompensent, justement, selon plusieurs catégories, ces innovations issues des municipalités de la province.

En fait, dès le premier des quatre chapitres de l’ouvrage, le lecteur est amené à constater que le monde municipal doit, depuis ses origines et par le fait même de ses fonctions, être à la source de plusieurs innovations, autant sur le plan pratique (dans sa manière de faire ses prestations de services) qu’en réponse aux enjeux fluides qui affectent ses populations au fil des époques.

Sur les traces de L’innovation municipale

En plus de la mise en contexte historique contenu dans le premier chapitre, informative, originale et calquée aux particularités de la province, c’est le deuxième chapitre, consacré à l’innovation en terrain municipal, qui est essentiel et persuasif. Les auteurs y assoient les paramètres nécessaires pour distinguer la notion d’innovation de son association conventionnelle avec le monde entrepreneurial (privé), pour l’accorder et le caractériser dans son acception municipale (le service public). Outre le fait de découler de motifs bien différents qu’en entreprise, la finalité de l’innovation en milieu municipal est toute autre que celle du secteur privé ; pas question ici de se permettre des externalités nuisibles à la collectivité à la suite de l’implantation de l’innovation ! En dernier lieu, même si la recherche du profit ne sera jamais l’impulsion première de l’innovation municipale, cela ne veut pas dire que les contraintes financières (de budget) ne peuvent pas en être à la source. En effet, la plupart des innovations, qu’elles soient entrepreneuriales ou municipales, trouvent racines dans une contrainte à surpasser ou à exploiter.

Les auteurs font aussi une analyse de la distribution des lauréats et de l’évolution du prix Ovation depuis son introduction en 2004. En fait, il est intéressant d’apprendre qu’il a été conçu après qu’un rapport du Conseil de la science et de la technologie du Québec (aboli) en arrivait à la conclusion que l’innovation dans l’univers municipal ne savait pas se reconnaître ; difficile d’encourager l’émulation dans ces circonstances. Sur cette note, il est enfin aisé d’aller sur la page Mérite Ovation Municipale de l’UMQ pour s’informer des projets innovateurs lauréats depuis 2015 (les autres se trouvent dans la revue de l’UMQ, ou le rapport annuel).

Je termine avec quelques découvertes apportées par la lecture du livre. Sur les sociétés distinctes de nos banlieues cossues montréalaises : Des sociétés distinctes—Gouverner les banlieues bourgeoises de Montréal, 1880-1939. Pour en découvrir plus sur les innovations citoyennes en milieu rural, Sainte-Camille, le pari de la convivialité semble intéressant. Et finalement, pour un primer sur le monde de la gouvernance municipal de la province : Introduction à la vie politique municipale québécoise.

Tags L'innovation municipale, Beaudet, Shearmur, UMQ, Ovation, Municipalités

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