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Wellington | Fabrique urbaine

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L'urbanisme en pratique

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URBS+ : Abréviation d’urbanisme, mais quand même un peu plus. Une revue hebdomadaire d’ouvrages et d’œuvres avec comme point commun un intérêt pour l’univers urbain, qui est aussi l’univers ultime de l’être humain.

Jamais trop ensemble

October 7, 2022 John Voisine
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Maximum Canada—Toward a Country of 100 Million. Doug Saunders, Vintage Canada, 2019 (2017), 243 pages [livre électronique lu sur l’application Kindle]

One Billion Americans—The Case for Thinking Big. Matthew Yglesias, Penguin Random House, 2020, 267 pages [livre électronique lu sur l’application Kindle]

Le choc de la lecture de Maximum Canada n’est pas quelque chose qui peut facilement être dissipé. On croyait vivre dans le plus beau meilleur pays au monde et l’on se rend compte que tout ce temps, on aurait pu vivre dans un pays encore plus beau et meilleur, avec des opportunités multipliées, une économie explosive, de la recherche et de l’innovation à revendre et une culture rayonnante. Mais miner par une mentalité sous l’emprise du colonialisme (qui prendra une forme distinctive au Canada anglais et au Québec) et d’un manque de vision pour attirer et garder nos nouveaux arrivants et nos propres citoyens, nous ne sommes qu’un pâle reflet de ce que nous aurions pu devenir, si seulement le Canada avait poursuivi une vision maximaliste.

Durant le gouvernement de Wilfried Laurier (PM de 1896 à 1911), ce dernier estimait que pour prendre sa lancée dans le siècle nouveau, le Canada se devait d’avoir environ 40M d’habitants pour… 1920. Le gouvernement conservateur de Robert Borden (PM de 1911 à 1920), arrivé au pouvoir suite à une compagne qui jouait sans gêne la carte du « White Canada » —Flood Canada with White Men étant pour l’essentiel le message de Rudyard Kipling suite au Oriental Riots—mettra un terme définitif aux politiques de recrutement (autres que britanniques) lancé sous Laurier et à toute discussion de réciprocité avec les États-Unis. L’économie asphyxiée et le manque d’opportunité sont la cause première de l’exode, entre 1840 et 1920, de plus de 900 000 Canadiens français vers les États-Unis, 70 % avant 1900 (la population du Québec à cette date était d’à peine 1,6 M). Si le Québec n’avait jamais perdu cette population, il y aurait maintenant 4-5 M d’habitants de plus. Durant presque la même période (1851-1901), le Canada ne fait pas beaucoup mieux, puisque même si l’on attirait environ 735 000 personnes des îles Britanniques, plus de 1,2 M ont quitté pour les États-Unis.

Dernière statistique : Entre 1851 et 1941, le Canada a accueilli 6,7 M immigrants, mais en a perdu presque 6,3 M à l’émigration, essentiellement vers les États-Unis. La population du Canada à cette date était de 12 M ; celle des ÉU de 133 M.

Sur les traces de Maximum Canada et One Billion Americans

On parle souvent du Canada comme un pays d’immigration, mais dans les faits, pour la plus claire partie de notre histoire (de la colonie jusqu’après la confédération), notre pays se trouve en déficit migratoire quasi perpétuel. Pour atteindre les niveaux qui avaient cours durant la quinzaine d’années du gouvernement Laurier, des niveaux qui auront essentiellement permis au Canada d’avoir un semblant de pays peuplé, il faudrait accueillir plus de 1,75 M immigrants par années (le niveau est d’environ 300 000 maintenant). Dans la province, le seuil discuté est entre 50 et 75 milles… par an. La vision de Laurier était pour un pays de 40M en 1920 ; un siècle plus tard, il n’est pas atteint (38 M).

Alors, pourquoi un Canada de 100 M est-il nécessaire ? Simplement dit, c’est ce qu’il faut pour une société civile épanouie dans un état moderne, pour permettre à nos citoyens de vivre pleinement, sans devoir s’exiler dès qu’un projet demande un vrai capital ou du financement, un marché, une masse critique pour créer une dynamique viable, un bassin intellectuel pour excellé sur un plan artistique ou littéraire, dans un domaine de pointe, de la recherche scientifique, technique ou académique.

Lire Maximum Canada de Doug Saunders, c’est (re) découvrir qu’on a besoin des autres encore plus qu’on pouvait l’imaginer, et ça, c’est une excellente chose. Je ne peux pas passer sous silence deux ouvrages mentionnés qui me semblent essentiels : Clearing the Plains—Disease, Politics of Starvation, and the Loss of Indigenous Life et sur un tout autre thème, Making a Global City—How One Toronto School Embraced Diversity. Ils semblent pouvoir fournir plusieurs morceaux au puzzle de l’histoire canadienne.

Si le livre de Matt Yglesias embrasse essentiellement les mêmes thèmes, il ne faudrait pas s’en surprendre, puisque l’auteur rend hommage à Saunders. Mais dans son cas, nul besoin vraiment de refaire l’histoire de son pays, puisque les États-Unis ont toujours été un pays d’immigration. Alors la question devient, en ce nouveau siècle, est-il nécessaire de continuer dans ce sens, et même d’atteindre la marque du milliard ? On ne sera pas surpris d’apprendre que la réponse est affirmative et que le plaisir pour le lecteur est dans la manière plutôt sophistiqué d’y répondre. À lire ensemble pour maximiser le plaisir !

Tags Maximum Canada, One Billion Americans, Doug Saunders, Matthew Yglesias, Population

Plus jamais

July 31, 2022 John Voisine
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Evicted—Poverty and Profit in the American City. Matthew Desmond, Broadway Books (Penguin Random House), 2016, 422 pages.

The Rent is Too Damn High—What to do About It, and Why It Matters More Than You Think. Matthew Yglesias, Simon & Schuster, 2012, 68 pages.

Evicted fait partie de cette grande famille d’ouvrages basés sur la capacité d’un auteur à se fondre et à observer, durant une certaine période et dans des circonstances données, la vie d’un groupe de gens spécifique ou hétéroclite. Dans un genre légèrement différent, mais sur les mêmes thèmes, on pourra penser à How the Other Half Lives, il y a plus d’un siècle, ou plus récemment, quelque chose comme le livre que nous avons revu la semaine dernière, Golden Gates. Pour la similarité de la démarche et des circonstances, l’auteur cite un ouvrage que je remarque de plus en plus cité dans ce que je lis, Tally’s Corner, et que j’ai bien hâte de lire moi-même. Toujours est-il, peu importe les comparaisons et les parallèles qui peuvent naturellement venir à l’esprit, Monsieur Matthew Desmond a simplement, avec Evicted, fait un travail qui demeurera longtemps unique et essentiel en lui-même.

En ayant réussi à se placer à la fois comme observateur et parfois, immanquablement, comme participant dans l’existence des gens qui sont dans le champ d’études de son travail, Monsieur Desmond se trouve à dépeindre leurs vies de la façon la plus nue et dépouillée qui soient. Ce sont là autant de vies qui, d’un côté, sont broyées par la machine des évictions et de l’autre, la vie des gens qui manipulent et mettent en marche cette machine. En incorporant, sur une période d’un peu plus d’un an, le quotidien et les relations de quelques familles de locataires et de leurs propriétaires du «North Side» de Milwaukee (principalement Noires), ainsi que de quelques ménages, du gestionnaire et du propriétaire d’un trailer park de l’autre côté de la ville (essentiellement Blancs), l’auteur fait le tour des réalités de tous ceux qui n’ont qu’un strict minimum (si même ça) pour se loger et des gens qui gagnent (très confortablement) leurs vies à fournir ces accommodations (logements, appartements, maisons, maisons mobiles).

Bien entendu, depuis les changements fondamentaux survenus avec la révolution industrielle, ce type de logement hautement profitable pour les propriétaires (de vrais slumlord) existe. Mais Evicted fait aussi la lumière sur un nouveau phénomène important.

Sur les traces d’Evicted + The Rent is Too Damn High

Et ce nouveau phénomène, son ampleur surtout, est bien entendu défini par le titre de l’ouvrage. En effet, comme le démontre l’auteur, parmi toutes les autres révélations et observation qu’il est possible de tirer d’un tel travail, non seulement l’utilisation de l’éviction comme arme de pression ou de «négociation» par les propriétaires est-elle chose courante, mais aussi l’éviction réelle, avec tout ce que cela entraîne comme chaos, est-il de plus en plus utilisée sans gêne comme outil de gestion, et ceci sur une échelle qui n’avait pas de précédent jusqu’à récemment. Les propriétaires ont clairement gagné sur leurs locataires et seul un assouplissement de l’offre sera en mesure de ramener un semblant d’équilibre.

Ce retour à une certaine forme d’équilibre est justement le propos de l’opuscule de Monsieur Matthew (Matt) Yglesias dans The Rent is Too Damn High. Son court texte de 2012 est justement basé sur le parti politique du même nom, qui connut ses heures de gloire dans l’état de New York. Matt était un blogueur bien connu avant de devenir un des fondateurs de Vox et maintenant évolue de manière indépendante avec son propre Substack, très prolifique. Avec le temps, Matt est un peu devenu un des porte-étendard du mouvement YIMBY, et ce petit volume contient d’une certaine manière un des meilleurs brefs résumés du problème (les prix insensés des loyers et du logement en général) et des solutions plausibles.

Essentiellement, il met le doigt sur la manière dont les outils légitimes de gestion des nuisances urbaines, de l’occupation (zonage, réglementation environnementale), de la qualité de l’aménagement et de la construction (implantation, lotissement, codes de construction) ont, avec le temps, été détournés (weaponize) pour servir d’instruments d’exclusion et de fermeture du marché à la faveur des seuls ménages déjà en place (incumbents) ou à très haut niveau de richesse familiale. Pourquoi ce blocage est-il aussi nuisible et contre-productif à ce moment-ci? Dans notre économie de services et du savoir, les opportunités se trouvent souvent à proximité des concentrations de richesse, des institutions d’enseignements supérieurs ou dans la mixité qui résulte d’un marché de l’habitation ouvert et flexible. Cet opuscule est un bon moyen d’ouvrir le débat*.

* Pour avoir une perspective plus proche de chez nous en la matière, je recommande aussi ces deux discussion sur la TVO. Une des entrevue est d’ailleurs avec Jenny Schuetz, dont nous avons revue le livre, The Fixer-Upper, il y a quelques semaines.

Tags Evicted, Matthew Desmond, The Rent is Too Damn High, Matthew Yglesias

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